Le héros d'Iwo Jima

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Elephant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Le héros d’Iwo Jima » de Delmer Daves.

« On dit que tu es l’indien le plus célèbre depuis Géronimo ! »

Issu d’une petite communauté d’indiens Piwa, l’idéaliste Ira Hayes devance l’appel et s’engage dans les Marines pour aller combattre les japonais  sur le front du Pacifique. Avec la volonté de faire honneur à son peuple et à son pays. « Héros » d’Iwo-Jima, il est un des six hommes à avoir planté le fameux drapeau américain, Ira Hayes, natif-américain, a beaucoup de mal à se faire à sa nouvelle célébrité et à la mort de son meilleur ami. Après la guerre, il essaie d’oublier et de réintégrer sa tribu…

« Quand on est à la guerre, on est déjà mort. On ne se bat que pour revenir à la vie »

Avec ses 21km2, l’île d’Iwo Jima aurait pu n’être qu’un simple caillou perdu dans l’océan Pacifique, à plus de mille kilomètres de côtes japonaises. Seulement voilà, en 1945, elle devient un enjeu stratégique majeur, offrant à qui la contrôle le contrôle du ciel Tokyoïte. Elle sera ainsi le théâtre d’une bataille acharnée et parmi les plus sanglantes de la Seconde guerre mondiale, immortalisée par une photo devenue depuis mondialement célèbre. Cette bataille inspirera ainsi à plusieurs reprises Hollywood, et notamment Alan Dwan (« Iwo Jima », 1948) et Clint Eastwood (diptyque « Mémoires de nos pères » et « Lettres d’Iwo Jima », 2006). En 1961, c’est le cinéaste Delmer Daves qui s’intéresse à son tour à la célèbre bataille avec son film « Le héros d’Iwo Jima », une évocation de la vie d’Ira Hayes, héros controversé de la bataille, inspirée du roman de William Bradford Huie.

« L’héroïsme n’est pas l’apanage des morts »

Si la guerre a souvent donné lieu à des actes d'héroïsme, les politiciens et les médias ont, eux, toujours su en tirer leur parti en fabriquant des héros, à grand renfort de communication et de propagande. En Amérique, la Seconde guerre mondiale a par exemple transformé Audie Murphy, son soldat le plus décoré, en vedette hollywoodienne de cinéma. De façon plus modeste, on se souvient aussi de Harold Russel, ce jeune mutilé de guerre, récompensé d’un Oscar pour son rôle dans « Les plus belles années de notre vie » (Wyler, 1946). Et puis il y eut aussi les étoiles maudites. Ceux pour qui la gloire fut un trop lourd fardeau à porter. A l’image d’Ira Hayes, soldat amérindien célébré pour avoir été l'un des six soldats a hisser le drapeau américain sur Iwo Jima, évènement immortalisé par une photo mondialement connue. Cinéaste humaniste et progressiste (on lui doit notamment « La flèche brisée », l’un des premiers westerns réhabilitant les amérindiens), Delmer Daves s’interroge sur la notion d’héroïsme et filme l’ascension médiatique puis la descente aux enfers de ce personnage singulier, broyé par le cynisme d’un système qui le dépasse et par un destin qui lui échappe inexorablement. Rarement spectaculaire (très peu de scènes de combats), ce faux film de guerre s’intéresse davantage aux hommes et à leur comportement face à la dureté de la guerre. Et si Daves présente d’abord l’armée comme une institution à même de faire tomber les barrières sociales et permettant une ouverture sur le monde (il y vante souvent l’esprit de camaraderie, faisant abstraction des couleurs de peau ou des religions), il pointe également les traumatismes des hommes liés à leur expérience des combats. En cela, le portrait qu’il dresse du soldat Hayes - tiraillé entre le désir de reconnaissance des siens et une gloire douloureuse à porter en ce qu’il la croit immérité - est souvent juste et touchant. D’autant que Tony Curtis, étrangement grimé, apporte au personnage une belle fragilité. Mais en dépit de sa performance, on regrettera quand même que le rôle n’ait pas été donné à un véritable amérindien. Surtout, on reprochera au réalisateur ce long final lyrique à la fois pompeux et lacrymal, d’autant plus hors sujet que le reste du film faisait preuve d’une grande sobriété, conférant au personnage une belle dignité.

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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un nouveau Master Haute-Définition et proposé en version originale américaine (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation de Laurent Atkin ainsi que de bandes-annonces.

Edité par Elephant Films, « Le héros d’Iwo Jima » est disponible en combo blu-ray + DVD ainsi qu’en édition DVD depuis le 26 janvier 2021.

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