[CRITIQUE] : La Première Marche

[CRITIQUE] : La Première Marche
Réalisateurs : Hakim Atoui et Baptiste Etchegaray
Acteurs : -
Distributeur : Outplay
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h04min.
Synopsis :
Le 9 juin 2019, quatre étudiants mènent à Saint-Denis la première Marche des fiertés en banlieue. 50 ans après Stonewall, ils imposent le combat LGBT là où personne n’avait voulu l’imaginer. Une immersion trépidante parmi les organisateurs de la pride, banlieusards et fiers. Les enjeux d’intersectionnalité et d’inclusivité des luttes sont clairement posés. Les jeunes militants débordent d’une énergie communicative dans un documentaire plein d’humour et d’engagement, qui inspire une volonté d’unité face aux oppressions. La projection sera suivie d’une rencontre avec les réalisateurs et des membres de l'association organisatrice de la Marche des fiertés en banlieue.
Critique :

#LaPremièreMarche est un documentaire fun, salvateur et très important, ou quand 4 protagonistes ont décidé qu’il était temps de mettre le mot intersectionnel au cœur de la marche des fiertés, ouvrant la voie vers une forme de lutte revendicatrice et pédagogique (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/WEzRM1QxCD

— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) October 13, 2020

Hakim Atoui et Baptiste Etchegaray ont filmé pendant quelques mois l’association Saint-Denis Ville au cœur, qui a organisé la toute première marche des fiertés de banlieue parisienne.

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Quoi de mieux que le cinéma pour véhiculer un acte engagé ? Face aux stigmates des banlieues et aux stéréotypes tenaces des discours politiques sur la communauté LGBTQ+, les deux réalisateurs appellent à l’inclusivité et à la convergences des luttes avec La Première Marche, qui est aussi leur tout premier documentaire. Ils ont donc suivi une association basée à Saint-Denis, tenue par quatre étudiants, qui se sont lancés un pari fou : organiser une marche des fiertés en banlieue, chose qui ne s’était jamais faite jusqu’à maintenant. Le documentaire les suit donc, de leur activité associative jusqu’au jour de la manifestation, le 9 juin 2019, où la fameuse banderoles de l’affiche “banlieusard.e.s et fier.e.s” a défilé dans les rues de Saint-Denis, précédant des milliers de personnes qui ont répondu présent.

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Filmé en caméra portée, le documentaire suit les étudiants au plus près, dans un montage désordonné qui se marie très bien avec le ton du film. Le fond domine la forme et ce désordre est même cohérent avec ce qu’on nous montre : des protagonistes qui essayent, avec des moyens plus que limités, de faire bouger les mentalités. Qu’importe si le résultat est brouillon, tant que le message est clair et compréhensible. C’est d’ailleurs le maître mot des quatre fondateur.trice.s de Saint-Denis ville au cœur, être compréhensible. Pour eux, impossible de changer les mentalités sans pédagogie. Il faut expliquer leur combat, les termes sociologiques employés, car l’acceptation passe par la compréhension. La Première Marche est à l’image des organisateur.trice.s, le film ne s’intéresse pas seulement à l’élaboration de la manifestation mais s’emploie aussi à faire leur portrait. Le documentaire porte leur enthousiasme, leur fougue, et construit petit à petit un véritable pamphlet contre l’ignorance et la haine. Tout cela crée une authenticité sympathique, une fraîcheur de jeunesse, prête à lever le poing et se battre.

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Le documentaire n’hésite pas à montrer l’envers du décor : le peu de réaction à leur conférence, le désintérêt des habitants, la réappropriation des médias de leur démarche avec un discours frileux, visant à les discréditer. Mais nos protagonistes ne se laissent pas abattre. Et quand on les voit atteindre fébrilement le lieu de rendez-vous de la pride, déjà noir de monde, on se dit que ces désagréments valaient quand même le coup. Car il est là tout l’enjeu de cette lutte, montrer que ces revendications ne sont pas vaines. Quand on voit ces belles images des rues au couleur du drapeau LGBT, avec les milliers de manifestants scandant les slogans, on se dit que ces gens n’attendaient que l’appel intersectionnel de l’association pour venir libérer leur voix et leur donner une valeur.

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La Première Marche est un documentaire salvateur et important : quand quatre protagonistes ont décidé qu’il était temps de mettre le mot intersectionnel au cœur de la marche des fiertés et ainsi ouvrir la voie vers une forme de lutte revendicatrice, pédagogique, tout en n’oubliant pas d’être drôle et fun, surtout. 
Laura Enjolvy
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