[CRITIQUE] : Night in Paradise

[CRITIQUE] : Night in Paradise

Réalisateur : Park Hoon-Jung
Acteurs : Tae-goo Eom, Jeon Yeo-bin, Cha Seung-Won,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Policier, Drame.
Nationalité : Sud-coréen.
Durée : 2h12min.
Synopsis :
Alors qu'il se cache sur l'île de Jeju après une violente tragédie, un truand dont la vie est mise à prix se lie d'amitié avec une femme en proie à ses propres démons.



Critique :

Jouant subtilement au jeu des contrastes (à tous les niveaux), #NightinParadise est une odyssée sanglante certes imparfaite mais radical sur sa manière de pointer comment le cycle de la mort est éternellement et consciemment perpétué par ceux qui cherchent pourtant à s'y extraire pic.twitter.com/Zg7Tdvh1vw

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 10, 2021


Hasard du calendrier ou pas (oui, ou pas), alors que l'édition 2021 du BIFFF dégaine une sélection aux petits oignons de films de genre Sud-Coréens, Netflix offre à ses abonnés un bon petit film de gangsters façon polar hard boiled - avec un soupçon de romance - qui sent bon le sang et la poudre : Night in Paradise, nouveau long d'un Park Hoonjung plutôt coutumier du genre, qui exige de son auditoire à avoir l'estomac solide, autant des causes du flux incessants de nourritures alléchantes qui mettent la bave aux lèvres, que face aux nombreux morceaux sanglants.
Arguant que la vengeance est un plat qui ne se mange pas froid mais cru (comme le mulhoe, la soupe épicée de fruits de mer crus servie fraîche qui incarne presque une sorte de catharsis dans les souvenirs joyeux qu'elle évoque), tout en jouant avec les ruptures de ton abrupte, le film suit les aléas de Tae-gu, un homme frappé par le deuil et la culpabilité qui est vite devenu la cible des plus grosses pontes de la mafia à Séoul (créant de facto une guerre des gangs sans précédent), en voulant se faire justice lui-même.

[CRITIQUE] : Night in Paradise

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En exil sur sur l’île de Jeju, il va reprendre - un peu - goût à la vie et remettre en question son existence, auprès d'une jeune femme qui s'y accroche désespérément en luttant contre la maladie, Jae-yeon...
Vraie oeuvre jouant le jeu des contrastes - à tous les niveaux -, prenant les courbes d'un songe aussi bien bouillant que lancinant sur une âme endeuillée qui au lieu de se servir de son mal-être comme d'un catalyseur pour s'extraire de la culture violente qui a provoqué la disparition de ses proches, s'en sert comme d'un véhicule pour décupler sa propension à user de la brutalité la plus sourde qui soit (si Tae-gu dirige sa rage sur l'injustice vers l'extérieur vers ceux qu'il juge responsables, c'est intéressant de voir comment Jae-yeon elle, intériorise son amertume face à la perte de sa famille); Night in Paradise, non sans une légèreté/ironie nonchalante assez étonnante, est une odyssée intime radicale et sanglante sur la manière - sans aucune résolution possible - dont le cycle de la mort est éternellement et consciemment perpétué par ceux qui cherchent pourtant à y mettre un terme.
Un film évidemment imparfait mais fascinant dans la manière qu'a Park de longuement s'attarder sur la crudité brûlante de ces pulsions enragés, culminant à un climax implacable et cruel posant une question essentielle à la noirceur imparable : la violence d'une vengeance se justifie t-elle encore plus si elle est susceptible d'apporter une satisfaction personnelle à son hauteur ?
Vous avez quatre heures, Park Hoon-jung y a répondu en deux heures et douze minutes.

Jonathan Chevrier
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