Mulan (1998) de Barry Cook et Tony Bancroft

Par Seleniecinema @SelenieCinema

La récente version en remake en prises de vue réelle avec (2020) de Niki Caro a obligé à revoir le Classique d'animation Disney à l'origine du succès. À l'époque, Disney sort de deux échecs (relatifs aux attentes !) avec "Le Bossu de Notre-Dame" (1996) et "Hercule" (1997) et lance donc un des films qui va ouvrir la voie au box-office chinois, un marché potentiellement gigantesque qui se confirmera bien des années après. Ainsi il est question d'adapter la légende de Hua Mulan (tout savoir ICI !) pour ce 36ème Classique d'Animation de Disney sur lequel une armée de scénaristes va s'atteler. On en retiendra que quelques-uns dont Chris Sanders futur réalisateur-scénariste de "Dragons" (2010) et (2013) mais qui a aussi déjà signé les scénarios de "La Belle et La Bête" (1991) ou encore de (1994) à l'instar de Burny Mattinson et de Joe Grant, ce dernier ayant débuté sur "Blanche-Neige et les Sept Nains" (1939) ! Citons encore Chris Williams qui réalisera plus tard "Les Nouveaux Héros" (2014) et (2016).

À la réalisation deux débutants à ce poste, les animateurs-scénaristes maison Tony Bancroft et Barry Cook... Mulan est une jeune fille espiègle qui n'est pas dans les normes des jeunes à marier au grand dam de ses parents. Mais quand son père doit partir à la guerre combattre les huns, Mulan décide de prendre sa place, de se travestir afin de se battre en lieu et place de son père. Ses ancêtres font appel à un dragon pour la sauver mais ce n'est pas celui auquel ils croient... Faisant abstraction de ce nouveau film, ce film d'animation débute avec toute la magie visuelle qu'on attend d'un Disney, ou presque ! En effet, la fin des années 90 voit arriver au grand galop une certaine firme nommée Pixar qui révolutionne l'animation et notamment avec le contemporain "1001 Pattes" (1998). Soudain "Mulan" paraît juste dépassé, un rien suranné. Et pourtant, l'intégration des plans numériques au sein du dessin classique est bluffant (on pense surtout à la charge des huns juste sublime) et surtout le charme des chinoiseries, l'inspiration des estampes, le graphisme oriental forment un écrin idéal pour ce conte féministe. On peut tiquer sur certains points, comme Mulan qui se vêt de telle façon qu'elle renvoie plus à une geisha japonaise qu'à une demoiselle chinoise à marier ou comme le cheval dont la tête semble sortie de chez "Hercule". On salue pourtant la modernité par certaines facettes, comme une héroïne mature, qui ne minaude pas pour un oui ou un non, sans mièvrerie, tandis qu'on remarquera que ce film est un des rares Disney à montrer la violence guerrière et la mort qui en découle.

Par contre le tout est tout de même gâchée par cette propension agaçante à s'obliger de placer coûte que coûte des chansons ! Marre ! Niaises et surtout inutiles au vu du récit elle parasite complètement le film et ne sert, clairement, qu'à gagner encore plus de billets verts en ventes dérivées comme les CD. Si les chansons sont parfois cohérentes et bien intégrées (pensons à "Blanche-Neige", "La Belle et La Bête", "Le Roi Lion" voir même au pire "La Reine des Neiges !), ici dans un récit guerrier et oriental ces chansons sont tout bonnement horripilantes et hors contexte. Le film se verra offrir une suite directement en vidéo "Mulan 2 : la Mission de l'Empereur" (2004) et ce malgré un nouveau score au box-office mitigé, plus que "Hercule" mais moins que "Le Bossu de Notre-Dame". Disney connaîtra un grand succès après, avec "Aladdin" (1999), mais connaîtra ensuite sa pire période artistique et économique, de "Dinosaure" (2000) à "Bienvenue chez les Robinson" (2007) en passant par "Atlantide" (2001) et "La Ferme se Rebelle" (2004), près de dix années pour la firme aux Grandes Oreilles avant de comprendre que Pixar était la poule aux oeufs d'or ! En tous cas ce film ne sera pas un porte-bonheur pour les deux réalisateur, Tony Bancroft retournera derrière ses écrans et ses planches comme animateur sur des suites et autres métrages secondaires, Barry Cook aura au moins la chance de co-signer hors Disney le très réussi "Mission : Noël" (2011). En conclusion, "Mulan" (1998) en animation est un film très sympa, esthétiquement très plaisant, qui a surtout un bel atout humour (Mushu !) qui fait face à un méchant hyper charismatique. Un bon moment si on excepte les séquences chantées.

Note :

Pour info bonus, Note de mon fils de 11 ans :