[CRITIQUE] : Peninsula

[CRITIQUE] : Peninsula

Réalisateur : Yeon Sang-ho
Acteurs : Dong-won Gang, Do-Yoon Kim, Jung-hyun Lee,...
Distributeur : ARP Sélection
Budget : -
Genre : Action, Epouvante-horreur.
Nationalité : Sud-Coréen.
Durée : 1h56min.
Synopsis :
Quatre ans après Dernier train pour Busan, il ne reste que des zombies dans la péninsule. Un groupe de soldats forcés d’y retourner découvrent que des survivants non contaminés se sont regroupés dans une bande bien plus dangereuse que les zombies...



Critique :

Entre un surdécoupage rendant la majorité des scènes d'action illisibles, quand elles ne sont pas plombés par une numérisation digne de la PS2, des choix étranges et un manque total d'ambition, avec le gros bis #Peninsula, Yeon Sang-ho a cette fois-ci quelque peu raté le coche... pic.twitter.com/fy2EM0RIdZ

— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) October 20, 2020

Tous ceux ayant dans l'espoir que ce (très) très attendu Peninsula s'incrive dans la droite lignée de l'oeil racé, de l'action cinétique ou même de l'émotion bouillonnante du Dernier Train pour Busan ou de son méchant prequel Seoul Station, auront décemment le droit de se sentir un tant soit peu flouté par cette suite brisant le carcan du huis clos pour partir vers un regard plus global de la péninsule coréenne blindée de zombies et, plus directement, vers une pantalonnade difficilement défendable, aussi régressive soit-elle.
Porté par l'envie louable - et pertinente - il est vrai, de ne pas jouer sur le même terrain que le premier film, en arpentant celui on ne peut plus casse-gueule de l'actionner/survival apocalyptique, pitch de série B facile à la clé (quatre ans plus tard, un groupe de mercenaires décide de retourner en plein chaos, pour récupérer une grosse somme d’argent coincée dans un camion de transport de fonds), le film de Yeon Sang-ho se perd autant dans sa digestion difficile de ses nombreuses références (coucou Mad Max, New York 1997 ou encore Land of The Dead), qu'une incapacité latente à rendre un tant soit peu convaincante son odyssée zombiesque.
[CRITIQUE] : Peninsula
Sorte de cousin coréen du briton Doomsday de Neil Marshall (au demeurant hautement attachant, même dans ses grosses failures), totalement dénué de personnages mémorables qui pourraient se révéler en plein coeur de l'action (tous sont caricaturaux et jamais vraiment empathique, un groupe de personnages vaguement esquissés se mettant imprudemment en danger par pur cupidité, on est loin des survivants du 1er opus), le dernier effort de Yeon Sang-ho démontre avec fureur l'oubli d'une vérité qu'il avait pourtant intelligemment intégré dans ses précédents efforts : une abondance de références et de scènes jouissives, ne remplaceront jamais une histoire solide.
Alors certes, le fanboy/spectateur facile amoureux de spectacle fourre-tout et foutraque, ne pourra décemment pas ignorer le plaisir purement bis procuré par une bonne plâtrée de courses-poursuites et une convocation de la figure zombie, dézinguer à coups de mitrailleuses ou éclaboussant les pare-brise des SUV lancés à grande vitesse.
Mais entre un surdécoupage rendant la majorité des scènes d'action illisibles, quand elles ne sont pas plombés par une numérisation digne de la PS2, des choix étranges (surtout quand le manque de moyen est plus que criant) et un manque total d'ambition à tous les niveaux, on se dit que Yeon a cette fois-ci quelque peu raté le coche et n'a clairement pas su tirer vers le haut son concept (zéro constat politique ni même humain, des rebondissements artificiels pour faire grimper un brin la tension).
[CRITIQUE] : Peninsula
Certes, le résultat reste bien plus honnête qu'un divertissement ricain fantomatique et boursouflé aux CGI, balancé il y a encore peu dans des salles obscures résolument plus vivantes, et si le but premier est d'incarner un pur plaisir régressif tout droit sortie des 80's, dans un sens, il est difficile de ne pas dire que Peninsula est une petite réussite.
Mais le cinéaste a sans doute voulu viser plus haut qu'un faux pas bis et décérébré, à voir si cela est pleinement une erreur, ou s'il marque douloureusement les limites d'un sympathique et débrouillard faiseur, capable d'un petit miracle avant de s'éteindre... comme Neil Marshall.
Jonathan Chevrier
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