La poudre d'escampette

Un grand merci à Coin de Mire Cinéma pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « La poudre d’escampette » de Philippe de Broca.

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« Si on se rendait ? J’ai faim moi ! »

En 1942, contraint de quitter la France occupée, Valentin, qui, en temps de paix était horticulteur, s’est installé en Afrique du Nord où il est devenu trafiquant d’armes. C’est ainsi qu’une nuit, au large de la Libye, il repêche un jeune officier anglais, Basil, dont l’avion a été abattu. De retour sur la côte, arrêtés par la police militaire italienne, Valentin et Basil réussissent à s’échapper aidés par Lorène, la femme du Consul de Suisse. Leur fuite les entraine de plus en plus loin dans le désert du Sud tandis que les deux hommes tombent amoureux de Lorène…

« J’ai quand même pas fait toutes ces études pour apporter des sandwiches à des condamnés à mort »

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Ancien assistant réalisateur pour Truffaut (sur « Les 400 coups ») et surtout pour Chabrol (sur « Le beau Serge » et « Les cousins »), gravite d’abord autour des réalisateurs de la Nouvelle Vague avant finalement de développer un cinéma plus personnel en passant lui-même à la réalisation au début des années 60. D’abord remarqué pour ses comédies sophistiquées portées par Jean-Pierre Cassel (« Les jeux de l’amour », « Un monsieur de compagnie », « L’amant de cinq jours »), ce sont surtout ses comédies d’aventures qui feront de lui une grande figure du cinéma populaire français. Mais alors qu’il enchaine les succès au cours des années 60 (« Cartouche », « L’homme de Rio », « Les tribulations d’un chinois en Chine »), il connait un passage à vide à la fin de la décennie marquée par une série de plusieurs échecs commerciaux successifs (« Le roi de cœur », « Les caprices de Marie », « Chère Louise ») et demi-succès (« Le diable par la queue »). C’est dans ce contexte qu’il réalise en 1970 « La poudre d’escampette », écrit à la base pour son acteur fétiche, Jean-Paul Belmondo, qui préfèrera finalement décliner la proposition. Produit par la filiale française de la Columbia, le film fut longtemps invisible pour des questions de droits. Plus encore qu’un inédit, c’est donc une véritable rareté que nous propose ici Coin de Mire Cinéma.

« Entre assassins, on ne va quand même pas commencer à se disputer ! »

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Un français, un anglais et une suissesse qui se perdent dans le désert. Cela aurait pu être le sujet d’une blague. Mais c’est ici le point de départ d’un grand film d’aventures prenant pour cadre la terrible Bataille d’Afrique du nord (1941-1942). Là, le destin réunira bien malgré eux trois personnages aux motivations et aux intentions diverses, chacun ayant à la base une position différente par rapport à la guerre en cours. Reste que chez De Broca, les personnages sont souvent peu enclins à se conformer aux stéréotypes habituels : le français est un contrebandier individualiste, jouisseur et un peu franc-tireur, l’anglais est plutôt lunaire, jovial et bien peu belliqueux tandis que la suissesse se révèlera finalement moins neutre et obéissante que prévue. Et malgré leurs différences, ces trois là devront unir leurs efforts pour tenter de gagner les lignes anglaises et ainsi sauver leur vie. Mais en dépit de la bonne humeur ambiante, le réalisateur perd progressivement le fil de son récit, à mesure que ses personnages s’enfonceront toujours plus loin dans le désert, hésitant constamment sur la tonalité à lui donner : comédie, film d’aventures ou romance (à trois). Un entre deux difficile à tenir et à suivre pour le spectateur. S’il ne manque pas de qualités (à commencer par son trio d’acteurs) et en dépit de quelques moments de bravoure particulièrement savoureux (les scènes dans le consulat suisse, l’attaque d’une position italienne dans le désert, la prise de l’avion allemand), le film reste souvent déroutant. A l’image de la séquence - néanmoins poétique - du repas de Noël improvisé. On en ressort avec l’impression d’avoir pris part à une balade plaisante mais sans être certain de savoir où le cinéaste voulait vraiment nous emmener. Sympathique mais pas tout à fait abouti.

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Le blu-ray : Le film est présenté en Haute-Définition, dans une version restaurée en 4K à partir du négatif image et du négatif son français par Sony Pictures Entertainment, avec le CNC et OCS. Il est proposé en version originale française (2.0). Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles.

Côté bonus, la collection « La séance » propose un formidable concept : celui de reproduire les conditions d’une véritable séance d’époque. En mode « Séance complète », le film sera ainsi précédé des authentiques actualités Pathé de la semaine de sortie du film ainsi que de publicités et bandes-annonces d’époque, le tout en HD. En mode film seul, « La poudre d’escampette » se lancera directement. Le film est également accompagné par Julien Comelli.

Édité par Coin de Mire Cinéma, « La poudre d’escampette » est disponible depuis le 9 avril 2021 dans une très belle édition Digibook, limité à 3000 exemplaires numérotés, comprenant le blu-ray + le DVD du film ainsi qu’un livret reproduisant  des documents d’époque (24 pages), 10 reproductions de photos d’exploitation (15,5 x 11,5 cm) et la reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm). Un très bel objet qui ravira tous les cinéphiles.

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