Un Espion Ordinaire (2021) de Dominic Cooke

Après "Sur la Plage de Chesnil" (2017), nouveau film de Dominic Cooke dont c'est seulement le second long métrage après une longue et riche carrière comme metteur en scène de théâtre. Après le drame classique, le cinéaste s'intéresse cette fois au film d'espionnage en nous plongeant dans les coulisses de l'affaire du transfuge "potentiel" Oleg Penkovsky (Tout savoir ICI !) qui aura pu transmettre des documents officiels sur la force nucléaire soviétique via un "agent neutre" Greville Wynne (Tout savoir ICI !) peu de temps avant la crise des missiles de Cuba (Tout savoir ICI !). Le scénario est signé de Tom O'Connor connu pour avoir écrit le script du film "Hitman and Bodyguard" (2017) de Patrick Hughes, et en attendant le film prochain sur un certain sénateur américain "McCarthy" (2021) de Vaclav Marhoul... 1960, un colonel soviétique entre en contact avec les autorités britanniques via leur ambassade à Moscou. Pour approfondir ce contact le MI6 et la CIA collaborent et décident de recruter un homme d'affaire sans expérience de servir d'intermédiaire. Sa mission, juste transmettre des documents sans savoir réellement le fond de l'affaire. Tandis que le colonel et l'homme d'affaire se rencontrent souvent avec un maximum de précautions, les documents remis démontreraient que les russes n'ont pas la puissance nucléaire qu'ils annoncent fièrement. Mais quand la menace des missiles de Cuba arrivent la situation devient plus risquée...

Un Espion Ordinaire (2021) de Dominic Cooke

L'intermédiaire Greville Wynne est incarné par Benedict Cumberbatch qui a déjà abordé l'espionnage dans (2011) de Tomas Alfredson et dans "Imitation Game" (2015) de Morten Tyldum, et vu dernièrement dans (2019) de Sam Mendes en attendant "The Mauritanian" (2021) de Kevin MacDonald. Le traître soviétique Oleg Penkovsky est incarné par Merab Ninidze qui a également abordé le genre dans "Le Pont des Espions" (2015) de Steven Spielberg, et vu récemment dans "La Lune de Jupiter" (2017) de Kornel Mundruczo et "Sans Aucun Remords" (2021) de Stefano Sollima. L'épouse Wynne est interprétée par Jessie Buckley révélation de (2018) de Tom Harper et vue dans (2019) de Rupert Goold et "Miss Revolution" (2020) de Philippa Lowthorpe. Les responsables du MI6 et de la CIA sont respectivement joués par Zejko Ivanek vu autre dans "Hannibal" (2001) de Ridley Scott, "Dogville" (2003) de Lars Von Trier et récemment dans "Three Billboards" (2017) de Martin McDonagh, puis Rachel Brosnahan révélation du film d'horreur "Unborn" (2009) de David S. Goyer vue depuis dans "Sublimes Créatures" (2013) de Richard LaGravanese, "Back Home" (2015) de Joachim Trier ou "The Finest Hours" (2016) de Craig Gillepsie. Citons encore Maria Mironova connue en France pour "La Noce" (2000) et "Un Nouveau Russe" (2002) tous deux de Pavel Lounguine... Le film se positionne donc comme un film d'espionnage réaliste, hors 007 et plus façon John Le Carré. parmi les musts du genre, on peut citer par exemple "L'Espion qui venait du Froid" (1965) de Martin Ritt, "La Lettre du Kremlin" (1970) de John Huston, "Le Serpent" (1973) de Henri Verneuil, "L'Affaire Farewell" (2009) de Christian Carion, puis et "Le Pont des Espions" sus-cités. Le film débute avec des encarts pour bien ancrer le film dans "tiré d'une histoire vraie" et pose effectivement d'emblée comme un film doté d'un scénario hyper documenté, réaliste et vraisemblable, assez en tous cas pour rester particulièrement intéressant et fidèle aux événements. Sans esbroufe d'aucune sorte le réalisateur s'attache à suivre à la lettre un scénario cousu de fil blanc mais avec cette petite tension qui monte soudain quand on arrive dans la dernière demi-heure.

Un Espion Ordinaire (2021) de Dominic Cooke

Le cahier des charges du genre est bien suivi, trop peut-être car la première heure est sans surprise et repose essentiellement sur des moments clés où le colonel russe et l'homme d'affaire britannique s'échangent des politesses et où chacun tente d'assumer son rôle dans une secret pesant. Sur cette partie l'excellente osmose entre les deux acteurs principaux est un atout important. Mais le film est en fait un résumé très simpliste d'une affaire bien plus complexe. Ainsi le scénario se focalise sur la relation entre Wynne et Penkovsky, une relation qui semble privilégiée, démontre une alliance CIA-MI6 plutôt bonne sans qu'aucun ne se méfie plus que ça du colonel russe jusqu'à clairement affirmer que le russe a sauvé le monde lors de la Crise de Cuba ! Mais en fait, le film occulte le fait que la CIA se méfiait beaucoup du colonel, que les documents transmis étaient pour la plupart sans grande importance et encore moins pour Cuba, tandis que le colonel étaient également en contact avec d'autres espions britanniques qui vont également être condamné, le couple Janet et Ruari Chisholm qui ne sont même pas évoqués au détour d'une phrase. On passera sur le fait que certains spécialistes avancent même que ce colonel aurait été un leurre des soviétiques ! Ces "omissions" peuvent paraître comme de simples détails mais elles sont pourtant nécessaires si on veut vraiment comprendre les méandres d'une telle affaire. Ici, le film n'est qu'un raccourci divertissant, très bien interprété, qui a le mérite de raconter un fait méconnu mais quand on connaît un peu l'affaire et le contexte géo-politique des années 1960-1962 on reste sur notre faim.

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