Mort de Jean-Pierre Bacri !

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Jour de deuil particulièrement triste pour les amoureux du cinéma, on apprend la mort du scénariste et acteur Jean-Pierre Bacri aujourd'hui en ce jour du 18 janvier 2021 à l'âge de 69 ans.

Né en 1951 en Algérie au sein d'une famille de confession juive, son père est facteur mais aussi ouvreur dans un cinéma le week-end avec qui il découvre ses premiers films. Avec sa famille, il revient en France et s'installe à Cannes en 1962. Il poursuit sa scolarité en espérant d'abord devenir professeur de français et de latin. Mais à 25 ans il change de voie, il décide de monter à Paris et de travailler dans la publicité. Il galère pourtant un temps, devient placeur pour la salle de l'Olympia tout en suivant des formations notamment au célèbre Cours Simon.

C'est à cette époque qu'il commence à écrire des pièces de théâtre, sa première étant "Tout Simplement" (1977), avant de recevoir le prix de la Vocation 1979 pour "Le Doux Visage de l'Amour". Entre temps, il monte sur la planches en jouant dans des pièces avec son premier rôle dans la pièce "Les Catcheuses" (1977). Il obtient également un rôle pour sa première apparition sur grand écran dans "Le Toubib" (1980) de Pierre Granier-Deferre avec Alain Delon.

Alternant théâtre et cinéma, il se fait particulièrement remarqué en proxénète dans "Le Grand Pardon" (1982 - ci-dessus) de Alexandre Arcady au sein d'un casting prestigieux. Il retrouve aussitôt le réalisateur et une partie du casting pour "Le Grand Carnaval" (1982).

Il enchaîne les rôles durant les années 80 où il devient une gueule de plus en plus reconnue par le public avec des films comme "Edith et Marcel" (1983) de Claude Lelouch, "La Septième Cible" (1984) de Claude Pinoteau, (1985) de Luc Besson, "Rue du Départ" (1986) de Tony Gatlif et surtout "L'Eté en Pente Douce" (1987 - ci-dessous) de Gérard Krawczyk avec Jacques Villeret et Pauline Lafont.

1987 devient une année charnière puisqu'il rencontre une certaine Agnès Jaoui, jeune actrice qui n'a alors que trois films à son actif, et avec qui il se met en couple et qui devient aussitôt son alter ego (ci-dessous).

L'acteur tourne beaucoup et aborde tous les styles avec entre autre "Les Saisons du Plaisir" (1988) de Jean-Pierre Mocky, "Mes Meilleurs Copains" (1989) de Jean-Marie Poiré, "La Baule-les-Pins" (1990) de Diane Kurys et "Le Bal des Casse-Pieds" (1992) de Yves Robert.

Sa carrière prend un nouveau tournant en collaboration avec sa compagne Agnès Jaoui avec qui il co-écrit la pièce de théâtre "Cuisines et Dépendances" (1991 - ci-dessous) qu'ils interprètent ensemble sur les planches. Le succès est tel que le long métrage suit aussitôt, avec un scénario signé Bacri-Jaoui pour un film éponyme (1992) de Philippe Muyl qui confirme la qualité intrinsèque de l'oeuvre. Le couple reprennent logiquement leurs rôles dans ce film qui est très bien accueilli. Le duo signe sur la même période le scénario du film "Smoking/No Smoking" (1992) de Alain Resnais qui confirme la reconnaissance pour leur talent d'écriture avec en prime le César du meilleur scénario 1994.

Bacri apparaît dans la comédie "La Cité de la Peur" (1994) de Alain Berberian avec les trublions de Canal Les Nuls. Simultanément il co-signe une nouvelle fois avec Agnès Jaoui la pièce de théâtre "Un Air de Famille" dont le nouveau succès amène à un nouveau film, "Un Air de Famille" (1996 - ci-dessous) de Cédric Klapish dans lequel le couple reprend également leur personnage devant la caméra. Le succès se confirme une nouvelle fois avec un 3ème César. Le couple est alors au sommet d'une renommée méritée.

Après avoir retrouvé Alain Chabat pour "Didier" (1997 - ci-dessous), l'acteur-scénariste co-signent avec Jaoui le film "On connaît la Chanson" (1997) de Alain Resnais, le duo obtient un nouveau César du meilleur scénario et cette fois Bacri reçoit également le César du meilleur second rôle.

L'acteur joue ensuite dans les films "Place Vendôme" (1998) de Nicole Garcia avec Catherine Deneuve, "Peut-Être" (1999) de Cédric Klapish et "Kennedy et Moi" (1999) de Sam Karmann, tous de jolis succès avant de co-signer l'excellent "Le Goût des Autres" (2000 - ci-dessous) qui est aussi la première réalisation de sa compagne Agnès Jaoui pour qui il joue également le rôle principal. Le film est un succès et le duo obtient leur 4ème César du meilleur scénario en 4 films !

Proche de Alain Chabat, il accepte de collaborer au scénario de "Astérix et Obélix : Mission Cléôpatre" (2002) sans être crédité. Il joue ensuite dans "Une Femme de Ménage" (2002) de Claude Berri, il est surtout un amant singulier de Isabelle Carré dans le joli "Les Sentiments" (2003) de Noémie Lvovsky avant de retrouver sa compagne Agnès Jaoui avec qui il co-signe son second long métrage "Comme une Image" (2004) dans lequel il joue une nouvelle fois le rôle principal, le duo reçoit le Prix du Scénario au Festival de Cannes 2004.

Après avoir joué dans "Selon Charlie" (2006 - ci-dessous) de Nicole Garcia il collabore une énième fois avec Agnès Jaoui, au scénario et devant la caméra pour "Parlez-Moi de la Pluie" (2008). L'acteur enchaîne avec les films "Adieu Gary" (2009) de Nassim Amaouche, "Avant l'Aube" (2010) de Raphaël Jacoulot et "Cherchez Hortense" (2012) de Pascal Bonitzer.

Cette même année 2012 survient une annonce à laquelle on aurait presque peine à croire, le couple Bacri-Jaoui se sépare officiellement. Mais si le couple n'est plus le duo reste aussi soudé qu'auparavant, toujours très lié Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui demeure inséparable surtout dans l'écriture puisqu'ils se retrouvent pour le film "Au Bout du Conte" (2013 - ci-dessous) réalisé par elle, co-écrit à deux, et joué par Bacri.

Toujours aussi prolifique, et d'une belle régularité, Jean-Pierre Bacri joue toujours à une bonne moyenne de 2-3 films par an. Il tourne donc dans "La Vie très Privée de Monsieur Sim" (2015) de Michel Leclerc, "Tout de Suite Maintenant" (2015) de Pascal Bonitzer, "Grand Froid" (2017) de Gérard Pautonnier, "Le Sens de la Fête" (2017 - ci-dessous) du duo Nakache-Toledano, et retrouve son pote Chabat pour "Santa et Cie" (2017).

Le théâtre a pris beaucoup moins de place après 2000, mais Bacri y aura toujours une place jusqu'à son dernier rôle sur les planches pour la pièce "Les Femmes Savantes" (2016) d'après Molière mise en scène de Catherine Hiegel.

Il collabore une ultime fois Agnès Jaoui, chacun dans ses fonctions habituelles, pour le film "Place Publique" (2018) avant de jouer son dernier rôle dans le drame familial "Photo de Famille" (2018) de Cécilia Rouaud.

Jean-Pierre Bacri aura mis quelques années à atteindre le sommet, on peut dire que sa rencontre avec Agnès Jaoui à donner toute sa dimension à l'artiste. De ses talents d'écritures à son personnage de sempiternel bougon il restera un des grands noms du cinéma de ces 30 dernières années.

Jean-Pierre Bacri est mort ce jour du lundi 18 janvier 2021 à l'âge de 69ans des suites d'un cancer.