Le lion et le vent

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Rimini Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Le lion et le vent » de John Milius.

« Le peuple réclame Helen Carter vivante ou El-Raisuli mort ! »

Maroc, 1904. Un conflit oppose la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Le chef Berbère El-Raisuli, « Le Magnifique », enlève Eden Perdicaris, une jeune américaine et ses deux enfants. Par cet enlèvement, il veut provoquer un incident diplomatique et s’opposer au sultan Abdelaziz, compromis avec les puissances occidentales.

« Quand on choisit la voie de la grandeur, on s’aperçoit que la route à suivre est à l’arrivée solitaire »

Pour toute une génération de geeks, John Milius reste le réalisateur de « Conan le barbare », folle épopée d’heroic fantasy qui fera d’Arnold Schwarzenegger une icône. Pour autant, cela reste forcément très réducteur, tant John Milius fut une figure importante du cinéma américain des années 70 et 80. Scénariste parmi les plus prisé de son époque, on lui doit notamment les scénarios de « Jeremiah Johnson » (Pollack, 1972), « Juge et hors-la-loi » (Huston, 1972), « Magnum force » (Siegel, 1973), « 1941 » (Spielberg, 1979) ou encore « Extrême préjudice » (Hill, 1987). Mais son plus grand fait d’armes sera sans doute sa collaboration avec Coppola pour l’écriture du monument « Apocalypse now » (1979). Mais lassé de voir ses scénarios originaux souvent édulcorés et dénaturés, il se décidera à passer derrière la caméra de façon assez sporadique, réalisant sept films (dont le magnifique « Graffiti party » en 1978) en l’espace de vingt ans (1973 à 1991). Avant de disparaitre progressivement des radars. 

« Il arrive parfois qu’on se rende compte que nos ennemis sont plus remarquables que nos amis »

En 1975, il entreprend la réalisation de son deuxième film, « Le lion et le vent », deux ans après avoir fait ses débuts derrière la caméra avec « Dillinger ». Librement inspiré d’un fait divers réel (l’enlèvement très médiatisé outre-Atlantique en 1904 d’un ressortissant américain, Ion Perdicaris, par des brigands berbères), le film est une grande fresque d’aventures exotiques sur fond de conquête coloniale du Maroc. Le scénario, lui, joue en parallèle sur deux tableaux, s’intéressant à la fois à l’intime avec l’étrange relation qui se noue entre l’otage américaine et son ravisseur, et de façon plus large à la crise internationale engendrée par ce rapt. Surtout, il donne lieu à un étrange duel à distance entre le chef berbère rebelle qui refuse tout impérialisme et le Président des États-Unis qui souhaite pour sa part se servir de cet évènement pour faire une démonstration de force dans le but d’assurer sa réélection. En cela, le cinéaste trouve dans « Le lion et le vent » l’occasion d’aborder ses thèmes de prédilection : la relation du héros face à son destin et à l’Histoire, mais aussi son rapport à la violence à la fois comme objet et comme moyen du pouvoir. En la matière, il esquisse avec El-Raisuli l’archétype du héros tel qu’il l’idéalise : un guerrier rebelle, libre et redoutable, qui ne craint pas d’aller lui-même livrer bataille, tirant son aura de son épée (grande leçon lorsqu’il châtie des intrus dans son oasis). Face à lui, la toute puissance théorique du Président Theodore Roosevelt fait bien pâle figure, se retrouvant à déléguer le privilège du combat et à chasser des ours inoffensifs. Dans tous les cas, le film demeure une belle aventure épique et spectaculaire, ponctuée de formidables fulgurances de violence (la charge à cheval de El-Raisuli sur la plage, l’attaque du corps expéditionnaire américain...) et portée par des acteurs d’exception (Sean Connery, Candice Bergen, Brian Keith et John Huston).

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Le DVD : Le film est présenté dans un nouveau master Haute-Définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (1.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de « John Milius, la genèse d’un mythe » : interview de Samuel Blumenfeld, journaliste au Monde (43 min.) et d’un Commentaire audio autour de la musique de Jerry Goldsmith par Yavar Moradi, Clark Douglas, Jens Dietrich et W. David Lichty, animateurs du podcast « The Goldsmith Odyssey ».

Edité par Rimini Editions, « Le lion et le vent » est disponible en Edition Mediabook collector (DVD + blu-ray + un livre de 100 pages dédié au film et signé Christophe Chavdia et Stéphane Chevalier) depuis le 11 novembre 2020.

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