Un monde parfait

Un monde parfait... pour un film imparfait

La trame de ce road movie est simple. 1963, deux gars s’évadent de prison ; un gars inquiétant plutôt violent et un brave gars. Dans leur fuite, ils prennent en otage un gosse. Le gars plutôt sympa flingue le gars inquiétant et la cavale se poursuit à deux ; cavale durant laquelle des liens vont se tisser entre le gamin et le fuyard poursuivis par la police.

L’affiche de ce film mis en scène est alléchante avec Kevin Costner qui cartonne au box-office dans les 90’s et Clint Eastwood. Le scénario essaie aussi de livrer tant bien que mal un portrait tout en nuance des deux hommes. Costner le brave gars se révèle beaucoup plus sombre et violent qu’on ne le pressentait jusqu’à une scène déstabilisante dans une famille noire. Déconcertante, car on ne le sentait pas venir ; on avait perçu du personnage que son enfance lui avait laissé comme séquelle une violence viscérale lorsqu’il est témoin de sévices sur les enfants. Mais cette scène est malgré tout peu raccord avec le reste du personnage par son caractère excessive. Du côté de la police et d’Eastwood, apparaissant en montage alterné avec la fuite du premier ; l’équipe constituée pour mener la traque est artificielle, sans intérêt, grossière par le côté caricaturale des personnages ; tout ce que l’on déteste dans le cinéma commercial américain. Donc pour résumer, le scénario est maladroit d’autant plus qu’il alterne avec des moments d’une mièvrerie incroyable.

Mais, ce film que j’avais beaucoup aimé à sa sortie, j’avais 22 ans, n’est pas dénué d’intérêt tout de même. La prestation de Kevin Costner est fine, il incarne à merveille cet éclopé de la vie. Et surtout son association avec le jeune garçon est convaincante, et c’est une des clés du film. On y note les blessures causées par l’absence du père. Il est attentif au bien-être du petit et lui offre des expériences que sa cellule familiale lui refuse. Ce film condamne alors l’Amérique ultra conservatrice et le joug religieux.

Mon œil d’homme mur est plus cruel que celui de jeune homme sur ce film d’où cette question : devrait on revoir les films que l’on a aimé des décennies plus tard ?

Sorti en 1993

Ma note: 11/20