Connectés (2020) de Romuald Boulanger

Par Seleniecinema @SelenieCinema

2020 est fatalement une année aussi particulière qu'inédite à cause d'une pandémie qui a chamboulé le monde entier. Il était tout aussi évident que cet événement allait inspiré certain et en France, le premier à prendre l'initiative est un certain Romuald Boulanger. Un inconnu au cinéma, mais après quelques recherches il s'avère qu'il est un touche-à-tout prolifique. Pour faire vite fait bien fait, il a été animateur télé emblématique sur NRJ12, producteur et/ou manager de plusieurs artistes comme la chanteuse Nadiya, les humoristes Jeff Panacloc et Elie Semoun, producteurs d'émission TV, il a signé plus de 200 pubs, il a créé la série TV "Like Me" (2016) pour Disney qui a été vendu dans le monde entier, et, surtout, il a mis en premier pied dans le cinema en co-produisant le film "Gutshot Straight" (2014) de George Eads avec Steven Seagal avant de réalier et écrire un premier court, "Talk" (2019) avec William Baldwin et la française Vanessa Guide qui a été multi-primé lors de festivals... Bref l'homme à de la ressource et le prouve en osant aborder un sujet particulièrement brûlant encore aujourd'hui. Siglé Amazon Prime, Romuald Boulanger signe donc son premier long métrage en assumant les casquettes de producteur-réalisateur-scénariste... Etant en plein confinement dû à la pandémie du coronavirus, un groupe d'amis organisent un apéro en visio-conférence comme tous les samedis soir depuis quelques semaines. Alors que chacun se connecte au fur et à mesure avec les aléas plus ou moins habituels un mystérieux agresseur s'impose chez l'un d'eux et commence un drôle de jeu où les secrets des uns et des autres semblent à la merci d'un inconnu qui les connaît un peu trop...

Ces amis confinés sont d'une petite dizaine tous incarnés par des vedettes plus ou moins connues du cinéma et/ou de la scène comique. En premier lieu Mickael Youn et Audrey Fleurot qui se retrouvent après "Le Fantôme de Canterville" (2016) de Yann Samuel et "Divorce Club" (2020) de Youn lui-même, les deux retrouvent donc aussi après ce dernier film récent François-Xavier Demaison qui retrouve lui Franck Dubosc après "Tout le Monde Debout" (2018) de Dubosc et "All Inclusive" (2019) de Fabien Onteniente. Dubosc retrouve également deux partenaires après "Les Seigneurs" (2012) de Olivier Dahan, Vanessa Guide vue dernièrement dans "30 Jours Max" (2020) de et avec tarek Boudali, puis Claudia Tagbo vue récemment dans "Tout Simplement Noir" (2020) de Jean-Pascal Zadi. Citons enfin Stephane de Groodt vu dans "Tout nous Sourit" (2020) de Mélissa Drigeard, Pascal Demolon vu dans le navet "Brutus vs César" (2020) de et avec Kheiron, puis Nadia Farès qui après 10 ans a fait son retour avec "Chacun sa Vie" (2017) de Claude Lelouch et (2019) de Roger Avary... Evidemment, un film sur le confinement est très opportuniste mais il est tout aussi logique que des artistes s'y intéressent, comme le spectateur par ailleurs. Le concept par écran interposé façon skype s'est déjà vu, on pense à un des premiers avec "Thomas est Amoureux" (2001) de Pierre-Paul Renders jusqu'au récent "A Coeur Battant" (2020) de Keren Ben Rafael, en passant par "Unfriended" (2015) de Levan Gabriadze et "Searching - Portée Disparue" (2018) de Aneesh Chaganty pour le genre thriller, et en prime, vu le film choral le cinéaste utilise le split-screen (écran divisé), un autre concept loin d'être récent lui puisqu'il a été utilisé pour la première fois dans "Histoire d'un Crime" (1901) de Ferdinand Zecca. Romuald Boulanger met en place un film choral en écran multi-connectés, sorte de réunion d'amis qui tourne mal façon (2018) de Fred Cavayé (dans lequel jouait également Stephane de Groodt par ailleurs) en plus "virtuel".

Le premier soucis est que le réalisateur n'arrive jamais à transcender sa mise en scène, trop statique, sans imagination ce qui manque cruellement avec un concept aussi limité que des webcams. Ne serait-ce qu'une configuration un peu moins bureautique d'il y a 20 ans, un rendez-vous plus "apéro" que des verres à eau et simpel bière... Bref un peu plus de vie dans cette visio-apéro ! Le second soucis est que le scénariste ne s'est tout bonnement pas foulé, d'abord parce qu'il ne faut pas longtemps pour deviner qui se cache derrière le masque de l'intrus ! D'abord parce le montage/video/connecté ouvre des portes trop aisément, ensuite parce que l'acteur est reconnaissable de par ses tics verbaux. Résultat, le suspense sur quoi tout repose tombe à l'eau, après un début poussif on finit par souffler d'ennui malgré un final qui tente de dynamiter le rythme, mais sans contenu ça n'est que de l'esbroufe. Une idée de départ pas si bête, avec un bon potentiel même, mais avec un travail bâclé, sans conviction jusque dans le jeu de certains acteurs (De Groodt n'y croit pas, Demaison au minimum syndical...). Un gâchis il manque simplement un vrai boulot créatif sur le fond comme sur la forme.

Note :

Pour info bonus, Note de mon fils de 11 ans :