Geneviève de Brabant

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Artus Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Geneviève de Brabant » de José Luis Monter.

« Cela me coûtera peut-être de nombreuses années de guerre mais quand il sera rétabli je laisserai le Conte Sigfried quitter librement notre château pour retrouver les siens »

Au XIIe siècle, dans le duché de Brabant, le comte palatin Siegfried de Trevire part pour les Croisades, laissant son épouse Geneviève et son fils aux soins de l’intendant Golo. Ce dernier se voit refuser ses avances et emprisonne la malheureuse. Geneviève parvient à s’enfuir et se réfugie dans la forêt, parmi les loups. Elle et son enfant vont y rester cachés, attendant le retour du comte.

« Ils ne pensent qu’à festoyer et à danser. Et finis les pillages qui nous apportaient richesses et nous faisaient craindre de nos ennemis »

Légende médiévale populaire, l’histoire de « Geneviève de Brabant » aura inspiré les conteurs de tout temps. Elle fit ainsi l’objet de romans (notamment par Arnaud Berquin et José Germain), de pièces de théâtre (par Madame de Staël notamment), d’opéras (Robert Schumann, Jacques Offenbach ou encore Erik Satie) et même de films, notamment en Italie où cette histoire demeure très populaire. Dernière version en date, une intrigante coproduction italo-espagnole de 1964 dont la paternité exacte pose question. En effet, attribuée à José Luis Monter, obscur réalisateur espagnol auteur de trois petits films seulement, la réalisation pourrait avoir été assurée par Riccardo Freda, grande et prolifique figure du cinéma populaire italien de l’après-guerre (on lui doit notamment une excellente version des « Misérables », « L’évadé du bagne », une première version de « Spartacus » ou encore « Le fils de D’Artagnan » qui inspira une fausse suite à Bertrand Tavernier) et qui est ici crédité en tant que scénariste.

« Tous les hommes ne sont pas bons. Mais ton père, si. »

« Geneviève de Brabant », c’est d’abord une histoire d’amour impossible entre le Conte Sigfried et la fille de son ennemi juré le Conte de Brabant, Geneviève. Mais c’est aussi l’histoire d’une déchéance : tandis que le Conte Siegfried est appelé à prendre part aux croisades, son épouse Geneviève sera injustement bafouée et déchue (après avoir été laissée pour morte) par l’autoritaire et cruel régent Golo. Un postulat qui donne lieu à un étonnant film de cape et d’épée qui détonne dans le paysage cinématographique de son époque par sa violence assez crue (le chevalier loyaliste qu’on jette par dessus le pont, le coup de hache fatal dans la tête du protecteur de Geneviève, la longue et bruyante scène de torture de sa dame de compagnie qui basculera dans la folie...) ainsi que par sa dimension paranoïaque et cruelle (le canadien Stephen Forsyth campe un méchant démoniaque tout à fait convaincant). Reste que le film manque un peu de souffle (les scènes de combat sont un peu fades et pas assez spectaculaires), se perdant dans son dernier tiers dans des considérations d’ordre mystique un peu désuètes (Geneviève dans sa grotte avec sa biche et son fils). Si on ajoute à cela quelques incohérences formelles (les plateaux arides espagnols qui servent de décor à une intrigue censée se passer entre les Flandres et l’Allemagne), il en ressort un film sympathique mais qui laisse un petit goût d’inachevé.

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Le DVD : Le film est présenté en version originale italienne (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’un diaporama d’affiches et de photos du film ainsi que d’un livret de 24 pages par François Amy de la Bretèque.

Édité par Artus Films, « Geneviève de Brabant » est disponible en DVD depuis le 4 mai 2021.

Le site Internet de Artus Films est ici. Sa page Facebook est ici.