La chartreuse de Parme

Un grand merci à Coin de Mire Cinéma pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « La chartreuse de Parme » de Christian-Jaque.

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« Tout le monde s’amuse. Et moi qui suis le maitre absolu, qui ai mon profil sur les écus, je m’ennuie ! »

En 1821, Fabrice Del Dongo quitte Naples où il a terminé ses études ecclésiastiques et arrive chez sa tante, la duchesse de Sanseverina, à Parme.

Fasciné par Napoléon, Fabrice rêve de grandes actions et d’aventures guerrières, mais, destiné par sa famille à être prélat, il ne fera que multiplier les aventures amoureuses…

« Vous êtes la jeunesse même. Tandis que moi... »

La_chartreuse_de_Parme_Gérard_Philippe

En cette fin des années 40, le monde sort de six années de guerre des plus éprouvantes. En France, comme dans d’autres pays, l’heure est à la réconciliation et à la reconstruction, dans un climat délétère accentué par les pénuries et les grèves qui font craindre l’insurrection. Dans ce contexte, la production cinématographique se montre dans l’ensemble assez consensuelle, évitant à de rares exceptions les sujets trop polémiques. C’est ainsi l’heure des grandes adaptations littéraires et des fresques en costumes, qui consacrent des réalisateurs comme Claude Autant-Lara, Jean Delannoy, Max Ophüls ou Christian-Jaque. On revisite ainsi à tour de bras Zola (« Nana » de Christian-Jaque, « Thérèse Raquin » de Marcel Carné, « Gervaise » de René Clément), Maupassant (« Le plaisir » de Ophüls, « Boule de suif » de Christian-Jaque), Dumas (« La dame aux camélias » de Raymond Rouleau) ou encore Victor Hugo (« Notre-Dame de Paris » de Delannoy, « Ruy Blas » de Pierre Billon). Même les romans fleuves de Stendhal, pourtant extrêmement denses, font l’objet d’adaptations cinématographiques. « Le rouge et le noir » et « La chartreuse de Parme » sont ainsi portés à l’écran, respectivement par Claude Autant-Lara en 1954 et Christian-Jaque en 1948. Deux films qui imposent Gérard Philippe comme l’archétype même du jeune premier romantique et bondissant.

« Il n’y a qu’un seul péché, c’est de ne pas aimer »

La_chartreuse_de_Parme_Renée_Faure

Un peu plus d’un siècle après sa parution, Christian-Jaque s’attèle donc à l’adaptation de « La chartreuse de Parme » pour le cinéma. Un roman longtemps considéré inadaptable qui n’avait jusqu’ici jamais fait l’objet de la moindre version cinématographique. Mais face à l’ampleur de la tâche, le cinéaste fait le choix de ne garder que la substantifique moelle du roman, quitte à en sabrer de larges parts. A commencer par toute la première partie dédiée à l’épopée napoléonienne du héros. Et à en remanier - très largement - le romance entre Fabrice et Clélia ainsi que la fin. De quoi dérouter un peu ceux qui auront commencer par la lecture du livre. Même si l’essentiel de l’intrigue - amoureuse et politique - est globalement bien reprise. Pour autant, si le film se laisse suivre sans déplaisir (surtout la première heure, qui introduit brillamment les personnages et les enjeux sentimentaux), il apparait par moment un peu empesé, notamment toute la dernière partie du film entre les scènes de prison et d’évasion. On regrettera ainsi certains partis pris scénaristiques du cinéaste (l’abandon des rencontres « aveugles » des deux amants notamment) qui brident quelque peu le souffle romantique de l’œuvre. Reste qu’on ne pourra qu’admirer formellement ce film monumental, servi par une fastueuse reconstitution (décors et costumes sont d’une incroyable beauté) et porté par un casting de haut vol dominé par la fougue et la fraicheur de Gérard Philippe, le charme de la jolie Renée Faure (alors l’épouse du cinéaste) et par le trouble puissant de la grande Maria Casarès.

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Le blu-ray : Le film est présenté en Haute-Définition, dans une version restaurée en HD à partir du négatif original par SNC, avec le CNC. Il est proposé en version originale française (2.0). Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles.

Côté bonus, la collection « La séance » propose un formidable concept : celui de reproduire les conditions d’une véritable séance d’époque. En mode « Séance complète », le film sera ainsi précédé des authentiques actualités Pathé de la semaine de sortie du film ainsi que de publicités et bandes-annonces d’époque, le tout en HD. En mode film seul, « La chartreuse de Parme » se lancera directement.

Edité par Coin de Mire Cinéma, « La chartreuse de Parme » est disponible depuis le 4 décembre 2020 dans une très belle édition Digibook, limité à 3000 exemplaires numérotés, comprenant le blu-ray + le DVD du film ainsi qu’un livret reproduisant  des documents d’époque (24 pages), 10 reproductions de photos d’exploitation (15,5 x 11,5 cm) et la reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm). Un très bel objet qui ravira tous les cinéphiles.

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