[CRITIQUE] : La Rivière sans Repos

[CRITIQUE] : La Rivière sans Repos
Réalisatrices : Marie-Hélène Cousineau et Madeline Ivalu
Avec : Malaya Qaunirq Chapman, Etua Snowball, Matthew York,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Canadien.
Durée : 1h38min
Synopsis :
Jeune fille Inuk surprise par la propre perte de son innocence, Elsa puise son courage et sa force dans la rugosité de son pays pour devenir une femme aussi indépendante que la rivière insoumise qui traverse ses terres. Très jeune, elle devient la mère d'un enfant dont la vie surprenante brise la tradition millénaire de ses ancêtres. Entre les manières sociales des colonisateurs et sa réalité familiale, l'âpreté d'une relation avec un homme qui n'est pas pour elle, et la rébellion de son adolescent, Elsa se trace un chemin aussi sinueux que la rivière indomptable qui l'accompagne à chaque tournant de sa vie.
 Critique :

Portrait vibrant d'une femme abusée qui se relève et survie malgré tout, expérience intime et anthropologique radicale au cadre merveilleux (superbe photographie d'Edith Labbé), #LaRiviereSansRepos est formidable drame sur la maternité et la tentative de faire face au traumatisme pic.twitter.com/Cjsf1EKRVC

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 5, 2021

Inconsciemment ou non, mais cela en dit tout de même long sur les ravages des conflits (in)humains du siècle dernier - même plusieurs décennies après -, la guerre est une toile de fond très présente au coeur de la définitivement riche sélection des films en compétitions de l'édition 2021 du FIFF.
Adaptation du roman éponyme de Gabrielle Roy, La Rivière sans Repos des cinéastes Marie-Hélène Cousineau et Madeline Ivalu s'attache, au coeur de la Seconde Guerre mondiale, au quotidien d'Elsa (Malaya Qaunirq Chapman, tout simplement exceptionnelle), une jeune femme solaire vivant dans un village au nord du Québec, qui voit son existence littéralement bousculée le jour où elle est violée par un militaire venant de la base américaine voisine.
De cet acte horrible que tout le monde préféra enterrer sous le tapis, naissera un enfant quelle décidera d'élever avec tout l'amour qu'elle peut lui donner...

[CRITIQUE] : La Rivière sans Repos

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Expérience intime et anthropologique radicale et dévastatrice, constamment contrebalancée par un cadre naturel somptueux (merveilleusement mis en valeur par la photographie d'Édith Labbé), le film convoque instinctivement - dans la monstruosité de son histoire - le puissant Outrages de Brian De Palma tout en allant plus en profondeur dans son exploration du viol comme une arme de guerre terrible et barbare.
Abordant sans œillères le cas des dommages collatéraux en zone de guerre, du glissement moral au passage à l'acte - évidemment, sans la moindre impunité -, en passant par une absence d'humanité qui va de pair avec la guerre (la victime est fautive et elle doit, au mieux, vivre avec son mal et se/le taire), la péloche pointe du bout de la caméra une femme - malheureusement - parmi tant d'autres, qui se bat au jour le jour avec son traumatisme et qui décide, malgré l'avis général, de faire de son malheur - elle tombe enceinte des suites de son viol -, un bonheur - elle garde son enfant.
Portrait vibrant d'une femme abusée qui se relève et survie malgré tout, traitant en filigrane des problèmes de la colonisation autant que la sur-présence/dominance militaire de l'Amérique (son désir de soumettre les peuples à la démocratie, que l'on retrouve un peu trop souvent dans notre histoire moderne); La Rivière sans Repos est un formidable drame sur la maternité et la tentative de faire face au traumatisme.

Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : La Rivière sans Repos