Plus dure sera la chute

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Plus dure sera la chute » de Mark Robson.

« Tôt ou tard, la pomme tombe de l’arbre. Surtout quand elle est pourrie ! »

Journaliste sportif en quête d’un scoop, Eddie Willis est contacté par le chef du « syndicat » de la boxe, Nick Benko, qui lui propose de contribuer à la promotion d’un jeune boxeur argentin, Toro Moreno. Espérant découvrir un futur champion, Willis accepte l’offre. Il ne tarde pas à déchanter. En effet, bien qu’impressionnant à première vue, Moreno boxe à peine mieux qu’un débutant. Willis comprend vite que ses combats sont truqués...

« La boxe n’est plus qu’un spectacle. C’est le meilleur acteur qui gagne. »

D'abord monteur pour les studios de la RKO, Mark Robson aura ainsi successivement travaillé avec les plus grands cinéastes du studio, à savoir Orson Welles (sur « La splendeur des Amberson ») et Jacques Tourneur (sur « La féline » et « Vaudou »). Ce qui lui vaut d'être remarqué par le producteur maison Val Lewton qui, impressionné par son travail, lui donne sa chance et le propulse réalisateur dès le début des années 40. Mais après s'être fait la main sur quelques séries B plus ou moins horrifiques (« La septième victime », « L’île des morts »), Robson quitte le studio pour accéder à des projets plus ambitieux. Ce qu'il trouvera avec « Le champion » (1949) produit par Stanley Kramer. Nommé aux Oscars dans diverses catégories, le film marquera le vrai début de sa carrière de cinéaste et d'une filmographie riche d’une trentaines de films, dont il ressort une vraie appétence pour les films de guerre (« Les pont du Toko-Ri », « L’express du Colonel Von Ryan », « Les centurions ») et les grandes fresques mélodramatiques (« Les plaisirs de l’enfer », « L’auberge du sixième bonheur », « La vallée des poupées »).

« Laisse tomber le public. Pense juste à toi-même. »

En 1956, il fait cependant un crochet par le film noir à l’occasion de « Plus dure sera la chute ». Adaptation du roman éponyme de Budd Schulberg (auteur prisé de Kazan qui adapta ses romans « Sur les quais » et « Un homme dans la foule »), le film lui permet de renouer avec le monde de la boxe, qu’il avait déjà abordé quelques années plus tôt à l’occasion de son film « Le champion », portrait sans concession d’un boxeur professionnel depuis son ascension jusqu’à son inéluctable chute. S’intéressant à l’envers du décor de la boxe professionnel, « Plus dure sera la chute » semble ainsi être le pendant sombre et cynique du « Champion », bien décidé à dénoncer frontalement toute la corruption qui a gangréné ce sport et l’a transformé en un business aussi lucratif qu’inhumain. En effet, il n’est plus question ici de boxer pour gagner sur le ring et à la force des poings une quelconque forme de respect ou de promotion sociale. Dans « Plus dure sera la chute », les boxeurs sont juste des coups marketings, des morceaux de viande interchangeables et juste bons à cogner qui doivent générer du fric par quelques moyens que ce soit (paris, billetterie, marchandising, publicités...). Et tant pis si au passage il faut truquer un match ou acheter la complaisance d’un agent, d’un arbitre ou d’un commissaire sportif. L’essentiel étant que les affaires tournent et que chacun y trouve son compte. Exception faite des boxeurs eux-mêmes, véritables victimes sacrificielles, qui se font honteusement plumer par un système d’agents et d’intermédiaires tous plus véreux les uns que les autres. Mais au-delà même de la limpidité et de la violence de sa démonstration, le film vaut aussi et surtout pour la remarquable performance de Bogart, toujours formidable dans son éternel rôle de héros détaché, faussement cynique, confronté à ses propres contradictions et à une volonté farouche de rétablir la justice. Vraiment un très bon film, nerveux et racé.

***

Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un nouveau Master Haute-Définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de deux présentations distinctes respectivement signées Patrick Brion et François Guérif.

Edité par Sidonis Calysta, « Plus dure sera la chute » en blu-ray ainsi qu’en DVD depuis le 8 septembre 2020.

Le site Internet de Sidonis Calysta est ici. Sa page Facebook est ici.