La Vie, C'est Siffler (1998) de Fernando Perez

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Voilà un film classé Art et Essai qui a connu un certain succès, multi-primé dont un Goya du meilleur film étranger 2000 mais sur lequel on ne trouve que très et trop eu d'infos, même sur des sites étrangers. Il s'agit d'une production cubaine, signée de Fernando Perez, connu d'abord pour ses documentaires il s'est particulièrement fait remarquer au niveau international avec son premier long métrage de fiction, "Clandestinos" (1987).

Il co-écrit le scénario avec ses compatriotes Eduardo Del Llano qui a déjà écrit les films "Tropicanita" (1997) et "Hacerse El Sueco" (2001) tous deux de Daniel Diaz Torres, et qui retrouvera Fernando Perez sur "Madrigal" (2007), puis Humberto Jimenez surtout connu comme le producteur de "Amores" (1994)... Bebe a 18 ans, elle est la narratrice de cette histoire où on croise trois enfants issus du même orphelinat qui sont devenus adultes. Ainsi on suit dans la ville de La Havane Mariana danseuse étoile qui collectionne les hommes, Julia, mère de Bébé, doit faire soigner ses évanouissement en allant voir un psy, puis Elpidio jeune musiciel marginal qui tombe amoureux d'une océanographe... Au casting, il y a Luis Alberto Garcia vu entre autre dans "Le sang" (1982) de Luis Ospina, et Isabel Santos vu dans le film français "Retour à Ithaque" (2014) de Laurent Cantet, ces deux acteurs retrouvent Fernando Perez après "Clandestinos". Citons ensuite Coralia Veloz vue dans "Reina y Rey" (1994) de Julio Garcia Espinosa et "Hacerse El Sueco" cité plus haut, puis Rolando Brito vu dans "Primero De Enero" (1984) de Miguel Torres et "Amor Vertical" (1997) de Artura Soto Diaz... Dès les premières minutes, l'orphelinat, la narratrice, le contexte castriste nous place dans un sorte de film choral où des orphelins qui ont grandi sont encore à la recherche d'un rêve, ont encore des fissures à refermer, et surtout on devine bien qu'ils vont se recroiser. Mais on s'interroge vite, d'abord sur la narratrice Bébé dont on sait que très peu de chose jusqu'à la révélation finale. Ensuite on apprend on connaître les trois protagonistes dont le destin est très différent et qui va évoluer de façon étonnante dans le sens où on ne s'attend pas forcément à cette dimension fantastique qui va prendre de plus en plus de place.

Ce fantastique nous emmène petit à petit à cette fin tout aussi surprenante. Mais derrière ces trois récits il ne faut pas oublier que le réalisateur a débuté comme documentariste, et on perçoit donc en filigrane le Cuba sous Castro. Ainsi on voit un pays qui semble en difficulté, mais surtout le cinéaste use du fantastique pour monter la censure et/ou les privations de libertés ; les habitants tombent littéralement comme des mouches quand certains mots symboliques sont utilisés ! Mais justement, le fantastique n'est qu'un prétexte, il ne sert à rien concernant ces trois personnes et leur histoire, il ne sert qu'à matérialiser un pamphlet, à mettre en avant des symboles anti-castriste. Si c'est aussi salutaire que peu subtile, les histoires des trois personnages et leur quête de soi devient presque secondaire. On remarque trop la mise en place formelle (sifflement pour ne pas dire les mots interdits, les évanouissements, les différentes époques... etc...) ce qui nous laisse un peu trop en retrait quant au destin des personnages qui ne sont finalement, eux aussi, que des symboles au propos de fond. Si ce n'est pas une tare ou un réel défaut, le film perd de son côté fable et/ou fiction pour un caractère pamphlétaire trop marqué. Bref, la séance paraît politiquement trop orientée et obstrue l'histoire d'amitié et de destin. Pourquoi pas me direz-vous ?!... Mais la fin, quand Bébé se présente et annonce qui elle est, là il est effectivement tant de quitter la séance...