Adieu les cons

Par Dukefleed
Dupontel en mode punk bobo

Un informaticien chevronné (Dupontel) touché par l’obsolescence ; son boss lui demande de servir de tuteur pour former une jeune pousse destinée à le remplacer. Une coiffeuse (Efira) venant d’apprendre qu’elle est atteinte d’une maladie incurable souhaite retrouver son fils né et laissé à l’adoption alors qu’elle avait 15 ans. Cette dernière confrontée à la machine étatique administrative voit sa quête inaccessible jusqu’à sa rencontre spectaculaire avec l’informaticien en pleine tentative de suicide. Et c’est parti pour un contre la montre pour ce duo d’écorché poursuivi par les forces de police. Ce sont peut-être eux ces derniers les cons du titre ; certainement, connaissant le côté clown punk de Dupontel ; mais pas que. L’auteur revendiquant son amour pour les Monthy Python (Terry Gillian fait même un guest dans le film) s’en prend comme ces derniers dans « Brazil » à l’administration, le monde numérisé peuplé de zombie et donc plus largement à la déliquescence des interactions sociales directes. On retrouve la même attaque réglée en mode conte absurde qu’un autre film du début de l’année avec « Effacer l’historique » ; Dupontel et Kervern/Delepine partagent aussi en commun d’avoir une des filmos les plus singulières du cinéma contemporain hexagonale. Un vent de fraicheur, d’inventivité souffle dans leur œuvre même si ici on est loin du mythique et beaucoup plus caustique « Brazil ». Sur ce 7ème long métrage, Dupontel joue toujours de ses trouvailles scénaristiques et visuelles, d’un montage ultra cadencé pour un rythme effréné et d’une mise en scène riche. Mais dans celui-ci contrairement au précédent (« 9 mois ferme ») qui était une pure comédie, il ajoute à son scénario une bonne touche de mélo. Donc on rit, mais jaune, noir ; et donc rarement franchement jusqu’à un final radical. A la sortie de la salle, je me suis retrouvé un peu paumé voir mal à l’aise ; et aussi un sentiment partagé sur un film entre deux chaises. Le talent de l’auteur dont je suis adepte depuis ses one man show des 90’s est incontestable, mais ce film tourne vite en rond malgré la créativité ; et surtout les piques contre la police sont maladroites sachant que son héros est porteur d’une arme à feu. Un Dupontel est toujours un bon moment de cinéma de qualité, mais celui-ci me laisse circonspect.

Sorti en 2020

Ma note: 13/20