[CRITIQUE] : Into The Mirror

Par Fuckcinephiles

Réalisatrice : Laila Pakalnina
Avec : Madeleine Valdberg, Elza Leimane, Lauris Dzelzitis,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Drame, Fantastique.
Nationalité : Letton.
Durée : 1h30min
Synopsis :
Variation autour du conte de fées Blanche-Neige et les sept nains.
Un entraîneur de CrossFit et sa femme deviennent les parents d'une petite Blanche-Neige. La mère de l'enfant décède. Le père se remarie avec une femme obsédée par son apparence et par le sport. Le temps passe et Blanche-Neige surpasse les records de sa belle-mère...


Critique :

En transposant le mythe de Blanche-Neige au coeur d'une société contemporaine profondément narcissique et obsédée par le culte - superflu - du corps, #IntoTheMirror incarne ré-imagination singulière d'une histoire universelle autant qu'une bizarrerie fantaisiste et troublante. pic.twitter.com/r8TSXLCldi

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 4, 2021

Pas une seule décennie ne passe sans que le mythe de Blanche-neige et les sept nains ne soit usé ou revisité avec plus ou moins de justesse (coucou Hollywood), un constat aussi effrayant (le manque d'originalité...) que logique dans le sens ou son folklore est l'un des plus populaires qui soit; un paradigme universellement compris et intemporel.
Pas étonnant dès lors, que la cinéaste lettone en fasse de même en adaptant/réinventant le dit conte pour son dernier long-métrage en date, In The Mirror, ou elle fait preuve d'un penchant formaliste aussi étonnant et absurde qu'intriguant.
Transposant les grandes lignes du mythe recueilli par les frangins Grimm, au coeur de la société contemporaine profondément narcissique et hypnotisé par le culte aussi obsessionnel que superflu, du corps, Blanche-Neige y est une jeune femme dont le père et la belle-mère dirigent un centre de CrossFit, et qui voit son quotidien rythmé par un balai de corps musclés et en sueurs, qui s'agglutinent chez eux.
Le fossé ainsi que le conflit inévitable entre elle et sa matriarche par alliance, va être autant motivé par l'obsession de l'aînée des deux pour la performance, que sa propre vanité alimenté par son complexe d'infériorité; et celle-ci va chercher à la liquider de plusieurs façons possibles, même si Blanche-Neige trouvera toujours un moyen de s'en sortir - même le plus improbable.

Hargla Company


Original, même dans ses rebondissements liés au conte original, mais surtout léger - voire même assez drôle - et constamment dynamique (le film rappelle parfois la " trahison " de Luhrmann avec le pavé Shakespearien Roméo & Juliette), In The Mirror se distingue du tout venant des adaptations par sa mise en scène et sa photographie singulière, totalement au service justement de son regard acéré sur le narcissisme et l'obsession de soi; tourné quasiment comme un " film-selfie ", un patchwork de vignettes ou les personnages brisent le quatrième mur et se filment comme s'ils créaient des posts pour leurs comptes sur les réseaux sociaux, mais dont la banalisation - parce que commune à tous au quotidien - de l'exercice est contrebalancée par une stylisation appliquée (bien aidé par la photographie de Gints Berzins, déjà présent pour son génial Spoon) le rapprochant d'une forme de documentaire hybride fantaisiste et savoureusement déséquilibré.
Si le résultat peut désarçonner (voire en laisser plus d'un sur le carreau), sorte de théâtre/cirque aussi organisé et fragmenté qu'il est volontairement perché, In the Mirror passe est autant une ré-imagination radicale et singulière d'un conte de fées populaire qu'une bizarrerie formaliste fantaisiste et troublante furieusement cinématographie.
Une belle surprise.
Jonathan Chevrier