[CRITIQUE] : Yes, God, Yes

Par Fuckcinephiles

Réalisatrice : Karen Maine
Avec : Natalia Dyer, Timothy Simons, Wolfgang Novogratz,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Drame, Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h17min.
Synopsis :
Durant l'année 2000, Alice, jeune adolescente naïve et sexuellement inexpérimentée fréquente un lycée catholique. Elle y apprend que toute activité sexuelle doit avoir comme but la procréation, sous peine de subir une damnation éternelle. Alors qu'une fausse rumeur circule à propos d'elle et d'un rapport qu'elle aurait eu avec un de ses camarades, Alice n'a d'autre choix que de rejoindre une retraite religieuse. Contre toute attente, c'est dans ce contexte qu'elle découvre sa sexualité.



Critique :

Tendre et perspicace, maîtrisant joliment son ton tout en prenant au sérieux son sujet, #YesGodYes, non sans quelques couacs niveau rythme, est une petite pépite de teen movie qui évite les clichés faciles et désarme par sa sincérité rafraîchissante. Natalia Dyer y est parfaite. pic.twitter.com/3U0SmXL6Zc

— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) November 25, 2020

De tous les nombreux talents mis en lumière par la série Stranger Things, Natalie Dyer est peut-être, à l'instar de Charlie Heaton et Caleb McLaughlin, la comédienne la plus prometteuse, dont les choix on ne peut plus discrets font preuve d'une vraie volonté de s'inscrire dans la durée plus que dans l'immédiateté - comme certains de ses petits camarades de jeu qu'il sera facile de reconnaître.
Après avoir porté sur ses larges épaules le très buzeé court-métrage Yes, God, Yes de Karen Maine, elle est logiquement sa vedette de son extension en long-métrage par la même scénariste - dont c'est le premier passage derrière la caméra -, un teen movie au féminin qui vient, tout comme le récent Booksmart d'Olivia Wilde l'an dernier (et Lady Bird de Greta Gerwig en 2018), donner un bon gros coup de pied dans la fourmilière d'un genre profondément masculin - voire machiste.
Prouvant avec brio que la comédie adolescente et - un brin - sexuelle n'est pas uniquement réservée aux garçons, le film (im)pose joliment sa pierre à l'édifice en poussant le genre à evoluer tout en restant intelligemment ancrée dans ses complexités et ses contradictions.

Courtesy of SXSW


Pleine d'esprit sans pour autant renier son humour, l'histoire suit l'apprentissage sexuelle rocambolesque d'Alice, une adolescente naïve à l'aube du nouveau millénaire (et donc sans internet... pas de bol), frappée par une fausse rumeur au coeur de son lycée catholique hyper prude (" le sexe c'est le mal, et y succomber hors mariage mène à la damnation "), et qui se voit obligé de rejoindre une retraite religieuse, un contexte compliqué ou, étonnamment, elle fera son apprentissage.
Tendre et perspicace, maîtrisant miraculeusement son ton tout en prenant au sérieux son sujet (et sans diaboliser les croyants les plus fervents), Yes, God, Yes, non sans quelques couacs dans son rythme, évite les clichés faciles et désarme par sa sincérité rafraîchissante.
Sans trembler, il incarne un coming of age movie sexuellement positif qui, même sous son enveloppe résolument conservatrice, modélise une saine découverte de soi sans faire monter les enchères avec un humour potache sur les drogues, la consommation d'alcool ou les blagues pipi-caca-prout-prout.
Par chez nous, on appelle ça une sacré réussite (du script malin de Maine à la partition parfaite de Dyer, la justesse transpire à tous les niveaux) mais avant tout et surtout, un excellent premier long-métrage.
Jonathan Chevrier