Brutus vs César (2020) de Kheiron

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Après le très bon et prometteur "Nous Trois ou Rien" (2015) et "Mauvaises Herbes" (2018), le comédien et humoriste Kheiron change de registre, quittant les thématiques sociales dans des comédies plus ou moins dramatiques pour signer un peplum à la française ! Forcément, un peplum à la française, comique et avec un casting prestigieux ne peut que rappeler un certain "Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre" (2002) de Alain Chabat, mais on peut aussi citer l'inénarrable "Deux Heures moins le Quart avant Jésus-Christ" (1982) de Jean Yanne. On peut penser que la réussite indéniable de la série TV "Kaamelot" (2005-2009) et son adaptation cinéma à venir a dû titiller le réalisateur-scénariste sur un projet de comédie historique. Rien de neuf donc dans ce projet, mais Kheiron n'est pas dénué de talent, et il semble avoir eu les moyens de ses ambitions... Face à la tyrannie de Jules César, un complot fomente de l'assassiner, et pour assouvir ce dessein les instigateurs proposent au fils renié de César, Brutus de participer au meurtre. Mais il y a un soucis de poids, Brutus n'a pas les épaules nécessaires pour assumer un tel plan...

Kheiron incarne lui-même Brutus, tandis que César est incarné par Ramzy Bedia qui joue là dans son 6ème film de l'année (!) même aucun ne restera à la postérité. Le casting allie judicieusement les générations avec les vétérans Thierry Lhermitte vu récemment dans "Joyeuse Retraite !" (2019) de Fabrice Bracq, Gérard Darmon en ce moment en salles avec (2020) de Adrien Piquet-Gauthier et qui était de l'aventure "Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre", Pierre Richard vu dernièrement das "A cause des Filles ?" (2019) de Pascal Thomas. On a aussi une jolie brochettes d'acteurs utilisés à contre-emploi comme Marc Zinga remarqué entre autre dans "Nos Patriotes" (2017) de Gabriel Le Bomin, Youssef Hajdi vu récemment dans Divorce Club" (2020) de Michael Youn et "C'est la Vie" (2020) de Julien Rambaldi, puis des acteurs spécialistes des seconds rôles marquants comme David Salles vu cette année dans "Une Belle Equipe" (2020) de Mohamed Hamidi, et surtout Pascal Demolon qui retrouve l'antiquité après avoir prêté sa voix dans l'excellent film d'animation "Astérix : le Domaine des Dieux" (2014) de Louis Clichy et Alexandre Astier, ce dernier étant aussi créateur de "Kaamelot". Le film fait aussi la part belle aux femmes avec Reem Kherici bientôt à l'affiche de "30 Jours Max" (2020) de Tarek Boudali, Lina El Arabi révélation de (2017) de Stephan Streker, Eye Haïdara vue dans "La Taularde" (2015) de Audrey Estrougo et "Le Sens de la Fête" (2017) du duo Toledano-Nakache, Bérengère Krief qui croise ainsi d'autres comédiens issus de la scène comique à l'instar de Kheiron comme Laura Laune, Issa Doumbia, Jérémy Ferrari ou encore Artus... On s'interroge surtout sur les nécessités d'un tel casting pour un tel projet, d'abord on sait déjà que dans le genre il faut savoir ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre comme en témoigne la déception "Astérix aux Jeux Olympiques" (2008) de Thomas Langmann et Frédéric Forestier

malgré un casting quatre étoiles (toute proportion gardée avec le film de Kheiron !!!), mais aussi et surtout on devine une envie et/ou un besoin irrépressible d'opportunisme médiatique avec une belle brochette de jeunes actrices (féminisme à la mode), un casting essentiellement issu de l'immigration contre-balancé par des acteurs "blancs" mais d'une autre génération, le tout pour offrir un panel calibré et calculé. Oui c'est courant de prévoir vis à vis du public visé, mais à un tel point, à un tel niveau de préméditation c'est rare et peu à même d'apporter un réel sens du naturel et de sincérité. Par exemple, Kheiron est à l'opposé du film "Tout Simplement Noir" (2020) de Jean-Pascal Zadi, au casting quasi intégralement issu de la "minorité visible" mais dont la grosse dose d'auto-dérision compose une partition qui n'est ni manichéenne ni d'une certaine façon, révisionniste. Voir un magrébhin incarné Vercongétorix ou César rien de gênant, rappelons qu'on n'est nullement dans un film historique mais dans une comédie qui normalement cherche à nous faire rire. Par contre, placer le drapeau algérien de cette façon est aussi démago que peu subtil. Ce propos communautariste est très maladroit, on renvoie une fois de plus à "Tout Simplement Noir" (pour ne citer que le plus récent sur ce sujet), bien plus pertinent que cet humour laborieux, fourbe et agressif. Le résultat est que les gags ne fonctionnent jamais, ni rire ni sourire ni même un temps soit peu de bonheur tant on est consterné par tant d'inepties. En conclusion un ersatz ringard qui n'a qu'une qualité, celui de ne durer que 1h25...

Note :