[CRITIQUE] : I’m Your Woman

[CRITIQUE] : I’m Your Woman

Réalisatrice : Julia Hart
Avec :  Rachel Brosnahan, Marsha Stephanie Blake, Arinzé Kene,...
Distributeur : Amazon Prime Video France
Budget : -
Genre : Drame, Policier, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h00min.
Synopsis :
Dans ce drame policier empreint des années 70, une jeune femme est entraînée malgré elle avec son bébé dans un dangereux périple suite à une bavure professionnelle commise par son mari.


Critique :

Coincé le popotin entre le thriller policier musclé et le drame intime réfléchi croquant l'émancipation d'une Rachel Brosnahan impressionnante, sans jamais vraiment aborder les deux de front, #ImYourWoman est une expérience divertissante même si frustrante et (très) déséquilibrée pic.twitter.com/q2T6qI4xp3

— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) December 21, 2020

Force est d'avouer que l'idée d'un thriller mi-domestique, mi-fuite en avant avec la merveilleuse Mrs Maisel Rachel Brosnahan, vaut pleinement son pesant de popcorn, surtout en ces temps confinés ou la moindre séance originale à des faux airs de sésame télévisé.
D'autant plus qu'ici avec I'm Your Woman - quatrième long de la réalisatrice Julia Hart -, la comédienne y trouve un rôle aux antipodes de sa vive et hyper-verbale incarnation dans la série multi-récompensée d'Amazon Prime Video (mais dont la dernière saison démontre qu'elle ronronne déjà beaucoup trop pour son bien).
Film de genre totalement dépouillé flanqué au coeur des 70's, on suit les aléas de Jean, femme au foyer oligée de prendre la route, bébé aux bras (dit bébé qui n'est pas le sien), après que les manœuvres criminelles de son mari aient mis ses rivaux sur ses traces.

[CRITIQUE] : I’m Your Woman

Copyright Amazon Prime Video


Arrachée de son cocon (un mélange entre un état de desperate housewife et de déni/volonté de ne rien savoir sur les agissements de son mari), elle va devoir apprendre à (sur)vivre seule, et devenir mère par la force des choses...
Sorte de relecture plus sombre du Gloria de Cassavetes avec une pointe de Raising Arizona (l'idée absurde mais assumé avec sérieux, d'un bébé tombé du ciel et donné comme un cadeau surprise, à une mère qui désespérait d'en avoir un), ou l'héroïne va trouver une grâce protectrice auprès de personnes qu'elle n'aurait jamais rencontrées autrement (la dimension raciale abordée avec des nuances puissantes, dans une Amérique post-ségrégation au racisme latent), I'm Your Woman joue constamment la carte de l'instabilité de la tension, tout en n'arrivant étrangement jamais à réellement distillé un parfait de malaise à son auditoire (jusque dans son action férocement mécanique), tant la manière de façonner sa tension et les subtilités émotionnelles sous-jacentes du récit sont trop souvent expliqués ou croqués hors champs, plutôt que pleinement poussées à être ressentis et exposés à l'écran.
Dommage, tant son récit d'émancipation à la dure et sous la contrainte lui, brille de par sa justesse et sa retenue, totalement porté par la prestation impressionnante de Brosnahan.

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Copyright Amazon Prime Video


Engoncé entre le thriller policier musclé et le drame intime réfléchi sans jamais vraiment les aborder de front, Hart qui décide courageusement de mener les deux de front avant de s'écrouler sous le poids d'un effort qui s'émousse (pas aidé non plus par ses deux heures au compteur), I'm Your Woman est une oeuvre divertissante mais déséquilibrée, une expérience frustrante et sans réel attachement dont on ressent constamment le feu ardent du film qu'il aurait pu être avec plus de maîtrise.
Une petite séance modeste et à l'ancienne donc, mais qui aurait pu être bien, bien plus...
Jonathan Chevrier[CRITIQUE] : I’m Your Woman