César et Rosalie

Par Dukefleed
« Garder le calme devant la dissonance »

L’épitaphe figurant sur la tombe de Claude Sautet résume pour partie son cinéma et donc ce film. Ce peintre des mœurs de la bourgeoisie citadine des 70’s transpose le triangle amoureux de Truffaut (« Jules et Jim ») 10 ans plus tard et avec quelques nuances.

César est un homme du peuple, beau parleur, en quête d’attention qui s’est fait tout seul. Derrière ce tempérament impétueux se cache un manque de confiance ; il gravite dans un monde bourgeois et cultivé dont il n’a ni les codes ni le sang. David est son opposé, taciturne, discret, ironique ; c’est un artiste issu du même milieu social que Rosalie. Cette dernière les aiment tous les deux et aimerait certainement que ces deux hommes ne fassent qu’un. Filmé superbement par Sautet, cette dernière, interprétée par Romy Schneider, est le catalyseur du désir et de la rivalité entre ces deux hommes. Sensuelle, elle attise les conflits entre ses prétendants et sa valse-hésitation bien involontaire va jusqu’à faire naitre une réelle amitié entre les deux hommes. Et la vraie nuance avec « Jules et Jim » est bien là et fait de Rosalie une belle héroïne bovarienne.

Moins dramatique que « Les choses de la vie », ce film est surtout comme tous les Sautet un film dans l’air du temps. On retrouve les marottes de ce dernier dans les scènes de repas, les pièces enfumées, les clopes au bec, les disputes de couple, les plans derrière une vitre,… La vie quoi, une vie où il n’était pas criminel de montrer des gens fumer et où on ne portait pas de masques. Derrière Sautet, ni originalité scénaristique, ni inventivité au niveau de la mise en scène ; juste du cinéma de qualité témoin de son époque ; et ça fait du bien. Rosalie est présentée comme une femme libre tout en la montrant comme une maitresse de maison attentive (elle sert à table les hommes,…) ; ce qui fait doucement sourire 50 ans après. Les femmes libérées ont bien changé ; celles de 1972 avaient aussi fait du chemin par rapport à leurs grands-mères.

Un film à revoir et qui prend tout son sens après une mise en place s’étirant en longueur ; et surtout ponctué par une scène finale d’anthologie et pleine de mystère. D’où peut-être l’expression de « drame gai » parfois utilisé pour ce film.

Sorti en 1972

Ma note: 16/20