Uncle Frank (2020) de Alan Ball

Second long métrage en tant que réalisateur pour Alan Ball, d'abord connu et reconnu en tant que scénariste oscarisé pour le chef d'oeuvre "American Beauty" (1999) de Sam Mendes, et aussi pour être le créateur-scénariste de séries TV à succès avec "Six Feet Under" (2001-2005) et "True Blood" (2008-2014). Pour ce nouveau projet on peut légitimement penser que cette histoire est d'inspiration autobiographique sur l'homosexualité au début des années 60-70. Une thématique pas si souvent traîtée avec ce contexte de temps. On peut citer "Le Secret de Brokeback Mountain" (2005) de Ang Lee, "Harvey Milk" (2008) de et avec Sean Penn, "A Single Man" (2010) de Ton Ford et dans le genre feel-good Movie on peut citer le récent (2019) de Peter Farrelly . Alan Ball est le producteur-réalisateur-scénariste de son film. Ce film, siglé Amazon Prime, a été présenté au Festival de Sundance, puis au Festival du cinéma américain de Deauville où il a obtenu le Prix du Public... En 1973, venant de la campagne profonde de Caroline du Sud, Beth entre à l'université de New-York où elle retrouve son oncle Frank qu'elle apprécie beaucoup et qui lui avait donné un conseil précieux quatre années auparavant. À New-York elle apprend le secret de son oncle, peu de temps avant d'apprendre que le patriarche de la famille avec qui Frank était en froid est mort. Bon gré mal gré, Beth, son oncle et son conjoint musulman parte pour la maison familiale pour les obsèques qui vont forcément être difficiles...

Uncle Frank (2020) de Alan Ball

L'adolescente est interprétée par la jeune Sophie Lillis révélée dans le dyptique horrifique (2017-2019) de Andy Muschietti. L'oncle est incarné par Paul Bettany plus depuis qu'il a été Vision dans les et vu dans "Solo : a Star Wars Story" (2018) de Ron Howard, tandis que son conjoint est joué par Peter Macdissi acteur/producteur et collaborateur de Alan Ball notamment sur la série TV "Six Feet Under" et "Banshee" (2013-2016) ainsi que sur le premier film de Alan Ball "Pureté Volée" (2007). Les parents de Beth sont joués par un duo qui se retrouve après "Bernadette a Disparu" (2020) de Richard Linklater, Steve Zahn vu récemment dans "Blaze" (2018) de Ethan Hawke et Judy Greer vue dans (2018) de David Gordon Green et (2019) de Tanya Wexler, cette dernière retrouve Peter Macdissi après s'être croisés à leur début dans "Les Rois du Désert" (2000) de David O. Russell. Les parents et grands-parents sont interprétés par Margo Martindale actrices de seconds plans omniprésentes de "Jours de Tonnerre" (1990) de à "Les Baronnes" (2019) de Andrea Berloff en passant par "The Hours" (2003) de Stephen Daldry et "Un Eté à Osage County" (2013) de John Wells, puis Stephen Root notamment vu chez les frères Coen avec "O'Brother" (2000), "No Country for a Old Men" (2007) et "La Ballade de Buster Scruggs" (2018). Et enfin, citons la doyenne Lois Smith toujours là après avoir débuté au cinéma dans "À l'Est d'Eden" (1955) de et qu'on verra bientôt encore dans "The French Dispatch" (2020) de Wes Anderson. À noter que la musique, douce et discrète, est signée du compositeur Nathan Barr qui a collaboré avec le réalisateur déjà sur la série TV "True Blood" mais qui est surtout habitué au genre horrifique sur des films comme "Hostel" (2005) de Eli Roth, "Rise" (2007) de Sebastian Gutierrez ou (2020) de Craig Zobel... Le film débute en 1969, pour un prologue âpre où une famille de l'Amérique profonde (pourrait-on dire ?!) fête l'anniversaire du patriarche, individu abjecte et arriéré digne représentant type de la partie américaine qui ont voté pour Nixon et voteront pour les George Bush et Donald Trump. Forcément, le contexte géo-socialo-politique de cette époque n'est pas une sinécure pour un homosexuel d'autant plus vrai quand votre père est ce genre d'individu. Mais l'histoire commence après une ellipse, en 1973, quand la jeune Beth est devenue une jeune femme qui arrive à New-York encore toute engoncée dans ses idées archaïques de "bouseuse", de "redneck" apprend très vite le secret que son oncle cache à certains membres de sa famille.

Uncle Frank (2020) de Alan Ball

Précisons que l'année 1973 n'est sans doute pas un hasard, 1973 étant l'année où l'homosexualité n'est plus considérée comme une maladie mentale ou psychologique. La première partie est plutôt légère, parfois drôle, avec un segment façon feel-good-road-movie durant lequel Beth va apprendre à connaitre son oncle de façon plus intime. Si cette partie est légère on se dit que pourtant le couple a dû souffrir (années 60-70 + homosexualité + conjoint arabe musulman) mais le film survole ce paramètre et se focalise sur la relation entre Beth et son oncle. Le film durcit le ton, se fait plus tragique à partir de l'arrivée de trio dans la ville familiale. L'oncle perd pied, Beth grandit soudain et montre sa maturité et son indépendance d'esprit, les secrets grandissent jusqu'à éclater lors d'une scène absolument déchirante à l'issue de l'enterrement. On frôle le pathos mais le ton est juste et les acteurs impeccables notamment et avant tout le trio de tête. La jeune Sophia Lillis est mignonne en symbole d'optimisme et de tolérance, Paul Bettany est émouvant et Peter Macdissi s'offre la part à la fois tendre et drôle (il reste le ressort "comique"). Jolie photographie en prime, au filtre doucement jaunâtre, associée à la musique rétro sans en faire trop pour une reconstitution pleine de charme malgré le fond du propos. On peut rester perplexe quant à l'utilité des flash-backs, trop explicatifs. Mais l e vrai bémol vient de l'épilogue, à l'happy end trop facile (frère redneck beauf et raciste tolérant d'un coup d'un seul ?!) dans un déluge de soupe au bonheur qui fait du bien mais terriblement faux si vite et si soudain. Dommage... Néanmoins Alan Ball signe un joli film, dans la veine de "Green Book" en un chouïa plus maladroit. Un bon moment.

Note :

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