Niagara

NiagaraLe mythe pointe le bout du nez

Cette histoire de femme intrigante et dangereusement sexy fomentant le meurtre de son époux est toujours aussi captivante 70 ans après sa sortie. Les explications d’un succès devenu un mythe repose essentiellement sur deux éléments : la réalisation au travers des choix esthétiques de Henry Hathaway ; et l’éclosion de celle qui deviendra le sex symbol mondial deux ans plus tard avec « 7 ans de réflexion », Marilyn Monroe.

Henry Hathaway traite ce sujet en mode film noir tout en faisant le choix d’un Technicolor flamboyant alors qu’à l’époque pour ce genre, même aux EU, on utilisait parfois encore le noir et blanc. Il remplace alors les ombres, les clairs obscurs inhérents au genre par des couleurs saturées. Surprenant, mais dès une des premières scènes dans laquelle on découvre Marilyn allongée nue sous un drap arborant un rouge à lèvres d’un rouge incandescent tranchant avec ses jolies boucles blondes ; ce choix s’impose. Par les couleurs, le personnage de femme fatale est née et Hathaway en jouera tout le long du film au travers entre autre de robes diablement sexy et colorées portées par Marylin tranchant avec les tenues ternes des autres personnages. Hathaway nous trimballe aussi au travers des chutes et de la ville voisine pour nous en faire connaitre les moindres recoins, tel un guide ou plutôt le documentariste dans l’âme qu’il était. La structure des lieux jouera un rôle incroyable dans son final digne d’un thriller hitchcockien et l’omniprésence des chutes filmées sous tous les angles incarne la métaphore souhaitée entre les lieux et le déchainement des passions. Son histoire est dynamique et concise, il ne perd pas le spectateur en route.

Et puis dans ce film figure celle qui capte tous les regards, qui irise la pellicule, Marilyn. On ne voie qu’elle, on ne pense qu’à elle, même lorsqu’elle est hors champs ; elle qui pourtant n’est pas omniprésente durant le film ; mais elle conditionne tellement l’existence de tous les personnages. Elle créée surtout ce personnage qui lui collera aux basques de femme à la plastique de rêve apparemment ingénue mais érotique à souhait. Regardez quelques plans durant lesquels son visage de poupée innocente se transforme en une fraction de seconde en masque grave et dur de garce fatale et manipulatrice ; magnifique. Cependant le personnage central est l’autre rôle féminin tenu par Jean Peters qui plus discrète n’en est pas moins tout aussi ravissante. Quand on l’entend dire à son mari qu’elle n’a pas la beauté du personnage de Marylin, on sourit discrètement lorsqu’elle dévoile sa silhouette de mannequin en bikini. Ces deux filles que tout opposent tiennent le casting dans lequel les hommes font office de flamby.

Merci Arte de ressortir des cartons de vieux films pour le plus grand plaisir des cinéphiles… et des autres car ce film peut conquérir des non amateurs de classiques.


Sorti en 1953


Ma note: 17/20