Mort de Claude Brasseur !

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Nous apprenons la mort de Claude Brasseur, acteur populaire s'il en est, aujourd'hui même en ce 22 décembre 2020 à l'âge de 84 ans.

Né en 1936 à Neuilly, le jeune Claude Pierre Espinasse est le fils de deux grands acteurs, Pierre Brasseur et Odette Joyeux, eux-mêmes déjà membres d'une longue lignée de comédiens. Son parrain n'était autre qu'un certain Ernest Hemingway. Un enfant de la balle donc qui monte sur les planches dès 1955 pour la pièce "Judas" d'après Marcel Pagnol, qui enchaîne avec un petit rôle dans son premier long métrage dans "Rencontre à Paris" (1956) de Georges Lampin suivi de "Le Pays d'où je Viens" (1956) de Marcel Carné.

Le jeune acteur effectue son service militaire en Algérie au sein des Parachutistes en 1957 et reprend aussitôt la direction des plateaux où il accumule les expériences notamment sur des films comme "Rue des Prairies" (1959) de Denys de La Patellière et surtout l'envoûtant "Les Yeux sans Visage" (1960 - ci-dessous à droite face à son père) de George Franju où il joue aux côtés de son père Pierre Fresnay.

Il tourne de plus en plus, mais il apparaît aussi pour la première fois dans la petite lucarne pour le téléfilm "Le Paysan Parvenu" (1960), et joue sur scène régulièrement comme pour "Un Ange qui Passe" (1960) signé de Pierre Fresnay.

Il épouse la mannequin Peggy Roche en 1961, qui deviendra la compagne de Françoise Sagan après leur divorce au début des années 70. Il épouse ensuite Michèle Cambon avec qui il aura un fils, Alexandre (ci-dessous) qui deviendra aussi acteur, poursuivant ainsi la dynastie.

Durant les années 60 il accumule les tournages avec la plupart du temps des seconds rôles plus ou moins importants. Citons "La Bride au Cou" (1961) de Roger Vadim, "Le Caporal Epinglé" (1962) de Jean Renoir, Germinal" (1963) de Yves Allégret, "Bande à Part" (1964) de Jean-Luc Godard, "Du Rififi à Paname" (1966) de Denys de La Patellière, "Un Homme de Trop" (1967) de Costa Gravas, "Caroline Chérie" (1968) de La Patellière...

Finalement, l'acteur obtient ses rôles principaux plus aisément à la télévision, d'abord dans le téléfilm "Le Mystère de la Chambre Jaune" (1965) où il est Rouletabille, mais aussi et surtout dans la série TV "Les Nouvelles Aventures de Vidocq" (1971-1973 - ci-dessous) dont le succès n'est pas pour rien dans sa popularité grandissante.

Entre temps il aura joué dans "Un Cave" (1971) de Gilles Grangier, "Le Viager" (1972) de Pierre Tchernia, "Une Belle Fille comme Moi" (1972) de François Truffaut, jusqu'à "Les Seins de Glace" (1974 - ci-dessous) de Georges Lautner qui reste sans doute le vrai tournant de sa carrière au cinéma où il est enfin remarqué et salué pour sa performance.

Le succès du film "Les Seins de Glace" lui permet enfin d'obtenir des rôles principaux. Il est donc en haut de l'affiche pour des films comme "L'Agression" (1975) et "Attention les Yeux !" (1976) tous deux de Gérard Pirès puis de "Barocco" (1976) de André Téchiné.

Mais surtout, il participe à l'aventure de "Un Eléphant ça Trompe Enormément" (1976) de Yves Robert où il est ami avec Jean Rochefort, Victor Lanoux et . Le succès au box-office est au rendez-vous avec en prime le César du meilleur second rôle. Un succès tel que le film connaît une suite, "Nous irons tous au Paradis" (1977) avec la même équipe et pour un second succès populaire mérité.

S'en suit une période faste pour l'acteur avec une petite quinzaine d'années au sommet. L'acteur tourne ainsi dans "L'Etat Sauvage" (1978) de Francis Girod, "Une Histoire Simple" (1978) de Claude Sautet, "La Guerre des Police" (1979) de Robin Davis qui lui permet de gagner le César du Meilleur Acteur 1980, "La Banquière" (1980) de Francis Girod, et surtout l'acteur connaît un nouveau énorme succès en jouant le papa de Sophie Marceau dans (1980 - ci-dessous) de Claude Pinoteau...

Alors à son apogée, l'acteur enchaîne les tournages en abordant tous les genres avec entre autre "Une Robe Noire pour un Tueur" (1981) de José Giovanni, il incarne "Guy de Maupassant" (1982) de Michel Drach, "Légitime Violence" (1982) de Serge Leroy, retrouve sa fille Vic dans "La Boum 2" (1982) de Pinoteau pour un nouveau succès, puis citons encore "La Crime" (1983) de Philippe Labro, "Le Léopard" (1984) de Jean-Claude Sussfeld, "Détective" (1984) de Jean-Luc Godard, "Les Rois du Gag" (1985) de Claude Zidi, "Les Loups entre Eux" (1985) de José Giovanni et "La Gitane" (1986 - ci-dessous) de Philippe de Broca...

L'acteur joue ensuite dans un film qui offrira une petite polémique avec "Descente aux Enfers" (1986 - ci-dessous) de Francis Girod où comment Claude Brasseur se retrouve amant d'une certaine Sophie Marceau, alors âgée de 19 ans, après avoir été son père finalement peu de temps avant dans le dyptique "La Boum".

Il joue ensuite le rôle titre "Dandin" (1988) de Roger Planchon, joue un colonel dans le polar "L'Union Sacrée" (1989) de Alexandre Arcady, se retrouve à une fête dans "Le Bal des Casse-Pieds" (1992) de Yves Robert avant d'incarner Fouché face à Talleyrand alias Claude Rich dans le magnifique (1992 - ci-dessous) de Edouard Molinaro. Ce dernier film est adapté de la pièce éponyme qu'il joua sur les planches de 1989 à 1991 avec une succès grandiose à la clef.

D'ailleurs le théâtre offre à l'acteur des succès pas moins important, à cette même période on peut citer par exemple la pièce "Le Dîner de Cons" (1993) d'après Francis Veber qui sera un carton tout aussi impressionnant, mais il ne participera pas au film qui sortira quelques années plus tard, remplacé par Thierry Lhermitte.

Pourtant, à partir des années 90 l'acteur ralentit le rythme, les beaux rôles se font plus rares, les films plus rares et moins prestigieux. Citons "Un, Deux, Trois, Soleil" (1993) de Bertrand Blier, "Délit Mineur" (1994) de Francis Girod, "La Débandade" (1999) de Claude Berri, "Toreros" (2000) de Eric Barbier...

Il participe dans son propre rôle à l'hommage "Les Acteurs" (2000) de Bertrand Blier, joue malheureusement dans plusieurs comédies oubliables comme "Chouchou" (2003) de Merzak Allouache ou "Les Parrains" (2005) de Frédéric Forestier, mais aussi dans des rôles de plus en plus communs comme dans "Malabar Princess" (2004 - ci-dessous) de Gilles Legrand, "L'Amour aux Trousses" (2005) de Philippe de Chauveron, "J'Invente Rien" (2006) de Michel Leclerc, voir au sein du joli casting de "Fauteuils d'Orchestre" (2006) de Danièle Thompson.

Une période qu'il met à contribution pour accentuer sa présence à la télévision, entre quelques téléfilms il est surtout le policier "Franck Keller" (2003-2007).

Mais il connaît un regain et une nouvelle vitalité en étant le voisin haut en couleur de Franck Dubosc dans "Camping" (2006 - ci-dessous) de Fabien Onteniente qui est un énorme succès populaire avant de jouer dans le drame familial "Le Héros de la Famille" (2006) de Thierry Klifa et dans l'étonnant et étrange "Sa Majesté Minor" (2007) de Jean-Jacques Annaud.

Il retrouve l'équipe de vacanciers dans la suite "Camping 2" (2010) de Fabien Onteniente, poursuit avec un polar sombre "Légitime Défense" (2011) de Pierre Lacan avec Jean-Paul Rouve qu'il retrouve comme réalisateur dans "Quand je Serais Petit" (2012), tourne encore "Ma Bonne Etoile" (2012) de Anne Fassio, "Le Renard Jaune" (2013) de Jean-Pierre Mocky, retrouve un rôle principal en solo dans le réussi "L'Etudiante et Monsieur Henri" (2015 - ci-dessous) de Ivan Calbérac avant de retrouver une ultime fois ses amis au soleil de (2016) de Fabien Onteniente.

Il tourne une dernière fois pour le petit écran dans "La Minute Vieille" (2015), joue sa dernière pièce dans "L'Indigent Philosophe" (2017) d'après Marivaux, et joue son dernier rôle au cinéma dans l'excellent "Tout le Monde Debout" (2018) de et avec Franck Dubosc, qui passent ainsi de voisins de camping à père et fils.

Claude Brasseur aura écumé plus de 6 décennies de cinéma, mais aussi de télévision et de théâtre pour plus de 90 films au compteur dont quelques gros succès et plusieurs rôles restés dans les mémoires. Malgré ses prestigieux parents l'acteur atteindra le haut de l'affiche après de nombreuses années avec une période particulièrement riche durant la période 1976-1993.

Claude Brasseur était un sportif, à tel point qu'il a été sélectionné dans l'équipe de France de bobsleigh pour les J.O. 1964 il a dû y renoncer suite à un accident violent en 1963, son casque explosant littéralement sous le choc lors d'un entrainement. Il était aussi passionné de sport auto remportant notamment le Paris-Dakar 1983 avec Jacky Ickx.

Un acteur que je rencontra par deux fois, une première en 1999, sans qu'on se parle et dans une situation trop intime pour en parler ici, puis en 2002, aux aurores il me demanda une cigarette (que je n'avais pas) face au n°36 quai des Orfèvres à Paris, Brasseur était en costard noeud papillon défait, classe même à 6h du matin, il sortait d'une soirée cocktail qui s'était éternisée à la Sainte-Chapelle...

Claude Brasseur, acteur populaire dans la grande tradition du cinéma français, nous quitte donc et rejoint ses parents au Panthéon du Septième Art et, dernier des éléphants à rejoindre le Paradis ce jour du mardi 22 décembre 2020 à l'âge de 84 ans.