Forrest Gump

Forrest GumpLe monde selon Forrest

Forrest Gump, un simple d’esprit nourri d’amour dès son plus jeune âge par sa mère, qui va traverser toute la moitié du XXème siècle en portant un regard naïf sur l’histoire des Etats-Unis. Durant près de 30 ans, ce personnage lunaire mais super attachant va être de tous les moments clés de l’histoire, rencontrer des sommités (Presley, des présidents américains, Lennon,…) et même parfois à son corps défendant avoir un impact sur le cours de l’Histoire et souvent sous forme humoristique. Robert Zemeckis en profite alors pour faire parler la machine à effets spéciaux, tous fort bien réussis et toujours bluffant 26 ans plus tard. L’humour est bien présent, mais la romance prend souvent le dessus et nous emporte littéralement jusqu’à un final dans lequel Tom Hanks (Forrest Grump) fait parler tout son talent. De tous les plans, il est d’une humanité incroyable, à la fois expressif et tout en retenue ; une composition sur le fil du rasoir toujours hyper juste qui nous tient dans le film. Qu’aurait donné Bill Murray ou pire John Travolta dans le rôle-titre, eux qui refusèrent le film ? Robert Zemeckis grâce à son montage, ses cadrages précis parvient à tenir une belle puissance émotionnelle durant 2h20 sans faille. Au point que l’on pourrait regarder un film doudou ; mais voilà, la Jenny du scénario réserve aussi plein de surprises qui en font un personnage tragique en diable et qui va en secouer plus d’un. Mon fils de 12 ans ½ a dû lutter contre les larmes. Bon, les pisses froids diront que c’est un peu facile, tire larme, que la morale cachée derrière ce film est simplette. Mais cette naïveté aurait pu sombrer dans la mièvrerie, mais elle choisit plutôt le camp de l’empathie et fait naitre chez tout un chacun des sentiments et des émotions universelles. Il rafla 6 Oscars et les plus prestigieux : meilleur film, meilleur réalisateur, acteur, scénario, montage, effets visuels. Manque à l’appel uniquement celui de la bande originale, la musique d’Alan Silvestri est une des plus belles partitions écrites pour le cinéma. Si on y ajoute la multitude de tubes jalonnant le film, véritable compilation de l’Histoire musicale américaine de ces époques, c’est un réel ravissement auditif. Et puis toutes les réflexions philosophiques de Gump car elle sont portées par un simple d’esprit font du bien comme les messages des papillotes, car elles obligent à se poser les bonnes questions : « La vie, c’est comme une boîte de chocolats : on ne sait jamais sur quoi on va tomber » ; « N’est stupide que la stupidité », « Il faut laisser le passé derrière soi si on veut avancer », « Je ne sais pas si on a chacun un destin, ou si on se laisse porter par le hasard comme sur une brise. Je crois que c’est peut-être un peu des deux », « Maman disait toujours : ‘‘Mourir faisait partie de la vie.’’ J’aurais aimé que non », ou encore « Qu’est-ce que la normalité, d’abord ? ».

Car Forrest Gump, sous ses dehors niais, est bien le Candide d’une époque où tout semble aller trop vite, habile observateur d’une société où le futile l’emporte sur le nécessaire. Et Tom Hanks est, quoiqu'on en dise, magistral, attendrissant et fascinant

Sorti en 1994

Ma note: 17/20