Les Sept Mercenaires (1960) de John Sturges

Western parmi les plus mythiques du Septième Art, il est marque aussi les adieux du western classique de l'Âge d'Or autant que les Peckinpah et les Leone marque le crépuscule du genre. Le film est en fait le remake version far-west du chef d'oeuvre japonais "Les 7 Samouraïs" (1954) de Akira Kurosawa. Si la star Yul Brynner souhaitait acheter les droits après l'avoir vu il fut néanmoins devancé de peu par le producteur Walter Mirisch ce qui poussa ensuite la star Anthony Quinn à saisir la justice affirmant que le projet lui étaiyt promis par Yul Brynner. Quinn sera débouté mais Brynner collaborera finalement avec Mirisch. Le producteur Lou Morheim demanda au scénariste Walter Bernstein d'adapter fidèlement le scénario original de Shinobu Hashimoto et Kurosawa ; Bernstein qui sortait alors tout juste de sa disgrâce maccartyste en signant notamment "L'Aventurier du Rio Grande" (1959) de Robert Parrish ety qui signera plus tard "Le Train" (1964) de John Frankenheimer ou encore "Point Limite" (1964) de Sidney Lumet. Mais Mirisch et Brynner n'était pas complètement satisfait et le scénario sera repris par un autre scénariste réputé, Walter Newman auteur de "Le Gouffre aux Chimères" (1951) de Billy Wilder et "L'Homme au Bras d'Or" (1955) de Otto Preminger. Et quelques modifications seront apportées enfin par William Roberts qui signera plus tard "Le Pont de Remagen" (1969) de John Guillermin et "La Brigade du Texas" (1975) et et avec Kirk Douglas. Modifications qui seront surtout demandées expressément par les censeurs mexicains, imposés après la déception des autorités mexicaines suite à la mauvaise image selon eux qu'ils ont dû supporté suite au tournage du classique "Vera Cruz" (1954) Robert Aldrich allant d'ailleurs jusqu'aux costumes des paysans qui se devaient d'être propres ! La réalisation est confié à un spécialiste du genre, John Sturges qui a signé plusieurs grands westerns de "Fort Bravo" (1953) à "Chino" (1973) en passant par Règlements de Comptes à OK Corral" (1957)...Les Sept Mercenaires (1960) de John Sturges

Des villageois qui subissent les agressions incessantes de bandits menés par Calvera décident une ultime solutions, acheter des armes et combattre enfin. Envoyant trois paysans à la frontière pour l'achat, finalement les paysans demandent à un pistoleros qui vient de les impressionner d'accepter la mission de les former. Désabusé mais expérimenté, ce pistolero accepte malgré la somme dérisoire que leur propose les villageois mexicains. Ce pistolero, Chris, leur explique alors qu'il va falloir embaucher 6 autres mercenaires pour mener à bien la mission, un minimum. Ainsi, les 7 pistoleros arrivent au village et tentent de former les villageois avant le retour de Caldera et ses hommes... Le casting est mené par la star Yul Brynner (qui épousa sa femme durant le tournage ce qui a conduit à se servir de la fête pour la séquence du film), accompagné de 6 autres acteurs qui sont alors des "gueules" encore modestement connues. Yul Brynner a notamment gravit le star system avec "Le Roi et Moi" (1956) de Walter Lang, "Les 10 Commandements" (1956) de Cecil B. DeMille et "Les Frères Karamazov" (1958) de Richard Brooks. Les 6 autres mercenaires sont incarnés par Steve McQueen alors vedettes de la série TV "Au Nom de la Loi" (1958-1961) qui venait de jouer dans "La Proie des Vautours" (1959) de John Sturges retrouvant ainsi son acolyte Charles Bronson abonné depuis des années aux rôles de mexicains ou d'indiens comme justement dans "Vera Cruz" ou "Le Jugement des Flèches" (1957) de Samuel Fuller. James Coburn qui était si fan de "Les 7 Mercenaires" qu'il a fait des pieds et des mains pour avoir le rôle du lanceur de couteau, rôle qu'il a obtenu en partie grâce à son ami Robert Vaughn qui avait été choisit pour son rôle remarqué dans "Ce monde à Part" (1959) de Vincent Sherman. À noter que le trio McQueen-Bronson-Corburn retrouveront John Sturges dans un autre monument du cinéma, "La Grande Evasion" (1963). Vaughn lui retrouvera McQueen dans (1968) de Peter Yates. Les deux derniers sont joués par Brad Dexter, seconds couteaux vu entre autres dans "Quand la Ville Dort" (1950) de John Huston et "Tant que Soufflera la Tempête" (1955) de , puis enfin le petit jeune incarné par Horst Buchholz, acteur allemand méconnu aux Etats-Unis mais qui était alors considéré comme une star en devenir en Europe après des films comme "Monpti" (1957) de Helmut Käutner avec Romy Schneider et "Les Mutins du Yorik" (1959) de Georg Tressler.

Les Sept Mercenaires (1960) de John Sturges

Le méchant Caldera est incarné par Eli Wallach qui avait déjà marqué dans le chef d'oeuvre "Baby Doll" (1956) de et qui marquera encore dans "The Misfits" (1961) de John Huston ou en revenant au western dans le mythique "Le Bon, la Brute et le Truand" (1966) de Sergio Leone. Pour terminer, citons le vieil homme joué par Vladimir Sokoloff, comédien au destin digne d'un film de la Russie aux Etats-Unis en passant par l'Allemagne et la France les aléas géo-politiques de l'Histoire lui ont permis de jouer notamment dans "L'Atlantide" (1932) de G.W. Pabst, "Les Bas-Fonds" (1936) de Jean Renoir ou encore dans "La Rue Rouge" (1945) de , puis la belle paysanne énamourée est interprétée par Rosenda Monteros révélée par "Nazarin" (1959) de Luis Bunuel... Dès les premières minutes on remarque surtout la célèbre et mythique musique du film, signée de Elmer Bernstein, compositeur majeur de "L'Homme au Bras d'Or" (1955) à "Loin du Paradis " (2002) de Todd Haynes en passant aussi par "La Grande Evasion" de Sturges et les suites futures du film, à savoir "Le Retour des Sept" (1966) de Burt Kennedy où Brynner reprend son rôle, "Les Colts des Sept Mercenaires" (1969) de Paul Wendkos et "La Chevauchée des Sept Mercenaires" (1972) de George McCowan... Ce western est mythique, et à chaque visionnage on ne peut que constater ces quelques défauts notables mais on constate aussi qu'ils ne sont pas assez forts pour gâcher le plaisir tant le souffle épique et les envolées sont inspirées. La première partie est un peu longue sans doute, où Chris recherche les 6 hommes qui vont l'accompagner dans une mission qu'il sait d'ores et déjà suicidaire. Un "casting" que reprendront bien des westerns comme les suites des "7 Mercenaires" et pas de films de guerre popularisés à partir de "Les 12 Salopards" (1967) de Robert Aldrich. Mais cela permet la mise en place et la présentation des 7 héros qui débute avec la scène cultissime de l'escorte du corbillard. On sourit devant l'appât du gain aveugle de Harry/Dexter, on est séduit par l'ambiguité de Lee/Vaughn, on se délecte de la classe de Britt/Coburn, on est touché par Bernardo/ Bronson, on s'amuse du beau gosse ingénu Chico/Buccholtz, on adore le cabotinage pas si anodin de Vin/McQueen et on ne peut qu'être impressionné par le charisme de Chris/Brynner. D'ailleurs, la rivalité entre Brynner et McQueen est devenu une anecdote aussi croustillante que savoureuse, où comment le jeune McQueen aux dents longues cherche par tous les moyens (jouer avec son chapeau, faire plusieurs gestes à priori anodins) à attirer l'attention jusqu'à ce que Brynner le mettent en garde que s'il retirait son chapeau plus personne ne ferait attention à lui ! Ce dernier point a été expliqué par Horst Buchholtz des années plus tard.

Les Sept Mercenaires (1960) de John Sturges

Par contre, malgré des personnages attachants même dans leur défaut et sans oublier l'inénarrable Eli Wallach, on peut rester perplexe voir déçu par le traitement différent entre certains personnages. On pense surtout à la position favorable de Buchholtz (jeune premier oblige ?!) alors que le personnage génial du lanceur de couteau incarné par le génial James Coburn semble le dernier des 7. Evidemment, voir des paysans pauvres du désert aussi apprêtés prêtent à sourire (merci les censeurs), mais ça se rattrape largement par un propos de fond qui enrichit un scénario qui pourrait paraître primaire et qui est résumé en une réplique par Chris/Brynner : "Le vieux a raison : les paysans ont gagné. Nous, on perd toujours."... On peut d'ailleurs savourer la qualité des dialogues entre punchlines et réflexions philosophiques, avec cynisme et/ou humour comme par exemple :

"Ca ma rappelle l'histoire de ce type à san Francisco qui s'était jeté dans un cactus après s'être mis tout nu ; moi aussi, je lui ai demandé pourquoi. - Il m'a dit que sur le moment, l'idée l'avait tenté" "C'est le plus beau coup de revolver que j'ai jamais vu !' - Le plus mauvais, je visai le cheval." - C'est pas d'arriver là-bas qui m'inquiète. C'est plutôt d'y rester." "C'est comme l'histoire de ce type qui s'est jeté d'un immeuble de dix étages. À chaque étage, les gens l'entendaient dire :"Jusqu'ici ça va. Jusqu'ici ça va. Jusqu'ici ça va..." "Si Dieu ne voulait pas qu'on les tonde, pourquoi en a-t-il fait des moutons ?"

Parfois maladroit dans l'ensemble, le film demeure un grand classique, un mythe du genre qui doit beaucoup à son casting et ses personnages, à la B.O. tout aussi culte de Elmer Bernstein, au sens du spectacle de John Sturges. Une réussite telle que même Akira Kurosawa a adoré ce remake, à tel point que le maître japonais a offert un nihontô (sabre japonais) à John Sturges ! Ce qui est assurément un gage de satisfaction !

Le succès ouvrira la route à trois suites et à divers remakes plus ou moins inspirés dont le récent "Les Sept Mercenaires" (2016) de Antoine Fuqua.

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Pour info bonus, Note de mon fils de 11 ans :

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