Oloture (2020) de Kenneth Gyang

Voici un film africain classé dans le top 10 des plus grands succès mondiaux regardés sur Netflix. Un film dit "Nollywood" (Tout savoir ICI !), soit l'équivalent du cinéma du Nigeria à l'instar de Hollywood aux Etats-Unis ou le Bollywood indien car il faut savoir que le Nigeria est tout de même la deuxième puissance cinématographique en nombre de productions après l'Inde malgré son peu de diffusion hors de la région composée du Nigeria et de ses voisins directs. Ce film siglé Netflix donc est basé sur les reportages de la reporter nigérianne Tobore Ovuorie sur les réseaux de prostitution qui partent de Lagos au Nigeria vers l'Italie. L'histoire a été écrite par un collectif composé des scénaristes Craig Freimond qui a signé les films "Beyond the River" (2017) et "Material" (2020), puis Yinka Ogun et Heidi Uys qui ont toutes deux déjà travaillé ensemble sur les films "The Royal Hisbiscu Hotel" (2017) de Ishaya Bako et "Chief Daddy" (2018) de Niyi Akinmolayan co-écrits et co-produits par Mo Abudu qui est également au centre du projet co-produit avec son conjoint Temidayo Abudu. Le film est réalisé par Kenneth Gyang auquel on doit déjà les films "Confusion Na Wa" (2013) et "The Lost Café" (2018)...

Oloture (2020) de Kenneth Gyang

On suit donc Oloture, jeune journaliste qui décide d'infiltrer un réseau de prostitution afin de dénoncer le système et le trafique de travailleuses du sexe qui n'ont souvent pas la moindre idée de ce pourquoi elles sont "embauchées". Très vite, Oloture va se rendre compte qu'elle a mis les pieds dans une mission trop difficile à assumer... Le rôle titre est tenu par Sharon Ooja vue dans "Lara and the Beat" (2018) de Tosin Coker et "Moms at War" (2018) de Omoni Oboli, cette dernière également réalisatrice reconnue joue également dans le film et retrouve ainsi plusieurs de ses acteurs comme Blossom Chukwujekwu, Sambasa Nzeribe et Kemi Lala Akindoju qui ont joué dans "Okafor's Law" (2016) et "My Wife and I" (2017). Akindoju a également joué dans "The Royal Hibiscus Hotel", production Abudu à l'instar du film "Chief Dady" dans lequel joue Beverly Osu. Citons encore Ada Ameh vue dans "30 Days in Atlanta" (2017) de Robert O. Peters, Ikechukwu Onunaku vu dans "The Wedding Party" (2016) de Kemi Adetiba également production Adubu, et Omowumi Dada vu dans "Oga Bolaji" (2018) de Kayode Kasum. Enfin, plus étonnant, précisons qu'on voit dans ce film Patrick Doyle, compositeur de la plupart des films de Kenneth Branagh pour qui il est parfois passé derrière la caméra comme sur "Henry V" (1989), "Beaucoup de Bruit pour Rien" (1993) et "Frankenstein" (1994)... D'emblée l'esthétique du film interpelle et on n'a bien du mal à s'immerger dans l'Afrique Noire du Nigeria tant la photographie est clinquante, voir lisse et sans aspérité.

Oloture (2020) de Kenneth Gyang

Les actrices sont maquillées comme pour un tapis rouge, difficile d'y voir des prostituées issues de la caste pauvre nigérianne et promises aux clients européens. Tout semble trop propre pour qu'on y croit. Dans le style ce "teléfilm" à tout de la télénovela. On a bien du mal à y croire. Surtout dans la première partie très aseptisée, très sage où le plus choquant/énervant/incompréhensible/ agaçant est que cette journaliste est vraiment trop naïve ; la pauvre elle est témoin de prostitution ! De racolage ! De viol ! Elle se fait passer pour une péripatéticienne mais elle pense faire illusion ?! Non mais ?! Allo ! Elle croyait quoi en enquêtant ainsi ?!?! Un tel sujet amène normalement à une certaine violence, un tel récit ne peut passer outre cette violence qu'on sait forcément ignoble et pourtant le film ne montre absolument rien à l'exception notable de 2-3 séquences hors champs. On est touché par le désespoir de ces femmes mais nullement ému car le film ne va jamais assez loin, trop timoré, avec une héroïne qui paraît tout simplement pas à sa place. On ne saurait que vous rappelez qu' il y a bien plus percutant sur ce domaine comme les très bons "Terre Promise" (2005) de Amis Gitaï et "Sex Traffic" (2006) de David Yates. En conclusion ce long métrage fait un peu amateur, trop engoncé dans une sorte d'esthétique mal à propos et manquant terriblement d'audace.

Note :

Oloture (2020) Kenneth Gyang