Mo' better blues

Un grand merci à Elephant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Mo’ better blues » de Spike Lee.

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« C’est ta musique. C’est toi le maitre ! »

En 1969, Bleek Gilliam a douze ans quand il commence son initiation à la trompette. Vingt ans plus tard, il a formé son quintet et joue avec passion. Absorbé par la musique, les concerts et la vie d’artiste, il va peu à peu s’isoler de son entourage, de ses groupies dévouées ou de sa famille, plus rien ne semble compter. Les choses se corsent quand Giant, son impresario, s’endette et met la vie et la carrière de Bleek en danger…

« La vie est courte. Pour réussir à réaliser tout ce que je veux réaliser, il me faut de l’ordre »

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En 1990, Spike Lee est une figure montante du cinéma indépendant américain. Repéré dès le début des années 80 avec son film de fin d’études, il compte déjà trois longs-métrages à son actif et son dernier film en date - « Do the right thing » (1989) - a même été sélectionné pour concourir en compétition au Festival de Cannes. Il faut dire qu’en quelques films, il a su apporter un regard jusqu’ici inédit au cinéma sur la communauté afro-américaine - qui était alors surtout cantonné au cinéma de blaxploitation - sur son quotidien et ses préoccupations. De quoi lui conférer un statut à part au sein du paysage cinématographique américain. D’autant qu’il commence alors à donner à ses films une tournure politique, montrant et dénonçant notamment le racisme et les injustices de la société américaine. Avec en point d’orgue son portrait de « Malcolm X » en 1992. Mais entre deux chroniques sociales dures (« Do the right thing » en 1989 et « Jungle fever » en 1991), il s’offre un film plus léger et plus personnel - le jazz fait d’autant plus partie intégrante de sa vie que son père est musicien professionnel - avec « Mo’ better blues » en 1990.

« Tant que le match n’est pas joué, il n’est pas encore perdu »

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« Mo’ better blues ». Comprendre par là « More better blues ». De l'argot du ghetto qu’on pourrait traduire de façon littérale par « plus de meilleur blues ». Comme une quête impossible d'absolu. Et du blues il est en effet ici question puisque le film suit les tribulations d'un brillant trompettiste à la tête d'un quartet de jazz a succès. Un artiste talentueux et passionné, qui a parfaitement conscience de son talent mais qui demeure en permanence tiraillé par des forces (et des désirs) contraires et, parfois même, contradictoires. Qu’il s’agisse d’amitié (s'affranchir de son ami manager totalement bidon et voler de ses propres ailes ?), de musique (se servir de son groupe pour se mettre soi-même en valeur ou savoir partager la lumière ?) ou de carrière (rester la tête d’affiche dans ce club New Yorkais ou le succès lui est acquis mais où on ne le paye pas à sa juste valeur ou tenter sa chance ailleurs dans des clubs plus grands et plus prestigieux?). Une inconstance permanente symbolisée par les mouvements de caméra autour de son héros qui évoquent un vertige intérieur, mais aussi par les relations qu'il entretient simultanément avec deux femmes totalement opposées, l'une représentant un amour passion et l'autre un amour raison. Mais choisir, au fond, c'est renoncer. Et à défaut de choix, le héros préfère l'inertie en laissant faire le destin. Spike Lee signe ici un film brillant sur la vie, la difficulté de faire des choix et d'assumer leurs conséquences. Avec toujours cette idée qu'il n'y a pas véritablement de mauvais choix du moment que l'on reste ouvert aux autres. Basé sur un scénario formidablement ciselé, mêlant musique, introspection, mélodrame et comédie, « Mo’ better blues » vaut aussi pour son admirable casting, porté par les deux acteurs fétiches du cinéaste que sont Denzel Washington et Wesley Snipes. Une partition sans fausse note, qui swingue formidablement. 

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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un nouveau Master Haute-Définition. Il est proposé en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation par Regis Dubois (auteur de « Spike Lee, un cinéaste controversé ») ainsi que des Bandes-annonces. Un  livret exclusif de Stephen Sarrazin (32 pages) vient compéter avantageusement cette édition.

Edité par Elephant Films, « Mo’better blues » est disponible en DVD ainsi qu’en combo blu-ray + DVD depuis le 7 juillet 2020.

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