Black Box (2020) de Emmanuel Osei-Kuffour

Premier long métrage pour le réalisateur-scénariste Emmanuel Osei-Kuffour qui a déjà signé plusieurs courts métrages depuis une douzaine d'années comme "The First Time" (2008) et "Born With It" (2010), mais aussi le premier long métrage pour son co-scénariste Stephen Herman, lui-même réalisateur de quelques courts métrages comme "E.M.M.A." (2014) et "Message Received" (2016). La chance semble vouloir sourire aux deux cinéastes avec ce projet ambitieux siglé de Amazon Prime, ces derniers en plein boom en divulguant plusieurs longs métrages pour concurrencer le mastodonte Netflix. Deux cinéastes prometteurs à en croire aussi la confiance que leur accorde la célèbre boîte de production Blumhouse, firme de Jason Blum derrière bon nombre de cartons du cinéma d'horreur comme "Ma" (2019) de Tate Taylor, "Invisible Man" (2020) de Leigh Whannel et "The Hunt" (2020) de Craig Zobel pour ne citer que quelques-uns des plus récents...

Black Box (2020) de Emmanuel Osei-Kuffour

Un père ayant perdu son épouse dans un accident de voiture et qui a lui-même survécu par miracle, tente de se reconstruire alors qu'il est devenu amnésique. Il ne se souvient plus ni de sa maison, ni de sa petite fille, ni de son travail... etc... Bien aidé par un ami médecin et par une fillette compréhensive et débrouillarde il n'arrive pourtant pas à se souvenir. Un autre médecin lui propose alors une ultime tentative, un projet expérimental de la dernière chance, entre hypnose et machine technologique dernier cri... Le rôle principal est tenu par Mamoudou Arthie dans son premier rôle important après avoir été remarqué dans "The Front Runner" (2019) de Jason Reitman et "Underwater" (2020) de William Eubank. Sa petite fille est jouée par Amanda Christine 8 ans mais déjà une belle expérience dans des séries TV diverses depuis 2016, à l'instar de plusieurs acteurs qui ont surtout fait leurs armes dans le petit écran ou pour des courts métrages comme Tosin Morohunfola vu notamment sans la série TV "Chicago Med" (2015) et Charmaine Bingwa aperçue dans plusieurs séries TV et courts métrages depuis 2013. Citons encore des seconds rôles interprétés par Donald Watkins vu dans (2014) de Tate Taylor et (2018) de Damien Chazelle puis Troy James vu dans "Scary Stories" (2019) de André Ovredal et (2019) de Neil Marshall. Et enfin, la doctoresse est incarnée par la seule "vedette", Phylicia Rashad qui a connu la gloire avec la série TV culte "Cosby Show" (1984-1991) et qu'on a vu récemment dans le dyptique (2015-2018) respectivement de de Ryan Coogler et Steven Caple Jr... Au vu du speech on se dit que revivre des rêves ou des souvenirs n'est pas rare au cinéma, tout ce qui rapport à une certaine réalité virtuelle est un sous-genre en soi, ainsi on se dit que le docteur Lilian Brooks/Phylicia Rashad a dû assurément être inspiré par quelques films pour inventer sa machine. On pense par exemple à "Total Recall" (1990) de Paul Verhoeven, "Strange Days" (1996) de Kathryn Bigelow et sans doute plus encore en imaginant un "Hypnose" (2000) de David Koepp avec un "Real" (2014) de Kiyoshi Kurosawa. Outre l'engin explorateur du subconscient, on constate que la scientifique use également de l'hypnose, presque plus terre à terre, et qui permet aussi d'entrer dans le subconscient et alors on se pose la question : pourquoi avoir besoin de la machine ?!

Black Box (2020) de Emmanuel Osei-Kuffour

Un détail peu important mais qui titille un chouïa. Le début place Nolan/Athie dans son environnement, le sien mais avec lequel il est complètement détaché tant il ne se souvient de rien, même pas de sa fille ! Cette dernière, environ 8 ans, bien qu'adorable demeure beaucoup trop mature et débrouillarde, très peu crédible tant elle est organisée et responsable. Une ado aurait été plus judicieux. Néanmoins, si le début est un peu long il permet une empathie pour cette famille brisée, et on comprend pourquoi ce père sans souvenirs tente le tout pour le tout avec cette expérience. L'histoire débute vraiment avec la première séance, qui nous immerge de façon subtil dans le subconscient sans jouer l'esbroufe mais en instillant un vrai intérêt et un petit suspense qui donne soudain envie d'aller plus loin. Le patient, Nolan, mène son enquête au fur et à mesure qu'il obtient des bribes de mémoires ce qui donne un peu de rythme entre enquête sur le terrain et voyage virtuel. Mais dès lors que le twist est dévoilé, un rebondissement logique mais bien amené, arrive sans doute un peut trop tôt car il retire tout intérêt car ce twist rend tout aussi logique la suite des événements. Il aurait fallu attendre un peu pour écourter le dénouement final. Néanmoins, la montée en puissance est bien gérée même si on ressent une certaine hésitation du réalisateur dans la voie à prendre, simple thriller d'anticipation ou film d'horreur ?! Cette sensation qu'il n'a pas su réellement choisir ne nous lâche plus après le twist, dommage... Surtout que le "croque-mitaine" est parfaitement incarné et fait son petit effet, si il n'est pas innovant il reste tout à fait cohérent au vu de l'intrigue. Niveau scientifique ça reste un peu tiré par les cheveux, mais le côté SF suffit malgré l'ajout de l'hypnose classique qui est un peu antinomique. Malgré tout le scénario dans ses grandes lignes est parfaitement maîtrisé et cohérent ce qui est une gageure au vu du sujet, les acteurs sont excellents même si le personnage de la fillette est plutôt maladroit, et le plus décevant reste l'épilogue, 2mn de trop et surtout qui gâche une intrigue jusque là qui se suffisait à elle-même. Un bon moment malgré ses maladresses et ses hésitations.

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