Le Château dans le Ciel (1986) de Hayao Miyazaki

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Après ses deux premiers longs métrages perso, "Le Château de Cagliostro" (1979) et "Nausicaä de la Vallée du Vent" (1984), Hayao Miyazaki signe son troisième mais premier film sous l'égide des Studios Ghibli, société qu'il fonda avec plusieurs autres artistes et producteurs dont Isao Takahata qui l'a lancé et qui va bientôt signé son chef d'oeuvre "Le Tombeau des Lucioles" (1988). À noter que si le film date de 1986, Ghibli est alors encore une petite structure et le film reste limité dans sa distribution et il faudra attendre les succès internationaux de "Princesses Mononoke" (1997) et "Le Voyage de Chihiro" (2001) pour que le film sorte dans les salles françaises en... 2003 !

Précisons que le film est le film préféré de Hayao Miyazaki parmi sa filmo, ironie du sort c'est aussi celui qui rapportera le moins au box-office. Pour cette nouvelle histoire l'artiste s'est inspiré d'autres oeuvres, littéraires surtout avec "Les Voyages de Gulliver" (1721) de Jonathan Swift et surtout son île volante Laputa dont les habitants sont un peu tombé dans la folie spéculative, un peu de "L'Île au Trésor" (1881) de Robert Louis Stevenson, mais aussi une pensée pour les robots du film d'animation "Le Roi et l'Oiseau" (1952) de Paul Grimault, sans compter la grève des mineurs britanniques en 1984-1985 après quoi son producteur Isao Takahata lui a fortement conseillé de visiter le Pays de Galles pour ses décors. Au départ le film devait se nommer "Le Jeune Pazu et le Mystère de la Pierre Volante"... Alors que la petite Sheeta est retenue prisonnière dans une forteresse volante, des pirates attaquent en tentant de l'enlever alors que Sheeta tombe dans le vide avant de se réveiller chez un orphelin de son âge qui travaille dans une mine. Mais comment a-t-elle pu survivre et que peuvent lui vouloir cette armée blindée et cette bande de pirates ?! Tout commence à se relier quand on apprend que la pierre que porte Sheeta autour du cou à un rapport avec la mystérieuse île flottante de Laputa... Après une attaque qui nous plonge aussitôt dans une guerre dont le prix est une petite fille et sa pierre autour du cou, on se retrouve dans une cité minière particulièrement bien décrite et façonnée. Une cité minière justement tirée de du voyage de Miyazaki en Pays de Galles (voir plus haut) et notamment, l'artiste s'est particulièrement inspiré de la Vallée de Rhondda pour reconstituer un univers minier réaliste.

La guerre est une guerre est une nouvelle fois le fil conducteur de l'aventure, et si au début la quête semble une pierre précieuse on en revient vite aux thématiques chères à Miyazaki comme le lien entre humains et nature, la cupidité des hommes surtout qui sont prêt à tout pour parvenir à leur fin. Avec ce film on constate surtout que Miyazaki a enfin les coudées franches grâce à Ghibli, il impose donc encore plus ses propres concepts et principes. Par exemple on retrouve une héroïne (quasi toujours rôles principales chez Miyazaki), l'écologie en importance vitale, l'omniprésence des machines volantes diverses et variées. Et on notera que le manichéïsme dans "Nausicaä..." est un peu atténué ici, et le sera également de plus en plus dans les oeuvres futures car le monde n'est ni blanc ni noir. Ainsi, le méchant Muska est sans doute un des rares méchants foncièrement négatifs chez Miyazaki. On constate plus d'humour, des personnages un peu plus "fous" également comme la bande de pirates qui aurait été inspiré (selon l'aveu même du réalisateur) par sa mère et ses frères ! Bref, on constate que Miyazaki poursuit dans ses thèmes de prédilection en améliorant le fond et la forme. Les héros sont ici des enfants qui ne manquent pas de courage mais qui sont aussi dépassés par la volonté et les desideratas des adultes. Comme les sujets Miyazakiens, on retrouve quelques éléments de retour comme le "renard-écureuil", la pirate Dora dont le physique singulier sera souvent repris... Enfin, le dessin et le graphisme reste euphorisant, limpide et offre quelques plans sublimes qui ne manquent jamais d'éveiller nos fantasmes. Un très bon moment, et si on n'est pas encore à l'apogée de Miyazaki on est assurément sur la bonne voie.

Pour info bonus, Note de mon fils de 11 ans :