Le Monde de Narnia : le Lion, la Sorcière Blanche et l'Armoire Magique (2005) de Andrew Adamson

Par Seleniecinema @SelenieCinema

En pleine mode où Hollywood a ouvert la porte de l'Heroic Fantasy et consorts, avec les succès des franchises comme "le Seigneur des Anneaux" et "Harry Potter" pas étonnant de voir arriver une collection d'ersatz via des adaptations littéraires plus ou moins inspirées. Disney se lance donc dans une nouvelle franchise espérant surfer sur le genre et rafler autant de millions. Le choix se porte donc sur la saga "Le Monde de Narnia" (1949-1955) de C.S. Lewis,qui a la particularité d'avoir écrit 7 romans mais dans un désordre chronologique ainsi "Le Lion, la Sorcière Blanche et l'Armoire Magique" (1950) est la premier sortit mais en fait le tome 2. Une saga vendue à plus de 100 millions d'exemplaires dans 47 langues différentes. La production et les scénaristes ont donc suivi les romans dans l'ordre de publication. Néanmoins, ce classique de la littérature pour enfants (ou ados) avait déjà connu des adaptations, en série TV (1967), en film d'animation (1979) de Bill Melendez et en téléfilm (1988). La réalisation est confiée à Andrew Adamson connu pour avoir co-réalisé "Shrek" (2001) et "Shrek 2" (2004). Pour ce nouveau film, le scénario est co-signé du réalisateur avec Ann Peacok qui venait d'écrire "In My Country" (2004) de John Boorman, puis le duo Christopher Markus-Stephen McFeely qui venait de signer "Moi, Peter Sellers" (2004) de Stephen Hopkins et qui connaîtront un succès renommé en signant la plupart des "Captain America" (2011-2016) et des (2018-2019)...

1940, la bataille d'Angleterre bat son plein, tandis que leur père est parti combattre, quatre ados sont envoyés chez un oncle lointain afin de s'y réfugié. Vivant désormais dans un grand manoir, les enfants vont découvrir un passage qui ouvre sur un nouveau monde fantastique : Narnia. Les enfants vont alors découvrir qu'ils seraient les nouveaux rois attendus d'après une prophétie pour sauver Narnia de la Sorcière Blanche... Il a fallu auditionner des milliers d'enfants pour choisir les quatre chanceux qui vont interpréter les quatre jeunes héros. Les quatre frères et soeurs sont donc incarnés par William Moseley qu'une directrice casting a recommandé après une audition pour un téléfilm, "Cider With Rosie" (1998) de Charles Beeson qui sera son unique expérience jusque là, Anna Popplewell aperçue entre autre dans "La jeune Fille à la Perle" (2004) de Peter Webber, Skandar Keynes issu d'une dynastie de grands scientifiques qui est apparu en jeune Enzo Ferrari dans le téléfilm "Ferrari" (2003) de Carlo Carlei, puis Georgie Henley jouant la benjamine dans son tout premier rôle. À leurs côtés, un vieil oncle incarné par l'inénarrable Jim Broabent qui en profitera aussi pour intégrer une autre saga encore plus prestigieuse avec "Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé" (2009) de David Yates, une méchante sorcière incarnée par la grande Tilda Swinton qui n'est pas encore la star reconnue qui va gravir encore la colline de Hollywood avec des films comme "Amore" (2009) de Luca Guadagnino et "We Need To Talk About Kevin" (2011) de Lynne Ramsay, puis un allié méconnaissable, lui aussi pas encore la star en devenir, James McAvoy qui va également réellement percer après les films "Le Dernier Roi d'Ecosse" (2006) de Kevin Macdonald et "Reviens-Moi" (2007) de Joe Wright. D'autres stars se cachent derrière certaines créatures en prêtant leur voix, on peut citer Liam Neeson, Ray Winstone, Rupert Everett ou encore Michael Madsen... Avec un budget faramineux de 180 millions de dollars, soit deux fois plus d'un "Seigneur des Anneaux" ou 25-30% de plus qu'un "Harry Potter" (!), Disney montre son ambition et croit fortement au succès de son projet.

Mais évidemment, au vu des autres films à succès du moment Andrew Adamson se doit d'offrir un film à grand spectacle à tous les niveaux. Comme toutes les oeuvres littéraires adaptées, il existe forcément des libertés prises vis à vis du livre mais dans l'ensemble sur ce point on peut dire que le film reste assez fidèle. Le film met un certain temps à vraiment démarrer mais on comprend aussi qu'il faut qu'on nous présente ces quatre enfants ce qui est fait de façon efficace. La première vraie claque du film reste l'apparition de la Sorcière Blanche incarnée de façon impériale par Tilda Swinton, à la fois vénéneuse et charismatique. Au fur et à mesure on apprécie la richesse du bestiaire narnien, des centaures aux félins en passant par les satyres, minotaures et autres créatures on aura rarement vu et voyagé dans un univers habité d'êtres vivants aussi nombreux et diversifiés ; un régal, même si l'importance des effets numériques n'est pas toujours au niveau de perfection qu'une telle production était en droit d'avoir et d'offrir. Mais le film manque pourtant et surtout cruellement de cohérence et/ou de vraisemblance. Les quatre enfants deviennent des combattants en quelques secondes après avoir croisé le Père Noël (?!?!), on se demande constamment pourquoi Aslan a attendu autant d'années pour agir et réagir vu son pouvoir ?! Sur ce dernier point on peut dire qu'il est le Gandalf de Narnia ! Le pire est que les quatre gosses (outre le fait qu'ils sont l'archétype des quatre caricatures de nos progénitures) sont normalement les sauveurs de Narnia mais n'apportent jamais rien de probant : quel talent ?! Quel don ?! Quelle force particulière ?! Car si on comprend bien, qu'il s'agit avant tout d'une quête initiatique, une aventure qui leur permet de grandir et de se préparer à leur vie adulte il manque un temps soit peu de fond et d'épaisseur concernant ces quatre héros qui n'ont pas grand chose pour eux. À réserver aux enfants de moins de 11-12 ans max tant tout est facile et primaire, du Disney pur jus avec sa bonne dose de morale chrétienne (Aslan le messie, le bien et le mal, la résurrection... etc...). Un film qui rapportera quand même plus de 740 millions de dollars au box-office Monde, moins que les franchises sus-citées, mais assez pour mettre en chantier les suites prévues. En conclusion un film avec assez de monstres, créatures et assez de rebondissements pour satisfaire à une séance familiale, sans trop en demander.

Pour info bonus, Note de mon fils de 11 ans :