LES PETITS MEURTRES D’AGATHA CHRISTIE (Critique Saison 3 Épisode La chambre noire) Une intrigue originale et une ambiance qui fonctionne…

LES PETITS MEURTRES D’AGATHA CHRISTIE (Critique Saison 3 Épisode La chambre noire) Une intrigue originale et une ambiance qui fonctionne…

Deux jeunes mannequins sont assassinés à quelques jours d'intervalle. Les premières pistes emmènent Gréco vers le magazine de mode FEMMES et son photographe sulfureux, John Devers, qui aime les très jeunes filles. Lorsqu'une troisième jeune modèle du magazine est assassinée, le Commissaire Divisionnaire met Gréco sur la touche et confie l'affaire à une star de la Crime parisienne. Vexée à mort, Gréco démissionne. Mais elle met un point d'honneur à trouver le meurtrier avant tout le monde. Elle mène l'enquête depuis sa chambre d'hôtel, avec ses deux adjoints Max et Rose en sous-marin au Commissariat.
A peine arrivée, déjà en train de plier bagages ! La commissaire Gréco ( Emilie Gavois-Kahn), qui n'a décidément pas sa langue dans sa poche, se voit dessaisir de l'enquête sur les meurtres de deux mannequins de l'emblématique magazine de mode Femmes par le Divisionnaire Legoff ( Quentin Baillot). Blessée dans son orgueil, elle claque la porte du commissariat avec la ferme intention de ne jamais y remettre les pieds. Beretta et Rose sont contraints de seconder le gouailleur PVK ( Loïc Legendre), un enquêteur de la Crim' à Paris, le genre à rouler des mécaniques, pendant que Blum ( Benoit Moret) déprime complètement. Un suspect est très vite appréhendé, mais un troisième meurtre vient singulièrement compliquer une affaire qui paraissait simplissimes. Beretta ( Arthur Dupont), chez qui le départ de la commissaire a réveillé la phobie de l'abandon autant qu'une profonde colère, se retrouve attaché à la sécurité du l'égérie numéro 1 de Femmes, Jane Malory ( Aggy K Adams). Cible potentielle, ou coupable ?
" Il faudrait les balancer ces porcs!
- Un jour, peut-être... "
Avec cette intrigue originale dans le milieu on ne peut plus controversé de la mode signée Eliane Montane et Thomas Mansuy, l'équipe des Petits Meurtres démontre avec brio qu'elle a les moyens de se renouveler sans cesse et, disons-le carrément : d'être à la page. En pleine " libération de la femme " des années avant la libération de la parole, surfant sur la mouvance #metoo avec une modernité de ton qui ne contredit jamais l'époque folle des 70's. La Chambre Noire interpelle le spectateur moderne sur le triste constat d'une trop lente évolution des mœurs. Et ce, sans uniquement verser dans le cliché du photographe amoureux de ses modèles - un stéréotype vieux comme le monde - mais via, et c'est plus surprenant peut-être, le personnage parfois bas de plafond de Beretta, dont les yeux ne savent plus où se poser durant cette enquête, oscillant entre le rôle du chevalier blanc et celui du goujat de base. En parallèle, on voit Gréco se lier d'amitié avec un mystérieux inconnu ( Jérôme Kircher), camarade de beuverie d'un soir, dont les manières ne laissent pas de surprendre...
On s'imprègne de plus en plus des codes vestimentaires - qui, paradoxalement, libèrent la femme de certains carcans pour mieux l'enfermer, ici, dans un autre rôle de femme objet - des décors baba cool (l'hôtel tenu par l'inénarrable Bob ( Nicolas Lumbreras) est un sommet d'esprit 70's !) et de la Renault 15 de Beretta. L'ambiance fonctionne, même si le choix de la bande-son, aux gimmicks aussi répétitifs qu'entraînants qui restent bien en tête, a de quoi désarçonner. On remarquera, d'avantage que dans le précédent épisode, un travail remarquable sur le cadrage " d'époque ", avec ces écrans découpés qui offrent plusieurs angles de vue en simultané, et qui s'imposent dans cette saison comme les plans à la Hitchcock dans la saison 2. Sur la forme, le travail de recherche, immense, est palpable, et le visionnage un régal avec, à la réalisation, l'indissociable Nicolas Picard-Dreyfuss.
On a d'ores et déjà adopté les petits nouveaux, sans heurts, avec malgré tout quelques réserves encore sur le rôle envahissant et parfois redondant de la psychologue Rose Bellecour ( Chloé Chaudoye), dont l'analyse perpétuelle peut en agacer d'autres que Gréco et Beretta, mais qui a le mérite d'illustrer les débuts de la criminologie moderne avec l'émergence du terme " tueur en série ". On attend beaucoup du développement de ce personnage dans les futurs épisodes. On regrette aussi un certain détachement par rapport aux victimes, concentrés que nous sommes sur les meneurs d'enquête plutôt que sur les cibles, parties pour ainsi dire négligeables de l'intrigue, en définitive, réduites à de simples prétextes au bon déroulement de l'histoire... On aimerait trembler un peu plus pour le sort de ces seconds couteaux, et moins pour la carrière de Gréco.
La suite au prochain épisode, sur France 2.

Crédits: France 2