Apocalypse 2024

Un grand merci à Artus Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Apocalypse 2024 » de L.Q. Jones.

Apocalypse_2024

« Parfois tu es aussi primitif qu’un vagabond ! »

Sept ans après la guerre mondiale de 2017, la Terre est ravagée. Les quelques survivants errent dans des déserts, se battant pour les restes de l’ancien monde. Vic tente de survivre en compagnie de son chien, Prof, qui a le don de télépathie avec son maître. Toujours en quête de nourriture, armes, ou carburant, ils vont découvrir le monde souterrain qui abrite encore une civilisation. En fait, une oligarchie richissime qui profite du monde extérieur.

« On va partir à la recherche de la Terre promise, mais d’abord il faut que je baise ! »

Apocalypse_2024_Don_Johnson

Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, les tensions grandissantes de la Guerre froide - exacerbées par la Guerre de Corée, la crise de Cuba et la propagande - ont généré la peur inédite d’une apocalypse nucléaire. Dans la fiction, et plus précisément au cinéma, cela a d’abord donné lieu à des films noirs dont les enjeux dramatiques étaient liés au contrôle de la bombe nucléaire (« Le vol du secret de l’atome », « En quatrième vitesse », « Le port de la drogue », voire « Aux postes de combat ») avant d’évoluer de plus en plus vers des films de science-fiction dystopiques (« La planète des singes », « Soleil vert »...). C’est dans ce contexte que L. Q. Jones - sosie officieux de Hugues Auffray et acteur de second plan vu dans quantité de westerns et notamment chez Sam Peckinpah - se lance dans ce qui sera son unique réalisation, « Apocalypse 2024 ».

« J’ai peur que tu ne reviennes pas. Je t’attendrai quelques temps. Et si tu ne reviens pas je t’attendrai dans l’au-delà »

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Film de science-fiction adapté du roman « A boy and his dog » du prolifique Harlan Ellison, « Apocalypse 2024 » prend pour décor un monde dystopique ravagé par les guerres nucléaires successives. Réduit à l’état d’un immense désert, livré à l’anarchie la plus totale, le monde n’est désormais plus peuplé que des grappes d’êtres vivants errants à la recherche de rares ressources (nourriture, femmes) et s’affrontant sauvagement pour assurer leur survie. On y suit plus particulièrement les tribulations d’un jeune homme et de son chien qui parle (à moins que ce ne soit le héros qui ait basculé dans la folie, ce que le réalisateur se gardera bien de préciser !) à travers ce monde hostile. En soi, le sujet même d’un monde post-apocalyptique n’avait rien de nouveau. Mais toute l’originalité du film de L.Q. Jones réside dans le parti pris de présenter cette situation sous un angle volontiers cynique qui dénote avec les visions plus romantiques ou du moins romanesques qui prévalaient jusqu’à alors (« Le dernier rivage », « L’âge de cristal »). En effet, en l’absence de tout cadre légal et civilisationnel, l’Homme y est ici réduit à ses besoins les plus bassement basiques (manger et copuler), ce qui le mènera à se conduire comme un animal brutal et immoral. Un univers d’une violence totale mais qui, au final, ne vaut pas mieux que la société souterraine « idéale » (et qui ressemble quand même pas mal aux États-Unis), monde parallèle aux mains de pseudo-religieux, d’apparence plus civilisée mais qui se révèle au final toute aussi violente et étouffante que le monde de la surface. S’il se livre à une satire sociale bien mordante, le réalisateur n’en n’oublie pas pour autant de ponctuer son film de séquences d’action efficaces (notamment une fusillade très « westernienne » dans un ravin) et violentes (une décapante séance de viol en ouverture), pour se finir sur une incroyable touche d’humour noir qui donne à cet « Apocalypse 2024 » sa tonalité gentiment immorale, à la fois faussement misogyne (l’Homme ne peut pas vivre dans mon sans femmes mais ne peut pas vivre avec non plus) et franchement individualiste. Une série B ironique à la fois très kitsch, décalée et totalement jouissive.

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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un Master Haute-définition et proposé en version originale américaine (2.0) et française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, cette riche édition contient un entretien avec L.Q. Jones et Harlan Ellison (51 min.), « Anticipation 2024 : Un garçon, son chien et l’apocalypse » présentation du film par Christian Lucas et Stéphane Derderian (24 min.), un diaporama d’affiches et photos (2 min.) ainsi qu’une Bande-annonce originale.

Édité par Artus Films, « Apocalypse 2024 » est disponible en combo blu-ray + DVD (édition limitée à 1000 exemplaires) depuis le 4 mai 2021.

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