Cinéma | CRUELLA – 14/20

Par Taibbo

De Craig Gillespie
Avec Emma Stone, Emma Thompson

Chronique : S’il lance quelques clins d’œil bien senti au dessin animé, Cruella est surtout une variation punk et ébouriffante du Diable s’habille en Prada à la délicieuse sauce british des 70’s.
De loin la meilleure déclinaison live des classiques Disney, ce prequel audacieux des 101 Dalmatiens s’appuie sur une bande son rock & funk absolument géniale, invoquant en vrac Bowie, Queen, The Doors, The Clash, Tina Turner, Blondie et j’en passe.
Ces musiques culte rythment un scénario plus transgressif (toute proportion gardée) que les premières minutes pourraient nous laisser croire. Cruella commence en effet comme une origin story toute Disneyienne, (la perte des parents, la culpabilité…) , mais au lieu d’aller doucement vers un happy end traditionnel, le film vire au revenge movie, un affrontement chic et vicelard au ton assez dark mais aux couleurs chatoyantes.
Dès son annonce, le casting d’Emma Stone en Cruella avait tout de l’évidence. Une évidence confirmée à l’écran. Son énergie, sa voix, son allure, tout en elle respire Cruella. Son duel extravaguant par créations interposées avec Emma Thomson est savoureux et constituent l’atout numéro 1 de ce prequel. Elles s’éclatent à s’envoyer des piques vachardes et à jouer à qui sera la plus mauvaise, et ça se voit. Pour ne rien gâcher, la mise en scène est enlevée, évidemment rythmée par la monstrueuse BO, mais aussi pleine d’idées et de mouvements de caméra inspirés. Le cœur du film consacré à la mode et à l’affirmation de Cruella en tant que créatrice est particulièrement emballant, nous offrant quelques scènes de « reveal » que ne renierait pas RuPaul (omg la benne à ordure).
Si l’intrigue est forcément moins audacieuse sur la fin, elle réserve néanmoins quelques surprises et s’avère très correcte pour un tel projet (généralement bien plus paresseux).
On peut certes s’interroger sur l’intérêt d’humaniser les grands méchants de notre enfance, mais pourquoi pas finalement lorsque c’est bien fait (Joker était bien plus problématique). Emma Stone donne du relief, un passé et une histoire à Cruella, un destin qui n’est pas contradictoire avec ce qu’on connait d’elle. On aurait même presque envie d’en savoir plus…

Synopsis : Londres, années 70, en plein mouvement punk rock. Escroc pleine de talent, Estella est résolue à se faire un nom dans le milieu de la mode. Elle se lie d’amitié avec deux jeunes vauriens qui apprécient ses compétences d’arnaqueuse et mène avec eux une existence criminelle dans les rues de Londres. Un jour, ses créations se font remarquer par la baronne von Hellman, une grande figure de la mode, terriblement chic et horriblement snob. Mais leur relation va déclencher une série de révélations qui amèneront Estella à se laisser envahir par sa part sombre, au point de donner naissance à l’impitoyable Cruella, une brillante jeune femme assoiffée de mode et de vengeance …