Le combat du Capitaine Newman

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Elephant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Le combat du Capitaine Newman » de David Miller.

« Ici, on a une pénurie de médecins, d’infirmières, de lits, de tout... sauf de malades ! »

Le capitaine Joseph Newman dirige le département neuropsychiatrique d’un hôpital de l’armée américaine. Il soigne de nombreux soldats victimes de traumatismes psychologiques sur le terrain. Médecin à l’éthique irréprochable, il s’interroge de plus en plus sur sa mission et le sens de sa profession en temps de guerre… 

« Ne confondez pas tristesse et dépression. On peut être heureux et avoir l’air triste. Comme vous. »

Honnête technicien et surtout véritable yes man des studios, David Miller fait partie de ces prolifiques réalisateurs de l’âge d’or hollywoodien quelque peu oubliés de nos jours. Il faut dire que sa longue filmographie, principalement dédiée aux mélodrames (« Celle de nulle part », « Le scandale Costello », « Bittersweet love »), n’aura laissée que peu de films vraiment mémorables. Tout juste retiendra-t-on ainsi « Les tigres volants » (1942), petit film de guerre mineur avec John Wayne, « La pêche au trésor » (1949), dernier film un peu poussif des Marx Brothers ou encore « Le masque arraché » (1952), un film noir assez plaisant porté par Joan Crawford et Jack Palance. Ce n’est finalement que dans sa dernière partie de carrière, à compter des années 60, que le cinéaste réalise sans doute ses films les plus marquants. En premier lieu desquels « Seuls sont les indomptés » (1962) et « Complot à Dallas » (1973). Deux films qui, par leur sujet, partagent un même esprit contestataire et laissent entrevoir une personnalité plutôt ouverte et progressiste.

« On les retape. On les remet sur pieds. Et ils peuvent repartir au front se faire tuer. »

Inspiré d’un roman de Leo Rosten, « Le combat du capitaine Newman » est une plongée en immersion au sein d’un hôpital psychiatrique militaire américain. Là, alors que la Seconde guerre mondiale fait rage, nous suivrons le quotidien d’un psychiatre humaniste et de son équipe au chevet des hommes revenus traumatisés du front. Des traumatismes dus à ce qu’ils ont vu et subi, ainsi qu’à la peur d’avoir été au plus près de la mort. Pour une fois, Hollywood se laisse donc aller à présenter la guerre non pas sous son jour le plus noble ou le plus héroïque, mais dans ce qu’elle a de plus avilissant. Le soldat américain étant présenté, pour une fois, non pas comme un surhomme mais comme un homme faillible et vulnérable. Une approche assez inédite dans le paysage cinématographique américain d’alors, encore très marqué par le code de censure Hays et par un patriotisme triomphant, et qui détonne d’autant plus que l’Amérique et alors militairement sur le qui-vive (Crise de Cuba, prémices du Vietnam). Une audace certaine, mais qui demeure contrebalancée par les difficultés éprouvées par le cinéaste pour trouver le juste ton de son récit, constamment tiraillé en le mélodrame classique (on pense à la scène un peu pesante durant laquelle un soldat se libère de ses démons sous penthotal) une volonté de second degré mal maitrisée (toutes les scènes avec Tony Curtis, au demeurant excellent). Il en ressort un film formellement un peu bancal, aux émotions un peu factices, qui aura néanmoins le mérite d’ouvrir la voie à des films plus critiques sur l’institution militaire et sur la réalité de la guerre (« M.A.S.H. » de Altman, « Johnny s’en va-t-en guerre » de Trumbo ou encore l’excellent « Le retour » de Hal Ashby.  

**

Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un nouveau Master Haute-Définition et proposé en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation par Laurent Atkin ainsi que d’une bande-annonce d’époque.

Edité par Eléphant Films « Le combat du Capitaine Newman » est disponible en édition combo blu-ray + DVD ainsi qu’en édition DVD depuis le 26 janvier 2021.

Le site Internet d’Elephant Films est ici. Sa page Facebook est ici.