Villa Caprice (2021) de Bernard Stora

Nouveau film de Bernard Stora, réalisateur-scénariste expérimenté surtout vu à la télévision malgré quelques longs métrages comme "Vent de Panique" (1987), "Consentement Mutuel" (1994) ou "Un Dérangement Considérable" (2000). Mais le projet est une idée de Pascale Robert-Diard, chroniqueuse judiciaire qui s'est fortement inspirée du suicide médiatique du célèbre avocat Olivier Metzer, en imaginant tout un spectre de pouvoir et d'influence. Le réalisateur précise : "Comment un homme au faîtes de sa carrière, riche, influent, en venait, sans que rien ne le laisse prévoir, à metre fin à ses jours ?" ... Le cinéaste et l'auteure co-signent le scénario avec une troisième personne, Sonia Moyersoen qui avait déjà collaboré avec le réalisateur sur le téléfilm "La Dernière Campagne" (2013)... Luc Germon est un des meilleurs avocats du pays, mais il n'est pas pour autant insensible au fait que l'un des plus grands patrons de France le choisit pour prendre sa défense dans une affaire. Gilles Fontaine, grand patron, aurait en effet acquis de manière douteuse une magnifique propriété la Villa Caprice. Bizarrement, alors qu'ils devraient s'entraider, les deux hommes vont instaurer une relation vénéneuse où l'orgueil semble plus fort que tout...

Villa Caprice (2021) de Bernard Stora

L'avocat est incarné par Niels Arestrup vu récemment dans "Au-Revoir Là-Haut" (2017) de Albert Dupontel et "At Eternity's Gate" (2018) de Julian Schnabel et qui retrouve le réalisateur après le téléfilm "La Grande Dune" (1991). Le grand patron est incarné par Patrick Bruel (qui accepta la rôle pour avoir le plaisir de faire face à Arestrup) dont les derniers films sont (2019) de Amanda Sthers et "Le Meilleur reste à Venir" (2019) du duo Delaporte-La Patellière. La femme du patron est interprétée par Irène Jacob vue récemment dans "Eternité" (2016) de Tran Anh Hung et "À Cause des Filles... ?" (2019) de Pascal Thomas. Le père de l'avocat est joué par Michel Bouquet dont le dernier film est "L'Origine de la Violence" (2016) de Elie Chouraqui. Citons ensuite Sophie Verbeeck vue dans "Le Collier Rouge" (2018) de Jean Becker et (2020) de Ludovic Colbeau-Justin, Claude Perron vue dans (2018) de Bruno Podalydès et "Notre Dame" (2019) de Valérie Donzelli, Laurent Stocker vu dans (2020) de Gabriel Le Bomin et "Adieu les Cons" (2020) de Albert Dupontel, puis enfin Paul Hamy vu récemment dans "Le Dernier Voyage" (2020) de Romain Quirot et "Madame Claude" (2021) de Sylvie Verheyde... Les premières minutes imposent les deux protagonistes principaux, deux as dans leur domaine qui nous sont montrés en quelques instants dans toute leur splendeur, mais aussi dans toutes leurs différences. Ainsi le patron est-il tel un roi avec sa suite, charismatique et charmeur (manipulateur dira son avocat !) glorieux presque mais qui a perdu l'amour et le respect de son épouse, l'avocat lui vit également dans un certain luxe mais plus austère, dans une solitude presque mortifère malgré son vieux père à sa charge et une associée qui semble l'appuyer comme une amie proche.

Villa Caprice (2021) de Bernard Stora

Et n'oublions pas le troisième personnage de l'histoire, la Villa Caprice, un domaine sublime façon maison de charme et de luxe mais non ostentatoire. Ce qui apparaît d'abord comme un simple face à face entre deux hommes d'exception va s'avérer en fait une intrigue à la fois plus subtil et plus complexe. C'est un bon point car alors qu'on a l'impression que le face à face va tourner en rond un premier indice relance rouvre des hypothèses et autres supputations. D'autres révélations vont donner du rythme et mettre de la tension même si on aurait pu aller un peu plus loin sur ce dernier point. Bernard Stora explore les coulisses des pouvoirs, le grand jeu des pouvoirs dans le sens où celui qui semble indispensable n'est pas forcément celui qu'on croit. Les jeux d'influence, les trafics d'influence, abus de pouvoir, corruption passive ou active... etc... En un récit tout en faux semblants le réalisateur raconte un jeu du chat et de la souris dont les règles n'étaient pas définies au départ. En prime deux magnifiques acteurs qui se font face, un faux duel bien construit, surpenant parfois avec des dialogues ciselés qui font que ce film tient plus que ses promesses. Seul bémol donc, cette tension qui manque sans doute de force dans son évolution. Néanmoins, ce thriller judiciaro-financier est une jolie surprise. A voir.

Note : Villa Caprice (2021) Bernard StoraVilla Caprice (2021) Bernard Stora