Un Prince à New-York 2 (2021) de Craig Brewer

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Plus de 20 ans après, voici la suite du succès des eighties "Un Prince à New-York" (1988) de John Landis avec Eddie Murphy qui reprend son rôle de roi de Zamunda. La star est un peu au ralenti depuis quelques années, voir même has been malgré un accueil enthousiaste pour le récent "Dolemite is my Name" (2019) de Craig Brewer ce qui a sans doute poussé l'acteur à y croire un peu. Une fois n'est pas coutume, à l'instar d'un Will Smith (autre has been) et ses à répétition, l'acteur espère un retour via une énième suite. Ainsi sort des limbes la suite du Prince, en attendant un "Le Flic de Beverly Hills 4" dans les cartons ! Ainsi, d'après une idée de Eddie Murphy, cette suite est réalisée par Craig Brewer (exit donc John Landis) et retrouve ses deux scénaristes du premier avec David Sheffield et Barry W. Blaustein qui ont également signé les comédies "Foldingues" (1996-2000) avec Eddie Murphy. Un troisième scénariste s'est attaché au projet, Kenya Harris qui a surtout travaillé sur des séries TV et sur le film "Shaft" (2019) de Tim Story (avec Samuel L. Jackson en star après avoir été un petit rôle dans "Un Prince à New-York" en 1988). Vu la pandémie du Covid, le film a été diffusé sur Amazon Prime, où il est devenu le plus gros succès de la plateforme depuis début 2020... 30 ans après, le royaume du Zamunda est un pays luxuriant et heureux, mais cette fois le roi Akeem doit penser à sa succession comme jadis son père. Malheureusement il a 3 filles et c'est un prince masculin qui doit monter sur le trône. Cela devient urgent car l'ennemi voisin veut imposer une paix via un mariage. C'est alors que Akeem apprend qu'il a un fils à New-York. Akeem et son fidèle Semmi se lancent donc dans un nouveau voyage à New-York pour retrouver ce fils caché et en faire le prince héritier, au grand dam de la fille aînée qui espérait toujours pouvoir devenir l'héritière du royaume...

Sans surprise Eddie Murphy reprend son rôle après des années 80-90 à succès et un déclin dans les années 2000 avec des titres oubliables comme "Pluto Nash" (2002) de Ron Underwood ou "Norbit" (2007) de Brian Robbins même si on peut citer le très bon "Dreamgirls" (2006) de Bill Condon pour un second rôle. On retrouve à ses côtés la plupart des acteurs du premier de Arsenio Hall alias Semmi à la reine Shari Headley en passant par le roi James Earl Jones (90 ans !) qui n'avait pas tourné depuis "Deuxième Chance à Broolyn" (2014) de Phil Alden Robinson, puis le beau-père John Amos pas vu depuis "Bad Asses on the Bayou" (2015) de Craig Moss, puis citons la prétendante répudiée Vanessa Bell Calloway pour un caméo après l'avoir vue dans (2019) de Kasi Lemmons. Les filles royales sont interprétées par la toute jeune Akiley Love dans son premier rôle, Bella Murphy fille de la star également dans son premier rôle, puis l'aînée Kiki Layne déjà remarquée dans "Si Beale Street pouvait parler" (2018) de Barry Jenkins et "Captive State" (2019) de Rupert Wyatt. Parmi les nouveaux venus le fils prodigue joué par Jermaine Fowler aperçu dans le très bon "Judas and the Black Messiah" (2021) de Shaka King, sa maman est jouée par Leslie Jones humoriste issue du "Saturday Night Live" (2014-2019) comme auparavant Eddie Murphy et vue récemment dans "S.O.S. Fantômes" (2016) de Paul Feig, un autre acolyte du SNL (1966-2003) Tracy Morgan joue l'oncle new-yorkais, vu dans plusieurs comédies dont "Jay et Bob contre-attaquent" (2001) et (2010) tous deux de Kevin Smith. Puis le grand méchant voisin est incarné par Wesley Snipes, star du film d'action des années 80-90 comme son ami Eddie Murphy qu'il retrouve justement après "Dolemite is my Name". Et enfin, citons tout de même le caméo de Morgan Freeman dont on attend (toujours cause Covid) "Arnaque à Hollywood" (2021) de George Gallo...

Le film débute plutôt sympathiquement avec le parallèle inter-générationnel, le protocole évolutif (ou non), et l'effort de reprendre la plupart des acteurs originels pour leur personnage est une vraie valeur ajoutée. Les deux paramètres qui changent littéralement la physionomie résident en deux points : la place de la femme, et l'importance de la musique. Sur ce premier point le sexisme de 1988 a disparu, pas surpris #MeToo et consorts ont forcé la main depuis déjà 4-5 ans. Plus une once de danse sexy ou de gags plus ou moins machistes. Sur le second point, la musique est devenu si importante qu'il n'aurait pas fallu grand chose pour aller jusqu'à la comédie musicale. Pas mal, encore faut-il apprécier le rap et autre hiphop très ricains. Le film a un goût de Black Lives Matter et/ou Black Panther qui n'était pas là en 88, le film donc est en filigrane plus politiquement correct sans pour autant en faire son cheval de bataille (tant mieux !). Le film reste focaliser sur sa base, à savoir une comédie familiale avec sa morale et ses bons sentiments. On aborde des sujets aussi variés que convenus, des convenances à ce qu'on transmet à ses enfants en passant par l'amour of course et que l'argent ne fait pas le bonheur (surtout quand on est roi !)... etc... Rien de méchant donc, c'est plutôt divertissant en remplissant bien le cahier des charges sans audace pour ne pas risquer de froisser qui que ce soit. On passera sur les rôles multiples du duo Murphy-Hall, qui apporte encore moins que dans le premier. Par contre on n'est pas insensible à l'autodérision de Wesley Snipes, au charisme intact de James Earl Jones ou au panache de la princesse Kiki Layne. Une suite générationnelle qui a permis par exemple au fiston de voir le premier avant ce qui n'est pas une si mauvaise chose. Une comédie familiale qui fait le job, de façon bien inoffensive.

Pour info bonus, Note de mon fils de 12 ans :