Mon Voisin Totoro (1988) de Hayao Miyazaki

Par Seleniecinema @SelenieCinema

4ème film de Miyazaki après "Le Château de Cagliostro" (1979), "Nausicaä de la Vallée du Vent" (1984) et "Le Château dans le Ciel" (1986), le cinéaste revient avec son deuxième film siglé officiellement sous l'égide de son studio Ghibli. Un projet qui a été difficile à monter notamment en ayant pas la pleine confiance des financiers et distributeurs, puis ensuite sans avoir franchement l'appui de ses propres associés jusqu'à ce que un des co-producteurs Ghibli, Toshio Suzuki, propose de réunir ce projet avec l'adaptation du roman "Le Tombeau des Lucioles" (1967) de Akiyuki Nosaka. Mais finalement, durant le travail les deux histoires finiront bel et bien indépendant l'un de l'autre, si Miyazaki se focalise sur son film, Ghibli sortira sur la même période un autre chef d'oeuvre avec "Le Tombeau des Lucioles" (1988) de Isao Takahata ; les deux films sont produit par Toru Hara un des fondateurs de Ghibli.

Comme souvent, Miyazaki s'inspire de mythes et légendes du Japon, d'abord en associant une fillette à un monstre du Japon rural, puis il s'est inspiré d'un article de journal "Le Japon, il y a quarante ans", il a joute ensuite à son histoire la croyance du "bakeneko" où le pouvoir magique des chats âgés à se métamorphoser, puis en y injectant un peu d'autobiographie, Miyazaki ayant été éloigné de sa mère durant 3 ans après qu'elle ait contracté la tuberculose. Miyazaki décidera de rajouter une seconde fillette ensuite comme il l'explique : "Si Mei rencontrait Totoro dansle jardon, elle ne pourrait pas aller attendre son père à la descente du bus. Du coup, j'ai ajouté une autre gamine. Mais ça m'ennuyait car je tenais à ce que la rencontre ait lieu à l'arrêt de bus. En même temps, il m'était difficile d'abandonner l'idée de la fillette écarquillant les yeux devant une étrange créature qui se faufile dans l'herbe baignée de soleil." Pour terminer précisons que le terme "totoro" est tiré de la mauvaise prononciation de la fillette Mei quand elle dit "tororu" qui signifie "troll" en japonais. Et enfin, notons que le film fut à l'instar du film "Le Château dans le Ciel" (1986) le film ne sortira pas en France avant 1999 pour une première en Festival puis officiellement en salles en 2002... Ce film est le premier où Miyazaki se démarque un peu de par ses thématiques. Ici, pas de guerre ou de conflit, pas d'époque antérieure et/ou post-apocalyptique, pas de quête ou de mission, pas spécialement de message écolo.

Cette fois le but de Miyazaki est avant tout de toucher un tout jeune public et, pour se faire, imagine un conte plus linéaire et moins dense que ses précédentes oeuvres, mais pas moins émouvante ni moins originale. Les deux héroïnes font la connaissance d'êtres légendaires, des esprits de la forêt qu'elles connaissent et qu'elles ont donc aucun mal à accepter comme réelles. Comme les deux fillettes on croise donc les "noiraudes" sortes de boules de suie vivantes qu'on retrouvera dans "Le Voyage de Chihiro" (2001), on croise les totoros (le petit, le moyen et le gros) et on reste interloqué par le "chat-bus" qui lorgne énormément sur le chat d'une certaine "Alice au Pays des Merveilles". Mais alors que les fillettes nous touchent et nous amusent, on attend une intrigue qui va voir ces drôles de créatures avoir une importance ou une réelle raison d'exister dans ce récit. Les "noiraudes" sont décoratives, les deux plus petits totoros sont sous-exploités, le plus gros est une énigme mais qui ne laisse pas indifférent de par sa singularité, tandis que se sent obligé de placer le "chat-bus" parmi les créatures les plus originales du cinéma d'animation. On aurait aimé une interaction plus pregnante avec et entre les totoros par exemple. Néanmoins, Miyazaki signe une histoire qui parle directement aux enfants et surtout au quotidien "réel" du public tout en titillant l'imaginaire des enfants. Résultat, le film est un succès et va devenir tel que Totoro va devenir le personnage le plus populaire des studios Ghibli. Sans compter les produits dérivés, on peut noter l'hommage de "Toy Story 3" (2010) de Lee Unkrich où on peut voir un Totoro en peluche. Miyazaki réalisera une suite avec un court métrage "Mei et la Chaton-Bus" (2003) qui est projeté qu'au musée Ghibli au Japon.

Pour info bonus, Note de mon fils de 11 ans :