Le magnifique

Par Dukefleed
Et De Broca créa Bébel

François Merlin, un auteur de roman de gare type espionnage, se fantasme « Bob Saint-Clar », le super agent secret, héro de ses romans. Mais çà on le découvre au bout de 20’ de film. En effet ; le film débute par une parodie de film d’espionnage et au cours d’une fusillade sur une plage mexicaine, une femme de ménage passe l’aspirateur au milieu du combat, avant de franchir une porte au milieu de la plage et de se retrouver dans un appartement parisienne miteux dans lequel vit François Merlin. Mon fils surpris va alors découvrir qu’il n’est pas dans un « James Bond » ni un « OSS 117 » qu’il chérit tant, et n’a compris pas de suite ce qui se passait… génial. Cet enchainement surréaliste inaugure une série de 70 raccords tout aussi inventifs qui permettent à Philippe De Broca de passer avec une aisance déconcertante de la réalité à la fiction et vice versa… à l’image de l’agilité, physique, du héros joué par Belmondo. Des répliques percutantes et un duo d’acteur bourré de charme et en parfaite alchimie avec la beauté à couper le souffle de Jacqueline Bisset (mon fils 12 ans ½ l’a affirmé haut et fort en voyant Tatiana) et la présence d’un Belmondo en mode « Toc toc Badaboum ».

Avant d’enchainer sur la superbe présentation de ce film par Olivier Père sur Arte, notons que Quentin Tarantino fait régulièrement l’éloge de ce film et dit s’en être inspiré pour « Kill Bill » et çà se voit.

Olivier Père : « Véritable feu d’artifice d’humour et d’aventure, ce film marque les retrouvailles très réussies de Broca et Jean-Paul Belmondo après Cartouche et L’Homme de Rio la décennie précédente. Le cocktail de rires et d’exotisme est poussé ici à son paroxysme, et de Broca, avec la complicité de son interprète, n’hésite pas à s’engager sur les rives, rarement fréquentées dans la comédie française, de l’humour noir, du Grand-Guignol, de l’absurde et du délire.

L’Homme de Rio évoquait l’univers de Hergé, nous sommes plongés dans Le Magnifique en pleine parodie des aventures de James Bond, OSS 117 et autres héros de romans de gare mêlant violence et érotisme. Les scènes de fusillades sanguinolentes ou de tortures, tournées en dérision, les fantasmes machistes débiles de Bob Saint-Clar évoquent aussi bien les films de Sam Peckinpah des années 70 que la collection des « SAS » de Gérard de Villiers, elle aussi très populaire depuis 1965. Bob Saint-Clar (Jean-Paul Belmondo) est un super espion français envoyé au Mexique où il retrouve son ennemi juré Karpov (Vittorio Caprioli), chef des services secrets albanais, mais aussi la créature de rêve Tatiana (Jacqueline Bisset), censée l’aider dans sa mission. Le Magnifique n’est pas un simple pastiche cinématographique. C’est une mise en abyme, un roman dans le film en train de s’écrire. Jean-Paul Belmondo incarne aussi l’écrivain François Merlin, humilié par son éditeur irascible et mauvais payeur, obligé de pondre des romans alimentaires pour survivre. Il s’inspire de personnages ou de situations réelles pour nourrir les aventures ahurissantes de son héros. Les interférences pullulent et les tracas de Merlin finissent par parasiter le bon déroulement des exploits de Bob Saint-Clar, dans une avalanche de gags visuels digne des plus grands burlesques anglo-saxons. Merlin est aussi timide et malchanceux que Bob Saint-Clar, bête de sexe et machine à tuer, est sûr de lui. Tatiana a les traits de sa jolie voisine qu’il n’ose aborder, tandis que Karpov et son éditeur ne font qu’un.

Pour s’extraire enfin d’une existence d’échecs et de désillusions Merlin devra se venger de son embarrassante création, la réduire à néant non sans l’avoir préalablement ridiculisée.

Avec beaucoup de fantaisie et de brio, de Broca traite sur un mode spectaculaire le thème central de certains de ses films les plus personnels : le conflit entre le rêve et la réalité ; la fuite en avant d’hommes enfantins qui se réfugient dans un monde imaginaire pour échapper à la grisailles quotidienne, aux tracasseries ou tout simplement à l’ennui. Porté par un Belmondo au sommet de sa forme, Le Magnifique est un triomphe. »

Peut être la meilleure comédie française des 70’s… Un incontournable à voir en famille.

Sorti en 1973

Ma note: 20/20