La Septième Compagnie au Clair de Lune (1977) de Robert Lamoureux

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Troisième et ultime épisode de la célèbre trilogie après "Mais où est donc passée la Septième Compagnie ?" (1973) et "On a retrouvé la Septième Compagnie" (1975). Le réalisateur-scénariste Robert Lamoureux collabore à nouveau avec son co-scénariste Jean-Marie Poiré qui signera d'ailleurs son premier long métrage en solo cette même année avec "Les Petits Câlins" (1977). Cette fois, si les deux premiers se déroulaient durant mai-juin 1940, cette fois l'histoire se déroule durant l'Occupation en 1942 avec une fin qui renvoie à l'épilogue du premier. Ainsi rendu à la vie civile, les trois héros ne sont plus de la 7ème Compagnie... En zone occupée en 1942, l'ex-sergent Chaudard est redevenu quincailler et attend ses amis et anciens comparses Tassin et Pithivier qui viennent passer quelques jours en vacances. Mais si la guerre est finie pour les trois trublions, ils sont loin de se douter que l'épouse Chaudard et son frère Gaston sont en fait de la Résistance et qu'il cache l'un de leur chef dans le cellier de la quincaillerie...

Jean Lefebvre et Pierre Mondy se retrouvent pour la 7ème fois depuis "Bébert et l'Omnibus" (1963) de Yves Robert, et retrouvent Henri Guybet pour la seconde fois après qu'il ait remplacé Aldo Maccione après le premier opus. Moins de seconds rôles dans cette suite, mais des acteurs plus connus pour les interpréter. Madame Chaudard jouée par Patricia Karim qui venait de travailler avec Robert Lamoureux sur la pièce "La Soupière" (1973) de Lamoureux lui-même et sur son film "Opération Lady Marlène" (1975). Le frère de madame est joué par Gérard Jugnot qui accumulait alors les petits rôles et qui deviendra célèbre avec le Splendid notamment avec des films signés de Jean-Marie Poiré comme "Le Père Noël est une Ordure" (1982). Citons ensuite André Pousse qui retrouve entre autre Jean Lefebvre et Henri Guybet après "Quelques Messieurs Trop Tranquilles" (1972) de Georges Lautner, Jean-François Derec qui venait de débuter au cinéma dans "Les Vécés étaient fermés de l'Intérieur" (1975) de Patrice Leconte, Jean Carmet qui venait de jouer deux de ses plus beaux rôles dans "Dupont Lajoie" (1974) de Yves Boisset et "La Victoire en Chantant" (1976) de Jean-Jacques Annaud. Précisons que Henri Guybet retrouve ainsi André Pousse après "Flic Story" (1975) de Jacques Deray, Jugnot après "On Aura Tout Vu" (1976) de Georges Lautner et Carmet après "Le Retour du Grand Blond" (1974) de Yves Robert. Et enfin, citons Konrad Von Bork qui joue un colonel SS après avoir été capitaine de la Wermarcht dans "Mais où est donc passée la Septième Compagnie ?"... La bonne idée du film ets de faire évoluer les trois personnages principaux dans le temps, passant de soldats lors de la débâcle de 1940 à civils démobilisés sous l'Occupation avant de devenir résistants à l'insu de leur plein gré. Ils se retrouvent donc un peu comme quand ils s'étaient retrouvés coupés de la 7ème Compagnie en 40, pas leur faute et pourquoi donc ne pas profiter du peu de liberté ?!

Par contre, on constate dans cet ultime opus un nombre d'incohérences franchement fâcheux. En effet, plusieurs modifications apparaissent incompréhensibles comparées aux deux précédents films : pêle-mêle (liste non exhaustive !), Chaudard ne se nomme plus Louis mais Paul, idem pour son épouse qui n'est plus Paulette mais Suzanne, tandis que la quincaillerie qui est à Vesoul est désormais bien proche de l'océan ! Des changements d'autant plus bêtes qu'elles ne servent à rien. D'autres incohérences existent, la plus gênante est que la Milice est créée en 1943 et n'existe donc pas en 1942. Néanmoins on apprécie que les nouvelles aventures de Tassin, Pithivier et Chaudard évolue réellement avec les événements historiques et changent d'environnement, ainsi qu'avec d'autres protagonistes. L'intrigue est bien troussée avec une nouvelle salve de répliques qui font mouche en prime comme "Jolie petite madame", "C'est le ressort qui a du mou !", "Je n'aime que toi petite fleur des champs", ou encore "il a autant l'air d'un chef que moi d'un biniou". Pour l'anecdote, ce tournage a connu également quelques déboires, toujours en rapport au relationnel et/ou à la direction d'acteur. Jugnot racontera plusieurs fois que ce tournage reste un mauvais souvenir, Lamoureux était à priori très ou trop exigeant multipliant les prises poussant notamment André Pousse à bout qui gifla réellement Jean-François Pérec dont la surprise fut gardée pour le montage final. Si ce troisième film n'a pas le charme des premiers il ne démérite pas dans son approche, l'évolution des personnages étant plutôt bien vue, avec un final qui raccroche habilement à l'épilogue du premier film. Le film reste un très joli moment de comédie populaire malgré la déception à sa sortie en salle engrageant "seulement" 1,8 millions d'entrées France au box-office ce qui est bien loin du succès des deux premiers films.

Pour info bonus, Note de mon fils de 11 ans :