Abominable (2019) de Jill Culton et Todd Wilderman

Productions Dreamworks, mais aussi et surtout en collaboration avec Pearl Studio, filiale chinoise pour optimiser un marché asiatique de plus de 1 milliard 5 de spectateurs potentiels. Derrière ce projet on retrouve donc les producteurs des film d'animation comme (2015), "Kung Fu Panda 3" (2016), (2017), et plus récemment "Les Croods 2" (2020)... On note que cette histoire de yéti sent un peu le réchauffé puisque lors de sa sortie an salle, le film avait été devancé par Warner et son "Yéti et Compagnie" (2018) de Karey Kirkpatrick et Jason A. Reising. Le film est dévolu à la réalisatrice-scénariste Jill Culton, qui a signé le scénario du Pixar "Monstres et Cie" (2001) de Pete Docter et Lee Unkrich, et qui a écrit et réalisé le Disney "Les Rebelles de la Forêt" (2005). Sur ce projet elle est assistée comme co-réalisateur par Todd Wilderman, qui a travaillé sur la franchise "Les Rebelles de la Forêt" comme animateur ainsi que sur des films comme (2013) et "Les Trolls" (2016).

Abominable (2019) de Jill Culton et Todd Wilderman

À noter que la promo annonce parfois qu'il s'agit du premier film d'animation Dreamworks dont l'héroïne est une jeune fille, ce qui est faux, rappelons-nous Tif de "En Route !" par exemple... Une fillette chinoise, Yi, découvre un Yéti sur le toit de son immeuble avant de comprendre qu'il est pourchassé par des mercenaires. Elle décide de l'aider à retourner dans l'Himalaya, aider par ses cousins Jin et Peng... Dans la version original, l'héroïne a la voix de Chloe Bennett (née Wang) qui a vécu en Chine chez sa grand-mère, actrice surtout connue pour la série TV "Les Agents du S.H.I.E.L.D." (2013-...), et citons la grand-mère incarnée vocalement par Tsai Chin, première chinoise à intégrer la Royal Academy odf Dramatic Art de Londres et qui fut une "Bond Girl" dans "On ne vit que Deux Fois" (1967) de Lewis Gilbert et "Casino Royale" (2006) de Martin Campbell. Précisons qu'il n'y a aucune star ou vedette notable dans la V.F.... Le première chose qu'on constate dans ce film est le yéti, qui déçoit tant il n'a rien à voir avec l'abominable homme des neiges. Comme l'indique la réalisatrice-scénariste le yéti alias Everest (original !) est inspiré de très gros chiens dont elle est fan elle-même : "Ce sont des chiens de chasse la plupart du temps mais ils sont comme de gros enfants, baveux, maladroits et crasseux". Si on confirme le côté canin, il reste néanmoins trop éloigné d'un monstre des neiges avec sa bouille de grosse peluche. L'intrigue est éculée et sans aucune surprise, l'impression de déjà vu est grande notamment avec sa collection de poncifs sur les adolescents, et sur le deuil, deux paramètres quasi toujours présents dans les films d'animation aujourd'hui. Le plus décevant est que Everest le yéti est en fait un personnage presque secondaire, à l'exception de ses pouvoirs (donc sur une toute petite partie du film) il n'est qu'un sidekick (compagnon le plus proche et souvent faire-valoir du héros) sur qui repose l'humour. Par là même, les pouvoirs du yéti sont si impressionnants qu'on se demande comment il a pu être fait prisonnier (?!), une question sans réponse mais qui reste pourtant dans un petit coin.

Abominable (2019) de Jill Culton et Todd Wilderman

L'autre petit bémol reste la musique, alors que le violon a une importance non négligeable (morceaux joués par le duo Clio et Thomas Gould pour info), la musique se résume à un morceau joué 1 1/2 fois, sans envolée lyrique, juste un moment mélomane sympa mais qui ne marque pas forcément les esprits. Heureusement, les personnages restent très sympathiques, drôles parfois (Everest et le petit cousin), agaçant aussi (le cliché du cousin superficiel), émouvant (l'héroïne essentiellement), les paysages et les décors sont magnifiques (surtout la partie du Grand Bouddha de Leshan), et le rythme soutenu permet de ne pas s'attarder sur les détails. Des détails qui polluent notamment le début du film : Yi dont les mollets semblent difformes comparés aux autres personnages, un yéti narcoleptique (?!), pourquoi Yi se cache dès le début alors qu'elle n'est ni recherché ni en danger (?!), un bateau qui avance en faisant du sur place (?!), Yi qui aurait un sac sans fond, un yéti dont le pouvoir agit sur la nature et qui soudain semble pouvoir agir sur des photographies (?!)... etc... On passera sur un message plus ou moins subliminal du pouvoir géo-politique chinois (qui a fait polémique en Asie du sud-est sur des revendications de souveraineté territoriale) que la plupart des gens ne verront même pas, d'autant plus quand le public cible demeure les enfants pour lesquels cette question leur passe largement au-dessus. En conclusion, Jill Culton signe un film d'animation efficace dans sa globalité, avec un humour qui fonctionne plutôt bien, mais qui n'a rien d'exceptionnel car aborde des sujets loin d'être nouveaux, qui omet une dimension musiciale pourtant essentielle, et un graphisme qui manque un peu d'audace. Un bon moment à défaut d'être remarquable.

Abominable (2019) Jill Culton Todd WildermanAbominable (2019) Jill Culton Todd Wilderman

Pour info bonus, Note de mon fils de 11 ans :

Abominable (2019) Jill Culton Todd WildermanAbominable (2019) Jill Culton Todd Wilderman