Plein la Vue (2019) de Philippe Lyon

Premier long métrage pour Philippe Lyon, plus connu jusqu'ici comme scénariste notamment sur des films le plus souvent oubliables oubliés comme "Yamakasi" (2011) et Ariel Zeitoun, "Les Fils du Vent" (2004) de Julien Seri, "Alive" (2004) de Frédéric Berthe, "La Piste" (2006) de Eric Valli, et plus récemment sur les séries TV "XIII" (2008-2011) et "Caïn" (2019-2020). Pour son premier long métrage Philippe Lyon s'est intéressé aux malvoyants-aveugles via la sport "céci-foot". À y regarder de plus près on constate effectivement que ce sujet est quasiment toujours abordé du point de vue du thriller ou du drame de "Les Deux Orphelines" (1922) de D.W. Griffith à "The Eye" du duo Palud-Moreau en passant par "Miracle en Alabama" (1962) de Arthur Penn, "Seule dans la Nuit" (1967) de Terence Young ou "Parfum de Femme" (1975) de (2008). Le cinéaste place son film plus dans le buddy movie handisport qui a aussi très peu de représentants outre les récents et sympathiques (2018) de Javier Fesser et "Chacun pour Tous" (2018) de Vianney Lebasque. Néanmoins, on peut aussi citer l'unique film liant cécité et sport avec le très bon "La Ligne Droite" (2011) de Régis Wargnier. Notons que Philippe Lyon porte donc la double casquette réalisateur-scénariste...

Plein la Vue (2019) de Philippe Lyon

Deux jeunes de 25 ans Karim et Dylan évite la prison de peu et sont condamnés à des Travaux d'Intérêt Général dans un centre de formation pour malvoyants. Peu courageux, pas investis et pressés de retourner à leur quotidien et leurs petits délits les deux amis vont devoir composer avec un univers nouveau pour eux, Karim semble le plus détaché alors que Dylan se décide à aider le centre en proie à une fermeture. Alors que les deux copains ne s'entendent plus, Dylan s'investit d'autant plus que l'une des animatrices lui plaît particulièrement malgré la différence d'âge... Les deux délinquants sont incarnés par Zacharie Chasseriaud un peu plus discret depuis 2-3 ans mais qu'on a vu dans plusieurs films de "L'Empreinte de l'Ange" (2008) de Safy Nebbou à "Nos Patriotes" (2017) de Gabriel Le Bomin en passant par "Les Géants" (2011) de Bouli Lanners et (2017) de Stephan Streker, puis par Ahmed Dramé vu dans "Les Petits Princes" (2013) de Vianney Lebasque, "Les Héritiers" (2014) de Marie-Castille Mention-Schaar et "Made in France" (2016) de Nicolas Boukhrief. L'animatrice est interprétée par Isabelle Vitari surtout vue à la télévision dont la série TV "Nos Chers Voisins" (2012-2016) à l'exception du long métrage "Forces Spéciales" (2011) de Stephane Rybojad. Citons parmi les malvoyants l'acteur voyant Yan Tual vu entre autre dans "La Ch'tite Famille" (2018) de et avec Dany Boon, et un second rôle judiciaire joué par Jean-Michel Balthazard acteur récurrent chez les frères Dardennes notamment dans "La Promesse" (1996) et "La Fille Inconnue" (2016) et qui retrouve Zacharie Chasseriaud après "Un Début Prometteur" (2015) de Emma Luchini... D'abord il est plutôt triste de constater qu'il n'y a pratiquement rien sur ce film niveau documentation à l'exception du B.A.BA (casting, histoire...) et d'une interview de 4mn.

Plein la Vue (2019) de Philippe Lyon

On sait donc que le cinéaste a reçu le soutien d'un organisme officiel belge, ainsi qu'une assistance technique et de consultants sur le tournage. Parmi le casting il y a un mixte entre quelques handicapés mal-non voyants et acteurs professionnels qui jouent la cécité comme Yan Tual. L'environnement du centre reste très réaliste, le manque de moyen et/ou l'équipe pédagogique forment un ensemble auquel on croit sans soucis. Par contre, on comprend très vite la construction narrative et le canevas du scénario qui s'avère d'un basique éculé qu'on a l'impression d'avoir vu mille fois. Dommage... Les amis qui paraissent super proches qui vont s'engueuler, la femme séduisante, l'équipe qui ne croit pas en elle mais qui va évidemment assurer, pas de méchants car tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, le soucis économique qui a rendre le délinquant bienfaisant (à 25 ans et des années c'est si simple !)... etc... Bref, aucune surprise réelle sur le fond, et encore moins sur la forme, la mise en scène très académique ne permet pas de lyrisme ou de mise en valeur du contexte urbain. Mais le film n'est pas antipathique, loin de là, on s'attache forcément à eux, la corde sensible est facile mais logique avec quelques 2-3 séquences drôles. Et sinon on apprécie le petit passage céci-foot. Par contre, la fin du film présume que les personnages jouent leur propre rôle et/ou qu'ils existent vraiment ce qui est un peu fallacieux, du moins maladroit voir gratuit (certains destins semblent peu crédible, tous ne sont pas aveugles, aucune info concordante...). Ensuite, vu le rythme un peu monocorde on se félicite de la durée du film, 1h20 suffit effectivement. Un petit film passé inaperçu mais qui coche sans sourciller toutes les cases du cahier des charges, dommage que Philippe Lyon n'ait pas vu plus loin.

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Pour info bonus, Note de mon fils de 11 ans :

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