Raya et le Dernier Dragon (2021) de Don Hall et Carlos Lopez Estrada

Par Seleniecinema @SelenieCinema

59ème Classique d'Animation de la collection Disney, cette histoire est avant tout une histoire imaginée par Paul Briggs, surtout connu comme collaborateur au scénario et storyboarder sur des classiques comme "La Reine des Neiges" (2013) de Chris Buck et Jennifer Lee et "Les Nouveaux Héros" (2015) de Don Hall et Chris Williams. Briggs écrira une première mouture avec John Ripa avant d'être crédité tous les deux pour leur première fois réalisateur, rejoint ensuite par Don Hall et, plus surprenant, par Carlos Lopez Estrada cinéaste non issu de l'animation remarqué pour son excellent "Blinspotting" (2018). À l'écriture du scénario ces quatre artistes sont encore assistés d'autres scénaristes dont Dean Wellins qui a co-signé "La Princesse et la Grenouille" (2009) et "Raiponce" (2010), mais surtout d' un duo inédit en animation, Adele Lim et Qui Nguyen tous deux d'origine asiatique ceci devant sans doute crédibiliser le studio vis à vis du contexte culturel de l'histoire. La première est connue pour "Crazy Rich Asians" (2018) de Jon M. Chu, le second pour les séries TV "The Society" (2019) et "Les Envoyés d'Ailleurs" (2020-2021).

On constate qu'après le sud Pacifique avec "Vaiana" (2016) on retrouve une bonne partie de son équipe pour ce nouveau projet dans ce monde asiatique fantasmé dont Don Hall et Chris Williams... Il y a longtemps, au royaume de Kumandra les humains vivaient en harmonie avec les dragons. Mais aujourd'hui les dragons ont disparu et les humains se sont séparé en plusieurs royaumes ennemis. Le père de Raya tente de réconcilier les peuples mais une énième trahison durant laquelle le père de Raya est transformé en statue de pierre. 6 ans ont passé, Raya est devenue une guerrière qui n'a pas arrêté de chercher le dernier dragon qui, d'après une légende, serait toujours en vie et qui est le seul à pouvoir réunir les humains et de faire revenir son père... Le film débute par un prologue prometteur, coloré, exotique et rythmé avec des personnages attachants dans un graphisme sublime. Mais ce prologue est pourtant plombé par deux petits passages très explicatif bien superflu ; soit il est trop explicatif soit de toute façon le reste du récit aurait apporté les réponses nécessaires. Le plus stupide vient avec un père qui va se laisser partir en déclarant à sa fillette "ne renonce jamais", alors même que c'est justement ce qu'il fait à cet instant précis (?!). Ensuite vient le plus gros défaut du film, et pas des moindres, puisqu'il concerne le dragon. En effet, ce dragon Sisu (et donc ses consorts) est particulièrement laid, à la fois trop enfantin et trop simpliste ayant tout de la peluche pour bébé, non pas que ce soit gênant dans un autre film mais ici c'est particulièrement gênant et incohérent tant le reste de l'animation s'appuie sur un graphisme précis très réaliste, d'ailleurs de toute beauté avec certains plans qu'on pourrait confondre avec une photographie.

Ce décalage empêche une réelle immersion et casse l'esprit "naturaliste" de l'animation. Ensuite, en grattant un peu on peut avoir une pensée assez forte à "Avengers : Infinity War" (2018) des frères Russo (également produit par Disney !) dont le récit reprend les pierres précieuses à rassembler, jusqu'à l'effet "partir en poussière". C'est un peu le soucis du film, on oscille constamment entre moments de grâce et maladresses, entre beauté bluffante et caricature grossière, entre idées originales et copié-collé... Ainsi on adore le mix Mulan/Vaïana de Raya et sa dualité avec son alter-ego Namaari, on adore la ribambelle de personnages héros malgré eux qui forme la troupe qui accompagne Raya (au sosie de Genghis Khan à la version humaine de Sisu en passant par Bébé ninja !), on adore cet univers multi-cultuel moins marqué que dans les précédents Disney (pacifique pour Vaiana, amérindien pour Pocahontas... etc...) mais qui permet aussi une universalité plus singulière, et mine de rien, on aime cette absence de chansons, souvent aussi entêtante qu'agaçante surtout un moyen de vendre encore plus de produits dérivés. Par contre, outre ces dragons hideux aux couleurs flashy, on peut être déçu de ne pas avoir de méchant principal et charismatique, et on peut avoir bien du mal à s'attacher à une amitié trahie à laquelle on ne croit pas une seconde suite à une rencontre fortuite qui s'est déroulé une petite journée. Disney offre un film d'aventure fantastique plus qu'un simple conte, plus adulte et moins mièvre qu'à l'habitude malgré des dragons peluches de plus mauvais effet, et si le scénario est un melting-pot un peu trop voyant il reste efficace de par ses personnages parfaitement croqués dans un monde visuellement superbe. Résultat, forcément un peu mitigé mais on passe un très bon moment si on fait abstraction des dragons. Note généreuse.

Pour info bonus, Note de mon fils de 11 ans :