LOKI (Critique Mini-Série Épisode 1×06) Un début très prometteur …

Par Cliffhanger @cliffhangertwit
ATTENTION SPOILERS : 
Cet article révèle certains rebondissements
et nous vous conseillons sa lecture
après le visionnage de l'épisode

La contribution de Kenneth Branagh au MCU ( Marvel Cinematic Universe) a sans douté été sous-estimée. Quand il caste deux acteurs inconnus dans les deux rôles principaux de son Thor, il va non seulement changer leur destin mais en faire des piliers de l'ensemble de la franchise jusqu'à aujourd'hui. Le rôle de Loki, Dieu de la malice est devenu indissociable de Tom Hiddleston à l'image de celui d' Iron-Man pour Robert Downey Jr ou jadis celui de James Bond pour Sean Connery. D'abord vilain dans Thor et Avengers il est devenu au fil du temps un anti-héros que l'acteur a modelé à son image. Pour la première fois de sa très longue vie, Loki d'Asgard, est peut-être totalement dépassé - et c'est sans doute le point de départ idéal pour le retrouver. Avec ce premier épisode de sa série Disney +, ses concepteurs menés par le scénariste-showrunner Michael Waldron, connu pour son travail sur Rick et Morty, dépouille Loki de ce ses attributs habituels, le laissant avec pour seule arme sa malice et son intelligence. Cet épisode épluchent donc une à une les couches du personnage pour mieux le rebâtir tout en élargissant le MCU et sa mythologie de manière significative. En entrant dans une ère post-Avengers: Endgame, Marvel Studios se retrouve pour la première fois depuis une décennie face à un canevas vierge, les Pierres d'Infinité autour desquelles orbitaient les trois premières phases de son méta-récit ont été détruites, Thanos le vilain ultime dont l'ombre planait depuis la scène post-générique d'Avengers a été neutralisé. Plus encore, plus que WandaVision ou Falcon et le Winter Soldier, Loki semble nous donner le premier aperçu de la prochaine menace globale du MCU. Dans ce premier épisode riche en exposition, la série utilise ce que nous savons du MCU pour bâtir des enjeux extrêmes, avec une scène particulièrement efficace qui combine humour et impact émotionnel. C'est une révélation majeure pour Loki et pour le public de la véritable ampleur du MCU et de dimensions qui vont bien au-delà de ce que nous avons pu voir auparavant (l'implication de Michael Waldron dans cette série et dans le futur Doctor Strange in the Multiverse of Madness de Sam Raimi n'est sans doute pas fortuite) et la performance de Tom Hiddleston nous en fait ressentir son impact.

La série introduit la Time Variance Authority (ou TVA), une organisation qui a pour charge de surveiller et protéger la chronologie de l'univers Marvel, apparue dans les comics (qui reste n'en déplaise aux grincheux la source dans laquelle les têtes pensantes du MCU puisent leurs concepts) durant le run légendaire du scénariste-dessinateur Walter Simonson sur The Mighty Thor et constituait dans les pages des comics à la fois un hommage à Judge Dredd (les minutemen s'inspirant ouvertement des juges de Mega -City One) et au scénariste- éditeur Mark Gruenwald réputé pour sa passion pour la continuité Marvel. Ainsi dans les comics, les membres de l'administration de la TVA étaient des clones de Gruenwald. Simonson quand il prendra les rênes du titre Fantastic Four en 1996 va utiliser à nouveau la TVA et créer le personnage de Mobius, toujours sosie de Gruenwald un bureaucrate de la TVA chargé de punir les Quatre Fantastiques pour violation des lois du temps. Sans doute Mark Gruenwald décédé brutalement en 1996, immense fan tout autant que scénariste (à sa mort ses cendres furent dispersées dans l'encre d'un recueil de sa mini-série Squadron Supreme) serait ravi de voir son influence sur les séries Marvel Studios après que sa plus célèbre création John Walker, l'USAgent ait déjà eu les honneurs de la série Falcon et le Winter Soldier. Cela dit, Loki n'est pas là que pour poser les bases pour le prochain grand événement MCU. En l'éloignant du monde qu'il connaît, la série l'oblige à se confronter à ses propres méthodes et ses motivations. Cette version de Loki a été enlevé à la suite de son évasion dans Avengers Endgame c'est donc une version qui date de l'époque du premier Avengers et n'a donc pas vécu les évènements de Thor : Le Monde des Ténèbres et Thor : Ragnarok, ni sa mort des mains de Thanos dans Avengers : Infinity War. L'épisode est essentiellement la réaction de Loki face à une une vidéo de ses plus grands succès, mais Tom Hiddleston vend les émotions de son personnage, faisant en sorte que ce résumé soit utile au développement du personnage. Car Loki est de manière surprenante une vraie étude de caractère qui va très loin dans la psychologie du personnage soutenu par une très belle performance de Hiddleston, qui apporte au personnage autant de pathétique que d'arrogance. Le comédien britannique qui incarne et modèle ce personnage depuis dix ans est clairement impliqué dans son évolution et on retrouve cette implication ici à travers une interprétation, tout aussi nuancée - sinon plus - que ses précédentes apparitions dans le MCU. Comme il l'a fait à de nombreuses reprises, si il ne fait pas du Dieu de la malice une bonne personne, il pousse le spectateur à s'attacher à lui.

Ce premier épisode est léger en action mais on ne s'y ennuie jamais grâce à un rythme soutenu, un humour permanent et à l'alchimie qui semble s'établir entre Loki et l'agent Mobius incarné par Owen Wilson. Avec Mobius, auquel Wilson donne une personnalité immédiatement sympathique, Loki semble avoir rencontré son égal dans la manipulation. Mobius - un être transdimentionnel qui se soucie profondément de bien faire son travail et de protéger le continuum espace-temps - agit comme un contrepoint intéressant et différent pour Loki, leur joute verbale au cœur de l'épisode est intelligemment écrite et jouée de manière experte, permettant aux deux personnages d'établir leur relation et d'introduire l'univers de la série d'une manière amusante et organique. Il y a dans la dynamique entre les deux personnages, plus encore que dans Falcon et le Winter Soldier, des aspects de buddy-movie, deux personnages très différents que les évènements contraignent de collaborer. La fin de l'épisode introduit la menace qui pousse Mobius à rechercher l'assistance de Loki, un autre variant qui tue les membres de la TVA et menace l'intégrité du continuum espace-temps. La nature de cet antagoniste ouvre des perspectives passionnantes pour la suite de la série. Visuellement Kate Herron ( Sex Academy et Daybreak sur Netflix) confère à Loki plus encore que les précédentes séries du studio un cachet cinématographique , sans doute à cause des implications cosmiques de la série. La direction artistique de Kasra Farahani fait du siège de la TVA un enfer bureaucratique, rétro-futuriste clairement inspiré par le Brazil de Terry Gilliam et participe vraiment à la narration. Son univers visuel, ses performances et son rythme aident Loki à trouver rapidement, dés ce premier épisode, sa propre voix avec assurance.

Crédits: Disney +