[CRITIQUE] : The Barcelona Vampiress

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Lluís Danés
Acteurs : Nora Navas, Roger Casamajor, Bruna Cusi, Sergi López, Francesc Orella,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Thriller, Epouvante-horreur.
Nationalité : Espagnol.
Durée : 1h46min
Synopsis :
1920, Barc enfants disparaissent, mais la disparition de la petite Teresa d'une famille aisée envoie une onde de choc dans tout le pays. Alors que l'histoire domine tous les journaux, le grand journaliste Sebastià Comas revient dans le journal de son oncle après avoir passé quelque temps dans un asile psychiatrique. La police arrête Enriqueta Martí, la «vampire de Ravel», comme coupable. Mais Sebastià découvre une affaire bien plus sinistre…



Critique :

#TheBarcelonaVampiress ou une une mosaïque postmoderne narrant le portrait d'une femme loin d'être sainte, comme toute la société pourrie qui l'entourait. Une symphonie baroque ou quand la disparition tragique de nombreux mômes expose toutes les hypocrisies du Barcelone victorien pic.twitter.com/uKKW9Z46zz

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 15, 2021

Force est d'avouer que depuis le début des années 2000, le cinéphile amateur de cinéma genre n'a pas besoin de trop labourer les terres espagnoles pour y trouver les cinéastes les plus intéressants du fantastique actuel.
Résolument moins emblématique que la tête de fil Jaume Balaguero, ou même l'écorché vif Nacho Cerda, Lluís Danés postule néanmoins à sa petite place dans la chaîne alimentaire avec son The Barcelona Vampiress, thriller d'époque flanqué dans le Barcelone du début du XXème siècle, dont le parti pris artistique autant que le pitch de départ très codifié, cite directement le monument M, Le Maudit du roi Fritz Lang, qui lui aussi basé sur la vie du véritable « Vampire de Düsseldorf », Peter Kürten (Feu Robert Hossein en avait fait une adaptation plus directe en 1965).

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Catapulté dans un cadre hypnotique aux multiples contradictions (Barcelone était autant une métropole moderniste et prospère, riche en commerces et en possibilité culturelle, tout en étant une ville frappée par la pauvreté, la maladie et la misère), ou tout folklore - et encore plus celui du mythe vampirique - à un terreau fertile pour germer dans les esprits (dans le bon comme dans le mauvais sens du terme, tant il peut être un outil féroce de stigmatisation facile de la population), le film donne vie avec panache - mais de manière spéculative attention - l'histoire du «Jack l'Éventreur espagnol», Enriqueta Martí (incarné avec prestance par la merveilleuse Nora Navas), au coeur d'une enquête prenante et immersive à l'ambivalence séduisante.
Jouant à la fois la carte du sensationnalisme horrifique (aux séquences parfois rudes, opérées dans de grands décors gothiques) et celle plus sobre du récit révisionniste et d'investigation, le film, porté par une mise en scène inventive (bien aidée par la brillante photographie de Josep M. Civit) et une réalisation affûtée (Danés déploie plusieurs styles visuels pour mieux troubler son auditoire, comme sa facture monochrome trompée par les couleurs vives), est un vrai bout de cinéma hybride à l'équilibre précaire mais aguicheur, articulé sur une opposition des contraires (et les contradictions).

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Vérité et mensonge, songe/imaginaire et réalité, naturalisme et expressionnisme baroque, The Barcelona Vampiress est une une mosaïque postmoderne saisissante narrant le portrait d'une femme qui n'était certes pas une sainte, mais qui naviguait dans un océan de requins bien plus pourris qu'elle; une symphonie baroque au rythme un poil (trop) lancinant ou la chronique un poil tragique de la disparition de nombreux enfants, qui expose toutes les hypocrisies de la haute bourgeoisie du Barcelone d'hier.
Jonathan Chevrier