[CRITIQUE] : The Craft : Les Nouvelles Sorcières

Par Fuckcinephiles
Réalisatrice : Zoe Lister-Jones
Acteurs : David Duchovny, Cailee Spaeny, Gideon Adlon, Lovie Simone, Zoey Luna, Nicholas Galitzine, Julian Grey, Michelle Monaghan., ...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Fantastique, Epouvante-horreur, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h35min.
Synopsis :
L'introvertie Hannah arrive dans un nouveau lycée. Elle se lie d'amitié avec trois autres camarades. Les jeunes femmes commencent à pratiquer la magie et invoquent les plus puissants esprits afin de transformer leurs rêves en réalité.



Critique :

Nous te libèrons #TheCraftLegacy de l’emprise du démon opportuniste Hollywoodien, du mal que tu te fais à toi-même et de celui que tu fais au 1er film. Taillé dans le même tissu de fantaisie foireuse que Twilight, le film de Lister-Jones est au mieux risible, au pire navrant... pic.twitter.com/xLvZsaWzbz

— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) October 29, 2020


Dans la catégorie des reboots pas forcément attendu sur le papier, celui du sympathique teen movie The Craft se posait là, surtout que comme un temps annoncé, il n'est pas vraiment un reboot ni un remake, mais finalement une suite, flanquée vingt ans plus tard et... qui n'a pas grand chose à dire finalement.
Sobrement intitulé The Craft : Legacy - The Craft : Les Nouvelles Sorcières par chez nous -, se basant plus sur une accumulation de tweets/publications woke provenant des réseaux sociaux - jusque dans les dialogues -, que sur une vraie écriture construite comme une continuation un tant soit peu légitime de l'histoire originale, un comble quand on sait que le script est le fruit d'une cinéaste compétente, Zoe Lister-Jones (Band-Aid), également derrière la caméra.

Comme si son sortilège ne fonctionnait jamais vraiment, traitant de la sorcellerie encore plus légèrement que Twilight abordait les mythes du vampire et du lycanthrope, le film se voit même finalement plus comme une histoire solo à la Carrie qu'un vrai exercice sur la dynamique de groupe (un défaut déjà lisible dans le premier film cela dit), survolant les maux de l'adolescence avec une pudeur qui fait gentiment toc (une intimidation PG-13, là où la réalité est souvent bien plus tragique et crue, et ce dès le collège), avant de se transformer en un thriller faussement mystérieux dans un troisième acte qui empire encore un peu plus son cas.
Une grosse occasion manquée, tant l'autonomisation d'une poignée de jeunes femmes qui explorent et découvrent leurs pouvoirs tout en essayant de les utiliser de manière responsable, se sent trop vite exécutée par une accumulation fâcheuse de rebondissements faisandés, entre trahison, méchants plus ou moins improbables et une connexion ampoulée au premier film (et que dire de son score ronflant qui plombe le moindre de ses effets ?).
Même dans sa volonté de pointer du doigt les travers d'une société profondément mysogine (l'ensorcellement de Timmy en tête), ou de correspondre à l'adolescence en 2020, cette version 2.0 du film des 90's - à qui elle emprunte ses SFX limités -, le film n'arrive jamais vraiment à passionner ni convaincre un minimum; si c'est une bonne chose de vouloir exploser les normes patriarcales, cela ne veut pas forcément dire grand chose si les personnages au coeur de cette critique (aussi juste soit-elle), sont unidimensionnels et inintéressants.
Si le casting est majoritairement juste (majoritairement hein), et que l'étude de la masculinité toxique fonctionne, tout The Craft : Legacy n'est qu'une combinaison de mauvaise écriture, d'un montage hasardeux et d'interférences sûrement causées par la firme à sa tête (visible dès l'opportunisme même de vouloir taper dans la fanbase réelle d'un petit teen movie sorti il y a 25 ans).
Taillé dans le même tissu de fantaisie foireuse que Twilight, le film de Zoe Lister-Jones est au mieux risible, au pire sévèrement navrant...
Nous te libèrons The Craft : Les Nouvelles Sorcières de l’emprise du démon opportuniste Hollywoodien, du mal que tu fais à toi-même et de celui que tu fais au film original.

Jonathan Chevrier

Pour son deuxième long métrage, l’actrice, scénariste et réalisatrice Zoe Lister-Jones nous livre un reboot du film Dangereuse Alliance (The Craft).
Sorti en 1996, le film de Andrew Flemming continue d’exercer son aura auprès d’un public averti, où une bande d’adolescentes persécutées deviennent de dangereuses sorcières. Près de vingt-cinq ans après, The Craft-Les nouvelles sorcières, écrit et réalisé par Zoe Lister-Jones fait suite au film, en transposant ces histoires de sorcières dans un climat plus politique. Le harcèlement scolaire, les déboires adolescentes ne sont plus au centre des enjeux, bien qu’ils soient toujours d’actualité, pour une histoire axée sur le patriarcat et la puissance sororale face à la domination masculine. Girls club VS boys club.
Le pouvoir reste le thème de ce reboot, mais contient cette fois-ci une question genrée. La magie devient alors une réponse à la violence masculine plutôt qu’une vengeance non réfléchie qui fait appel aux forces du mal. Une bonne idée en soi, qui redéfinit d’une façon positive l’enjeu de ces sorcières en herbe. La magie célèbre le féminin, à l’image des nouveaux personnages, ouvrant un peu plus la diversité dans ce nouveau film avec le personnage de Louvres, membre transgenre du coven (interprétée par Zoey Luna). Les sorts ne font plus le mal, mais rééquilibre l’accès au pouvoir, en changeant le lycéen misogyne en homme conscient des inégalités sexistes, raciales et politiques, qui devient même un membre à part entière du gang. Le personnage de Timmy ouvre alors les questionnements autour de la masculinité toxique, un discours nuancé agréable. Par ces aspects, nous sentons toute la bonne volonté de la cinéaste de palier aux défauts du premier film, ancré dans les années 90 et ses travers. Malheureusement, ce récit woke appréhende difficilement la complexité des personnages qui faisait le sel du film de Flemming et oublie de ce fait la partie la plus importante d’un film : la mise en scène.
Zoe Lister-Jones a du mal à faire décoller son film, faute à une atmosphère fade et à une mise en scène peu inspirée, qui ne met même pas la magie au centre du récit. The Craft : Les nouvelles Sorcières paraît désincarné parce que ses personnages n’ont aucune substance. Lily et ses amies deviennent des héroïnes génériques, sans personnalité, lissées de toute complexité. Les enjeux glissent alors sur elles comme de l’eau, ne les mettant jamais vraiment en danger. Un problème pour un film d’épouvante-horreur, où l’empathie devrait être le moteur du frisson. Nous comprenons le dilemme de la cinéaste, qui n’a pas voulu retranscrire les clichés du premier film sur les personnages. Malheureusement, ces nouvelles sorcières sortent difficilement du lot, aplanit par un scénario désireux de produire de la diversité, non pas pour en faire profiter le récit, mais plus pour cocher un cahier des charges. Nous tenons là le fond du problème de ces reboot, qui veulent donner un ton moderne à des œuvres d’il y a vingt ans ou plus. Car ces films anxieux de rendre un discours politique plus actuel font exactement l’inverse, avec comme résultat des films lisses, dénués d'intérêt où le progressisme du scénario n’est qu’une façade. Pourquoi se fatiguer à rebooter des films, avec la promesse d’une écriture plus fine, plus féministe si c’est pour nous pondre des héroïnes interchangeables, loin de créer une nouvelle mythologie ? La question est posée.The Craft : Les nouvelles sorcières est un énième reboot médiocre, qui veut grossièrement moderniser un film, avec de bonnes intentions nous le concédons. Si on boude pas notre plaisir devant quelques scènes marrantes, le résultat est maigre.Laura Enjolvy