Minuit dans l'Univers (2020) de George Clooney

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Retour au cinéma de George Clooney producteur-réalisateur-acteur qu'on avait pas vu devant la caméra depuis (2016) des frères Coen et "Money Monster" (2016) de Jodie Foster, ni derrière la caméra depuis "Bienvenue à Suburbicon" (2017). Pour son retour, l'artiste adapte le roman "Good Morning, Midnight" (2016) de Lily Brooks-Dalton dont c'est le premier roman. Un titre qui a dû interpeller d'emblée puisqu'il rappelle un peu le meilleur film du réalisateur Clooney avec "Good Night and Good Luck" (2005). Le scénario est signé de Mark L. Smith connu entre autre pour les scripts des films aussi divers que "Motel" (2007) de Nimrod Antal, "The Hole" (2012) de Joe Dante, le chef d'oeuvre "The Revenant" (2016) de Alejandro Gonzales Inarritu, le remake inutile "Martyrs" (2016) de Kevin et Michael Goetz et (2018) de Julius Avery...

En 2049, la Terre est ravagée par des radiations et tandis que des scientifiques partis il y a des années à la recherche d'une planète habitable reviennent ils entre en contact avec Augustine Lofthouse, sans doute le dernier homme/scientifique sur Terre, qui s'est exilé seul au Pôle Nord. Ce dernier se sait mourant et se remémore un passé lointain, en parallèle les hommes et femmes dans le vaisseau spatial doivent prendre des décisions qui auront forcément des conséquences définitives... Le personnage principal est donc incarné par la star George Clooney qui retrouve l'espace, d'une certaine façon et d'autre autre perspective après ses expériences dans "Solaris" (2002) de Steven Soderbergh et (2013) de Alfonso Cuaron. L'équipage revenant de leur long voyage est composé des acteurs David Oyelowo qui a abordé la SF avec "Interstellar" (2014) de Christopher Nolan, et retrouvera dans "Chaos Walking" (2021) de Doug Liman son partenaire Demian Bichir vu dans "Alien : Covenant" (2017) de Ridley Scott, puis Tiffany Boone qu'on avait pas vu depuis 2015 son dernier film étant "Sublimes Créatures" (2013) de Richard LaGravanese et qui revient depuis peu avec la série TV "Hunters" (2020-...), Kyle Chandler qui retrouve Clooney qui était producteur de (2012) de et après Ben Affleck et qu'on a vu récemment dans (2018) de Damien Chazelle, et enfin citons Felicity Jones qui s'y connait en SF depuis (2016) de Gareth Edwards. En prime la jolie révélation de la toute jeune Caoilinn Spingall dans son premier rôle, et pas le dernier sans aucun doute... Un survivant isolé, un voyage spatial pour rechercher une planète de remplacement, une planète devenue invivable... Des paramètres qui renvoient forcément à bien d'autres films de SF et d'anticipation, on pense avant tout à "Solaris" au vu du lien avec Clooney, mais plus récemment on peut citer des films comme "Passengers" (2016) de Morten Tyldum ou encore (2019) de Jonathan Helpert.

Le film est scindé en deux, la partie Terre avec un homme isolé et mourant dont on se demande régulièrement à quoi il sert, puis la partie vaisseau spatial, où les scientifiques s'apprêtent à revenir chez eux avant de devoir prendre une décision radicale. La construction narrative joue avec quelques flash-backs qui s'avèrent peu intéressants et qui nous indiquent trop aisément ce que va être le twist final. Dommage, car la rencontre entre Lofthouse et la fillette aurait pu et dû nous offrir plus de mystère, plus d'émotion avec cette écrin immaculé et ce souffle glacial omniprésent qui donne une valeur ajouté non négligeable. Plus anecdotique, chuter dans l'eau glacée sans réelle conséquence est invraisemblable, comme une fillette qui sort du blizzard comme par magie (même si on peut plus ou moins l'expliquer). Dans la partie navette on est dans du classique, mais si les enjeux sont plus décisifs rien ne surprend et même lors du "twist" certaines réactions ne sont pas à la hauteur de tels rebondissements. Finalement, entre la solitude de Lofthouse et le destin final des scientifiques il n'y a pas grand chose ni sur le fond ni sur le forme. On reste sur notre faim, et même le twist (attendu !) ne permet pas de secouer un peu ce récit ennuyeux car sans tension ni angoisse d'aucune sorte. Et pourtant Clooney a donné de sa personne, jusqu'à se faire hospitalisé suite à une pancréatite déclenché par sa perte de poids importante (15kg) pour son rôle. Sans rythme, sans enjeu réel, le film offre quelques instants de grâce mais ceux-là restent trop sages et trop rares pour sauver un film un peu vain.

Note :