Falcon & le Soldat de l’Hiver (Critique Mini-Série Épisode 1×03) Beaucoup moins fluide que dans les épisodes précédents…

Par Cliffhanger @cliffhangertwit
ATTENTION SPOILERS :  
Cet article révèle certains rebondissements
et nous vous conseillons sa lecture
après le visionnage de l'épisode

Falcon et le soldat de l'hiver atteint la moitié de sa courte saison avec un épisode qui, en dépit d'une succession d'évènements assez marquants pour la série mais aussi pour le MCU semble en grande partie transitoire. L'épisode marque le retour de deux personnages portés disparu depuis Civil War Sharon Carter alias Agent 13 (Emily VanCamp) et Zemo toujours incarné par Daniel Brühl qui connait l'évolution la plus significative. L'épisode s'ouvre avec le nouveau Captain America ( Wyatt Russell) de plus en plus frustré par son manque de progrès dans la traque du groupe des Flag-smashers, il perd son sang-froid alors qu'il interroge un de leurs complices lors d'une descente dans une de leurs planques, frustration exacerbée car il sait que les deux héros de la série ont une longueur d'avance sur lui. Pendant ce temps à Berlin alors que Sam et Bucky se disputent pour savoir quoi faire à propos de Zemo, ce dernier s'échappe de prison. Cette séquence est symptomatique des problèmes de cet épisode, cette évasion apparait un peu trop facile purement utilitaire car Zemo doit rejoindre le duo pour la prochaine étape. On apprend alors que Zemo est assez riche pour avoir un garage de voitures de collection et un avion privé qui leur permet d'atteindre Madripoor une presqu'île asiatique sanctuaire de criminels où un contact peut le mettre sur la voie du Power broker, responsable de la recréation du sérum du supersoldat. L'épisode rend au personnage son titre de baron des comics, un look (y compris le masque pourpre qui est son signe distinctif dans les comics) et une personnalité plus en accord avec son alter-ego de papier. Dans Civil War Zemo était un ancien agent des services secrets sokoviens déterminé à venger la mort de sa famille , dont rien n'indiquait qu'elle fut d'essence noble, en détruisant les Avengers, un homme désespéré qui tente même de mettre fin à ses jours quand Black Panther l'appréhende. Ici il est tout autant manipulateur (il lit Machiavel en prison) mais dans un mode plus ironique faisant preuve d'un humour sarcastique. Si ce recalibrage du personnage peut apparaitre soudain, il constitue un bel exemple de transcription à l'écran d'une figure habituelle des comics-books : le retcon pour continuité rétroactive dans lequel des faits établis dans l'intrigue d'une œuvre sont ajustés, ignorés ou contredits par une œuvre publiée ultérieurement, qui rompt la continuité avec le premier. Ici bien sûr rien de ce que nous connaissions du personnage n'est contredit même si le spectateur peut se demander pourquoi Zemo n'a pas employé la totalité des moyens dont il dispose (dont un majordome à la Alfred avec lequel il a des échanges très drôles) dans le film des frères Russo. Mais nous nous garderons de faire la fine bouche heureux de retrouver à l'écran une version proche de celle d'un des vilains les plus intéressants de l'univers Marvel. Daniel Brühl, est excellent, cabotinant avec une suffisance aristocratique, il est servi par de bons dialogues comme dans une scène où il apporte son soutien à Sam pour défendre les vertus de la bande originale de Trouble Man par Marvin Gaye. On apprécie aussi la tension entre Zemo et Bucky tout au long de cet épisode, il le provoque en essayant de voir si une partie de son conditionnement est toujours enfouie au fond de son cerveau - tout en suggérant que Bucky a toujours un peu " lui-même ", même lorsqu'il était un assassin soumis à un lavage de cerveau.

L'introduction de la cité de Madripoor constitue un petit évènement car dans les comics cette principauté fictive a été introduite dans les comics Wolverine où le célèbre mutant vit des aventures loin des X-men sous le nom de Patch. C'est ainsi le premier élément de l'univers mutant intégré au MCU depuis le rachat de la Fox par Disney. Ici l'île fictive ruisselle de néons, et si les visuels sont initialement impressionnants, ils ressemblent surtout à une version cheap d'une ville à la Blade Runner. Les bars et les clubs de Madripoor manquent étonnamment de caractère, et semblent aussi irréalistes que la cantina de Star Wars. Ils sont escortés dans un club souterrain où un voyou au service du Power Broker indique clairement que Zemo n'est pas le bienvenu, mais le Winter Soldier (qui fait mine d'être sous son contrôle) assure sa protection, dans un combat assez mal chorégraphié et au montage saccadé. Ils finissent par rencontrer leur contact Selby et obtiennent de lui le nom du savant qui est parvenu à copié le sérum du super-soldat : le Dr Wilfred Nagel. Ce personnage a un lien direct dans les comics avec celui d' Isaiah Bradley introduit dans le dernier épisode. Dans la mini-série de 2003 Truth: Red, White & Black c'est lui qui développe le sérum qui sera testé sur des cobayes noir dont Isaiah. C'est à ce moment que Sam reçoit un appel de sa sœur Sarah, alors qu'il essaye de se justifier - si la scène est bien jouée et écrite, le fait qu'il n'ait pas éteint son portable est vraiment tiré par les cheveux - un coup de feu éclate, tuant Shelby. Zemo, Sam et Bucky prennent la fuite alors que sur les portables de tous les criminels de la ville s'affiche une prime pour leur exécution. Si ce développement vous semble familier, ne vous étonnez pas le script de cet épisode est signé du créateur de John Wick, Derek Kolstad. On y retrouve le petits détails qu'il aime ajouter à ses mythologies criminelles comme le fait qu'on apprend que la plupart des œuvres dans les musées sont des copies alors que les originaux sont la propriété des groupes criminels du MCU. Nos héros sont instantanément sauvés lorsque deux motards sont abattus par un mystérieux ange gardien qui s'avère être Sharon Carter (Emily VanCamp) , réfugiée sur l'ile depuis les événements de Civil War et qui semble s'être fait une place dans la hiérarchie criminelle de Madripoor. Mais le scénario de l'épisode se rue d'une scène d'action à l'autre et ce rythme ne donne pas assez de temps d'exposition pour que le personnage de Sharon puisse expliquer sa situation. Une des réussites de la série jusqu'alors tient dans sa faculté de donner à des personnages secondaires comme Sam et Bucky un développement que les films n'ont pu leur donner et on espère que Sharon bénéficiera du même traitement.

Nos héros traquent le mystérieux Dr Wilfred Nagel jusqu'à un chantier naval - un décor récurrent de tant de série télévisées qu'il enlève beaucoup de la patine cinématographique de la série - et trouvent un laboratoire caché où Nagel révèle comment il a reconstitué le sérum à partir du sang d' Isaiah Bradley pour Hydra avant de disparaitre, n'ayant eu le temps de fabriquer que 20 flacons tous dérobés par les flag-smashers. Alors que tous les chasseurs de primes de la ville convergent sur les lieux pour la grande séquence d'action de l'épisode, si l'entente entre Anthony Mackie et Sebastian Stan reste excellente en dépit d'un moment indubitablement cool où Zemo masqué affronte un tueur armé d'un lance-roquette, il manque néanmoins quelque chose d'indéfinissable pour la rendre aussi mémorable que celles des deux premiers épisodes. Un des problèmes de la série c'est que sans doute comme Wandavision le faisait avec les tropes du sitcom, elle joue avec les clichés du film d'action mais étant elle-même une série d'action il est beaucoup plus difficile de distinguer la volonté de pastiche de l'action au premier degré. Après que Zemo ait tué le scientifique, le trio repart sur les traces des Flags Smashers en Europe mais Sharon refuse de les accompagner. Elle rejoint bientôt un complice et lui dit qu'ils ont quelques gros problèmes. Parle t-elle du Falcon et du Winter Soldier? Sharon Carter est-elle en fait le Power Broker? Il y a quelques moments avec les Flag-Smasher tout au long de l'épisode qui offrent un peu plus d'explications sur les motivations de leur leader Karli Morgenthau (Erin Kellyman) -qui souhaite donner le sérum aux enfants des camps de réfugiés. Mais après le décès de sa mère sa croisade prend un tour plus sombre quand elle sacrifie de nombreux innocents dans sa lutte contre le Power Broker. Cette démonstration de violence inutile semble être là pour saper la sympathie naissante du spectateur pour Karli . En rendant inacceptables ses méthodes, la série discrédite ses intentions un peu à la manière du personnage de Killmonger dans Black Panther. Parlant du Wakanda, l'épisode se termine avec l'arrivée de la guerrière Dora Milaje Ako (Florence Kasumba) dépêchée pour récupérer Zemo (qui est responsable dans Civil War de la mort du roi T'chaka, père de Black Panther).Le Winter Soldier qui est redevable à Black Panther pour l'avoir purgé de son conditionnement va t-il trahir son nouvel allié ? Dans l'ensemble, il y a beaucoup de bonnes choses dans cet épisode mais si il assure le spectacle la narration est plus maladroite, beaucoup moins fluide que dans les épisodes précédents avec l'impression d'une mise en place un peu forcée d'éléments nécessaires à des évènements futurs dans la série ou au-delà.

Crédits: Disney +