[CRITIQUE] : Hail Satan?

[CRITIQUE] : Hail Satan?Réalisatrice : Penny Lane
Acteurs : -
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Américaine.
Durée : 1h35min.

Synopsis :
Hail Satan ? nous propose de plonger dans l’univers particulier du Temple Satanique, fondé en 2013. Un temps considérés comme (au mieux) des provocateurs ou (au pire et plus généralement) de dangereux monstres qui mettent à mal la société, ses fidèles se chiffrent aujourd’hui à plus de 100 000 membres. Le Temple fut récemment officiellement reconnu en tant qu’église, et à ce titre n’hésite pas à manifester et exprimer ses opinions publiquement, au grand dam des institutions établies.



Critique :

Diaboliquement irrévérencieux, drôle et franchement divertissant, #HailSatan est une solide, excessive et audacieuse cartographie fournissant de précieux éléments de réflexions, sur le rôle très (trop?) important et omniprésence de la religion dans la société américaine. pic.twitter.com/XQgMgfLVc4

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 13, 2021


C'était sans doute, peut-être, pour l'auteur de ses mots, la plus grosse attente côté documentaire, de cette édition 2021 du BIFFF - avec l'excellent Horror Noire -, Hail Satan? de Penny Lane; petite bête de festival qui qui croque un portrait éclairant du Temple of Satan, en se concentrant sur les efforts de une organisation religieuse a l'adhésion de plus en plus croissante du côté du pays de l'Oncle Sam (visiblement, et c'est assez effrayant, celle ayant connu la plus forte croissance d'adhérent sur une courte période dans le temps), en se concentrant sur leurs efforts pour renverser la (sur?)présence de l'idéologie chrétienne dans la vie politique américaine.

[CRITIQUE] : Hail Satan?

Copyright Magnolia Pictures


Une organisation à part mais sérieuse et qui est loin d'incarner une farce à grande échelle (elle déjoue même l'image grand-guignolesque que pouvait avoir le satanisme dans la vision populaire), tant il ne faut absolument pas banaliser ce quelle incarne, qui ne ne fait l'éloge ni des dieux ni des démons, préférant le devoir civique (ramasser les déchets sur les plages et les autoroutes) et un bel ensemble sensé de sept principes humanistes.
Diaboliquement irrévérencieux et vraiment divertissant quand il laisse pleinement parler son sujet (chaque membre à sa propre histoire, et difficile de ne pas adhérer à leur propos sur la liberté individuelle, la mixité, l'antiracisme, le féminisme,...), le recit suit assidûment des femmes et des hommes optimistes bien décidés à renverser la présence de l'idéologie chrétienne dans la vie politique américaine, dépeignant ses membres comme des personnes éloquentes et dont les croyances sont fondées sur des principes fustigeant la droite chrétienne comme des hypocrites avides de pouvoir (leur argument principal étant que dans leur engagement à exercer leurs droits à la liberté religieuse et à la liberté d'expression, ils sont tous plus patriotiques que leurs homologues chrétiens). 
Sans tambour ni trompette, Lane réussit à retranscire cet argumentaire déjà bien ancré dans la société US (à ce jour, ils ont poursuivi le Missouri pour la loi sur l'avortement, lancé une campagne contre les châtiments corporels, se sont confrontés de force à des manifestants pro-life
sur la fétichisation des bébés, fondé des clubs sataniques au coeur des écoles pour promouvoir le rationalisme scientifique,...), même si l'on sent une certaine redondance voire même un poil de suffisance (corrigé depuis puisque Penny Lane aurait rejoint l'organisation depuis) dans une seconde moitié moins dynamique et n'offrant jamais réellement un contrepoint critique - même avec humour.

[CRITIQUE] : Hail Satan?

Copyright Magnolia Pictures


Il n'en reste pas moins que Hail Satan? est une solide, excessive et audacieuse cartographie fournissant de précieux éléments de réflexions, sur le rôle (très) important et omniprésence de la religion dans la société américaine, à tel point qu'il est impossible d'y échapper.
Cela donnerait (presque) envie de les rejoindre.

Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : Hail Satan?